Échappée Belle
Cela fait longtemps que je cours. Quelques gouttes de sueur, perlant depuis mon front, atteignent la comissure de mes lèvres. C’est salé. J’ai soif.
Je sais que c’est un défaut, mais quand je cours je n’arrive plus à m’arrêter. Le bruit du vent dans les arbres, le chant des oiseaux sur les branches, tous les sons de la forêt forment une joyeuse mélodie qui me pousse toujours plus loin, toujours plus vite.
Alors je ne m’arrête pas. Je caresse les herbes hautes du revers la main, je sens les cailloux rouler sous mes chaussures, je frissonne au contact du soleil, mais avant tout, j’avance.
J’avance jusqu’à ce que je sente l’odeur des primevères, tous les parfums de fleurs qui se mélangent, et puis je fais une pause, des fois, à l’ombre d’un cerisier pour sentir les fruits en fleur.
Finalement, j’arrive au petit lac, dans le bois. La vue est magnifique. J’ai beau connaitre par coeur l’endroit, je suis toujours subjuguée par les reflets de l’eau, par la forme des nuages, par cette luminosité intense et magique concentrée en un même lieu. Cela semble irréel.
Je suis bien mieux ici qu’en ville, enfermée dans un immeuble, l’air lourd de pollution. Vraiment, je l’ai échappé belle.
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