L'angoisse vient après la peur...
Ce n'est pas par habitude que je sors aussi tard de chez moi, mais j'ai vraiment besoin de respirer. Ma fiancé m'a quitté, les factures s'entassent sur la table de la pièce qui me sert de salon, et de chambre. Je n'ai plus de travail, les dettes vont s'accumuler. Mais je ne renonçerai jamais à ce livre. J'ai mis tout ce qu'il me restais dedans en étant persuadé que le monde entier le connaîtra et l'appréciera. Je deviendrai riche et tous voudront de moi; les grands patron d'entrprises, la télé, mais surtout les plus belles femmes de ce monde.
Pour l'instant, je marche dans les rues de Trantor avec mon manteau en laine synthétiques rouge, (le seul de ma maigre garde-robe) ainsi que mon jogging noir qui me sert de pantalon. La lune prend le relai avec le soleil et les réverbères de la ville s'allument tous en même temps. Les mains dans les poches latérales du manteau, et je me recroqueville sur moi-même sans m'arrêter de marcher. Le thermomètre est négatif et j'ai vu plus tôt a la météo qu'il ferait un degré ce soir. Chaques respiratons projette un écran de vapeur quittant ma bouche et mes narines... seules preuves de mon existence. La pluie se met à tomber et l'odeur de la terre mouillée, que j'apprécie tant, me donne, paradoxalement, chaud au coeur. L'humidité s'infiltre dans mes vieilles baskets usées et mes chaussettes prennent l'eau comme ce fameux bateau de l'an 1912. J'accélère le pas et m'éloigne un peu plus de chez moi. Malgré les conditions, je ne veux pas rentrer. Cet air me fait du bien et je compte en profiter. Je croise ce groupe de personnes, courant pour se mettre à l'abri.
-Faites attention à ne pas glisser ! dis-je en criant dans leur direction
Ils ne me répondent pas. Je suis invisible à leur yeux, j'ai l'habitude. Mais lorsque je me suis retourné pour leur parler, une silhouette m'a observé au loin. Je l'ai rapidement regardé, puis me suis remis dans mon axe pour continuer mon chemin. Quelqu'un m'avait scruté j'en étais sur ! Moi, le personnage invisible dont personne ne fais attention. Je ne saurai dire si c'était un homme ou une femme, la forme devait être à une cinquantaine de mètre de moi, dans l'ombre de la nuit, caché derrière le rideau de pluie.
Je repense à mon projet qui ne quitte jamais très lomptemps mon esprit. Les pensées viennent se mener bataille dans ma tête. Quelles fins pour mon livre ? Est-il assez bien ? Va t-il plaire ? Que faire si rien ne marche ? Vendre mon appartement et vivre dans la rue ?
La silhouette revenait dans ma tête et une petite apréhension commençait à se former dans mon estomac. Pourquoi m'observait-elle de loin, dans l'ombre ? Je décide de raccourcir ma balade en contournant le parc par une ruelle plus discrète ou personne ne va. Je serai seul et pourrais rentrer tranquillement.
Pourtant, des pas résonnent dérrière moi. Tandis que mon pouls s'accélère sans que je ne puisse le contrôler, je me retourne... et rien. Il n'y à rien derrière moi. Absolument RIEN. "Arrête d'être parano putain" me dis-je. "Toute façon si quelqu'un me veut du mal, je n'aurai qu'a courir ou me battre...je sais me battre".
Le bruit des pas se fait entendre à nouveau. Mon sang se glace et je peine à faire le moindre mouvement. Ma confiance en moi disparait et plus rien ne se passe dans ma tête si ce n'est ma petite voix qui me dit de courir...et vite ! Une jambe après l'autre. De plus en plus vite. Les pas dans mon dos son noyés par les miens. Je ne perçois plus rien, ma vue se focalise sur un axe, droit devant moi. Je met le pied dans une flaque d'eau qui me glace la cheville et m'innonde la chaussure. Dans cette rue calme et sombre ou les lumières, négligées s'allume par intermitence, ma respiration forte, en rythme avec ma course résonne comme un orchestre. Les pas dans mon dos se rapprochent dangereusement. Je jette un coup d'oeil par dessus mon épaule et je le vois. Je commence à pousser des petits cris de peur qui se transforment rapidement en cri de détresse.
Il me rattrape et me fait trébucher au sol. Mes poignets et mes coudes heurtent d'un coup sec le trottoir, l'homme m'empoigne par le col. Mes boyaux se liquéfient, mes mains tremblent et la douleur de la chute semble inexistante. L'angoisse vient après la peur. Cette angoisse qui supprime toutes nos émotions, toutes nos sensations et qui pendant un instant nous déshumanise. Cette angoisse qui laisse des séquelles jusqu'au dernier souffle de la vie, cette angoisse qui nous fait revenir à l'Homme le plus primitif qui soit. Je ne pense même pas à m'enfuir, mon corps bouge tout seul pour s'enfuir. Je ne pense même plus à crier, ma bouche s'ouvre toute seule. Je rencontre ses yeux. Ils sont d'un rouge profond, le même que celui de l'enfer. Seul mes yeux voit ses yeux, pas son visage, pas son corps...ses yeux. Qui est-t-il ? Que veut-il ? Je me sens si impuissant et commencer à sentir la mort arriver.
Des cris se font entendre au bout de la rue. Les yeux rouges prennent peur et s'éloignent de moi aussi vite qu'ils sont apparu. Je me relève comme un ressort et coure le plus vite possible. Je veux seulement rentrer chez moi, tourner la poignée de ma porte d'entrée, me jetter sur le lit et pleurer.
C'est à bout de souffle que j'accède à ma porte. Je jette les clé sur la table,et vérifie les pièces par précaution. Un mot est laissé sur ma table. Ecrit maladroitement, je peux lire: "Je ne te lâcherai pas".
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