Envolée
Et du bout de mes ailes, je t’observe, frêle, légère créature dont la musculature transparaît à peine sous ton armure de chaînes. Petite fée, ange damné, ouvre tes yeux d’argent et laisse-toi vivant, épargne ta propre vie, inspire, donne-moi ton avis. Qui veux-tu être, toi petit hêtre donc le cœur brillant va fanant comme une fleur de printemps ? Explique-moi pourquoi tu n’es plus toi, que ton aimé puisse t’aider à avancer, à changer, à exister. Tu me dis que les anges sourient avant d’aller au paradis. Je ne veux pas que tu t’en ailles loin de moi, que tu partes comme ça. J’ai beau tendre la main, je ne vois plus nos lendemains. C’est comme si tu avais tout effacé, tout réinitialisé, sans me demander mon avis. Comme si tu étais déjà partie.
Le ciel est si loin… Il ne veut pas de moi et tu en es témoin. Pourquoi toi ? Pourquoi toi aussi ? Tu m’as laissé à l’abri, tu m’as sacrifié ta vie, tu as choisi. Tu savais que je t’aurais dit non. Tu savais que c’était mon abandon. Je t’aurais détestée si tu m’avais aimé, si tu m’avais consulté. Si tu avais prononcé ces mots désenchantés que je voulais t’entendre murmurer, crois-moi, je t’aurais… Quoi ? J’ai beau parader, jamais je n’aurais pu. Une vie sans t’aimer ne vaut d’être vécue. Je dois bien l’avouer, je suis vaincu.
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