Chapitre 2
Je vais mieux. Ma main droite bouge un peu. Une ergothérapeute vient tous les matins me faire faire de l'exercice. Je peux déjà broyer des noix avec seulement deux doigts. Leur odeur me soulève le cœur.
Toujours ces voix dans ma tête. La psychologue prend le relais, les psychiatres boudent le département où je gis. Ce n'est pas de leur ressort, arguent-ils. Pourtant, ce serait payant pour eux. La psy, rémunérée par l'État, se contente de me remettre le Guide de l'implanté, que j'aurais dû lire avant l'opération. Je devrais y trouver des réponses, si seulement je pouvais ouvrir les yeux. Un doute persiste dans mon esprit embrumé des miasmes du dépotoir que j'ai évacué. J'essaie de rester calme.
Je ne mange toujours pas. Ce dégoût. Les odeurs se précisent, mais n'en sont que plus écœurantes. L'infirmière de jour : pain brun, café en poudre, lait 1 %, poudre et pipi de bébé, rien que du banal. L'ergothérapeute : pas mieux. C'est même pire si on ajoute le mélange de fragrances synthétiques dont la composition tourne en boucle dans ma tête pendant qu'elle dépose dans ma paume des noyaux d'avocat à écraser.
J'essaie de dormir. Latex, coton hydrophile, javellisant, sueur, savon neutre. J'ai droit à la formule complète de chaque élément qui compose l'homme d'entretien et sa serpillière. Je me réveille avec tout ce que j'ai inhalé durant la nuit prêt à être vomi.
Quelque chose ne va pas.
***
Annotations
Versions