Chapitre 21
PDV Steve McGarrett
Matt et Danny étaient de vrais amis. Ils étaient de la famille. Ils m’avaient tendu leurs mains. Sans eux, je serais probablement encore au fond de ma baignoire. L’état de Rébecca m’affectait énormément. Je ne l’avais avoué à personne, mais la mort de Wyatt m’avait profondément marqué. Je ne l’ai pas connu longtemps, il n’était qu’une connaissance mais il faisait partie des personnes qu’on ne pouvait oublier. Il avait toujours pris soin de Becca et il lui avait sauvé la vie. Je redoutais le moment où elle se réveillerait et où je devrai lui annoncer la mort de son ami. C’était l’une des raisons pour lesquelles je n’étais toujours pas allé lui rendre visite à l’hôpital. Puis ensuite, j’ai commencé à noyer mon chagrin et mes regrets dans l’alcool. J’avais trop honte de moi et ne voulais pas qu’elle me voie dans cet état. Il était temps pour moi de me reprendre en main. Au départ, je m’étais forcé à les suivre sur cette nouvelle affaire uniquement pour leur faire plaire. Puis, finalement, mes sens, mon instant, ont repris le dessus. J’étais à nouveau moi-même. Steve, le frère, l’ami, le patron, le flic. Mon travail était mon remède, et mon équipe en faisait partie. À la suite de cette première journée d’enquête, il était temps pour tout le monde de rentrer se reposer. De mon côté, à ma demande, les gars m’avaient déposé devant l’hôpital. Je devais affronter la réalité.
Il était passé vingt-et-une heures lorsque je traversais les couloirs bleu ciel, monotone et identique de l’hôpital. D’un pas traînant, je me rapprochais d’elle. Au fur et à mesure, j’eus l’impression de retrouver un peu de ma vitalité. Je franchissais les derniers mètres d’un pas pressant, attiré par le besoin de la voir. Mes mains devinrent moites et les battements de mon cœur s’accélérèrent. Je dus m’y reprendre à deux fois pour abaisser la poignée de la porte de la chambre 156. La pièce nageait dans la pénombre de la nuit. Seul l’éclat de lune se faufilait entre les lames des stores et venait se poser sur le doux visage de ma bien-aimée. Je m’approchais lentement du lit. Même si elle était toujours dans le coma, être à ses côtés, pouvoir la toucher, me donnait en partie l’impression de revivre. Je regrettais de ne pas être venu plus tôt. Je m'asseyais sur le bord de son lit. De la main gauche, je serrais délicatement sa main. De l’autre, je caressais tendrement sa joue. Elle me manquait terriblement. Je me remémorais son rire, la façon dont ses yeux se mettaient à briller lorsqu’elle posait son regard sur moi, son sourire. J’aimais sa ténacité, sa passion, sa fougue, mais aussi ses faiblesses et sa délicatesse. Elle avait déjà tellement souffert avec la mort de son équipe, de son mari et de sa fille. Les larmes s’invitèrent et se mirent à couler tel un torrent de tristesse, de peine et de douleur. Je posais ma tête sur son ventre pour laisser libre cours à mes émotions.
« Pardonne-moi mon amour ! Excuse-moi de ne pas être venu plus tôt ! C’était trop dur ! avouais-je entre deux sanglots. Tu ne peux pas savoir à quel point je m’en veux ! Je n’ai pas su te protéger d’Ezra et à cause de ça, tu as fini ici dans le coma ! Et… et Wyatt… et Wyatt est mort ! m'effondrai-je un peu plus davantage. »
Lorsque je relevais la tête, je remarquais que je n’étais pas le seul à pleurer. Une larme perlait sur la joue de Rébecca. Elle m’écoutait. J’essuyais tendrement sa joue lorsque la porte de la chambre s’ouvrit sur mon ami Tobby. Il avait une sale tête lui aussi. Je me levai pour lui faire face.
« Euh… Excuse-moi de te déranger Steve ! Je peux repasser un peu plus tard si tu veux !
— Non ! Vas-y ! Je te laisse t’occuper d’elle !
— En fait, c’est toi que je suis venu voir !
— Moi ? répétais-je, incrédule.
— Ça concerne Rébecca mais…
— Rébecca ? le coupais-je, soudainement très inquiet. Quelque chose ne va pas ?
— Oh là ! Calme-toi ! rigola-t-il. Tout va bien ! me rassura le médecin. Ça la concerne bien mais ça te concerne aussi ! À sa dernière prise de sang, on a remarqué que son taux d’hormones HCG était élevé ! On lui a fait d’autres examens pour en être sûr et… s’interrompit mon ami.
— Et ? Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est grave ? m’inquiétais-je.
— Steve !
— Oui ! Quoi ? lui répondis-je, frustré de ne pas savoir où il voulait en venir.
— Tu vas être papa ! m’annonça-t-il le sourire aux lèvres.
— Mais… je… »
Je me laissais tomber sur le siège derrière moi, digérant la nouvelle. La tête entre les mains, de nouveaux sanglots éclatèrent. Il s’approcha de moi afin de me réconforter.
« Hey ! Ça va aller !
— Je vais être papa ! relevais-je la tête, des larmes de joie dévalant le long de mes joues. On va avoir un bébé ! »
Je posais un regard empli d’amour sur la femme que j’aimais. Tobby était vraiment heureux pour nous. Après quelques minutes de silence, Tobby prit la parole, me faisant certaines révélations.
« Je ne te l’ai jamais dit, mais je n’ai jamais vraiment aimé Catherine ! me confia-t-il tout en s'asseyant sur le bord du lit de sa patiente. Vous vous aimiez, ça je peux te l’accorder ! Mais… je ne sais pas… j’ai toujours eu cette impression que ce n’était pas celle qui te fallait ! Et je peux te confirmer aujourd’hui, en te voyant au côté de Rébecca, que c’était bel est bien le cas ! Avec Catherine, tu n’as jamais été aussi heureux que tu ne l’ais avec cette femme ! continua-t-il, tournant son regard vers Rébecca. Dès que je l’ai vu, j’ai su ! Vous êtes deux âmes brisées, qui une fois réunies, ne forment plus qu’une seule et même âme ! Je sais que ce que je te dis est un peu fleur bleue et ridiculement niais ! Mais je te considère comme un frère ! Ce bonheur, tu y as le droit et tu le mérites ! »
Je n’avais jamais vu cette part de lui avant aujourd’hui. Ses paroles m’avaient cloué sur place. Je le remerciais d’être là pour moi et de m’aider à avancer.
« C’est à ça que servent les amis et la famille ! ajouta-t-il, compatissant. »
Tobby s’était relevé et s’apprêtait à reprendre son service lorsqu’il s’arrêta devant la porte.
« Elle finira par se réveiller ! m’affirma le médecin. Ce n’est plus de notre ressort ! C’est désormais à elle de franchir le pas pour revenir ! Et maintenant, elle a une raison de plus de le faire ! »
Je le remerciais une dernière fois avant de le laisser retourner travailler. De mon côté, je rapprochais le fauteuil du lit et je m’y installais comme je pouvais. Ce n’était pas l’idéal mais je devrais m’en contenter pour le reste de la nuit. La nouvelle m’avait laissé sur un petit nuage. Après cette journée sacrément éprouvante et chargée en émotions, je ne mis pas longtemps avant de m’endormir.
Le lendemain matin, au lever du soleil, j’appelais un taxi. Je partis de l’hôpital non sans déposer un baiser sur le front de Rébecca au préalable. Avant de me rendre au QG, je passais chez moi me doucher et me changer. Sous l’eau chaude et relaxante, je me remémorais la nuit dernière. Je n’arrivais pas encore à réaliser que j’allais devenir père. Mais j’étais heureux. Je me remémorais soudainement le rêve que j’avais fait où je m’étais vu en présence de Rébecca. Nous avions un enfant, nous venions de nous marier et nous attendions un deuxième enfant. Je me demandais si ce rêve était prémonitoire. Pour le moment, je ne voulais l’annoncer à personne. Je préférais attendre un peu. Je voulais d’abord le partager avec Rébecca.
Au bureau, je fus le premier arrivé. En mon absence, les gars avaient su gérer parfaitement la maison. Les enquêtes bouclées avaient été menées d’une main de fer comme si j’avais été présent avec eux. Cette nouvelle enquête m’inquiétait un peu. J’avais de mauvais pressentiments concernant l’enlèvement de cette mère et de son fils. Je relisais encore et encore les différentes dépositions des témoins. J’examinais et repassais en revue tous les indices récoltés jusqu'à ce jour, ce qui signifiait pas grand chose. Je poussais un soupir de frustration. C’était ce que je détestais le plus dans ce boulot, faire du surplace. Les heures avaient défilé à vue d'œil et le reste de l’équipe était arrivé au compte goutte. En fin de matinée, je reçus un appel du gouverneur Denning au sujet de l’évasion d’un prisonnier. Ce même prisonnier qui était le mari et le père de nos deux disparus. J’avais comme l’impression que mes pressentiments devenaient de plus en plus fondés.
Concernant cette évasion, nous découvrîmes dans un premier temps, que deux gardiens de la prison d’Halawa avaient été tués et dépouillés de leurs uniformes. Deux individus avaient pris leur place. Grâce aux caméras de surveillance, nous remarquâmes que ces deux hommes n’étaient pas là pour aider Coben Makeno mais plutôt pour le forcer à s’évader. Ils l’avaient fait sortir par un conduit qui s’était révélé être en réalité un vieux passage secret aboutissant sur un vieux bunker de la seconde guerre mondiale. Malheureusement, nous n’étions pas au bout de nos surprises. Ce bunker donnait sur une vaste forêt et la ville n’était seulement qu’à une vingtaine de kilomètres. À cette heure, nos suspects et Makeno pouvaient être n’importe où. Ils auraient pu emprunter n’importe quelles directions. Nous avions appelé en renfort des chiens policiers pour nous aider à retrouver leur trace.
Nous les avons suivis sur une bonne dizaine de kilomètres. Par moments, j’apercevais du sang sur des feuilles ou sur un tronc d’arbre. Nous allions dans la bonne direction. Avec Coben qui était blessé, ils devaient être ralentis. Malheureusement, nous venions d’atteindre l’extrémité de la forêt et ils étaient toujours introuvables. Ils avaient réussi à arriver jusqu'en ville. Il était temps de lancer un avis de recherche pour nos trois individus.
Une demi-heure après, alors que je venais de finir de donner toutes les informations pour les avis de recherche, Matt reçut un appel de son beau-frère, Mark. Au vu de la tête que faisait Matt lorsqu’il décrocha, quelque chose se passait et ce n’était rien de bon.
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