Suite au carnage auquel ils avaient assisté à Vienne et auquel ils avaient échappé, Yanz et Marianna avaient pris la direction de la ville de Presburg. Là bas, il avait encore espoir d'y retrouver la tranquillité dont il avait besoin pour se remettre de ses émotions. La démone, elle souhaitait surtout pouvoir s'isoler avec le jeune homme, pour enfin pouvoir passer un vrai moment intime. Maintenant qu'elle lui avait fait prendre conscience qu'il ne pourrait éviter cette situation, elle était de plus en plus frustrée qu'ils ne l'aient pas encore fait dans un lit ou en pleine nature. Bien qu'elle comprenait que le problème venait d'ailleurs. Elle le savait brisé moralement, voyant bien qu'il se refusait même à parler. Même quand elle le taquinait pour l'énerver, il n'avait aucune réaction envers elle. Après plusieurs jours de marche, durant lesquels Yanz préféra porter la diablesse sur son dos plutôt que de lui céder, ils arrivèrent enfin à la ville recherchée.

La cité était intacte malgré les zombies qui tentaient d'y rentrer, et que les deux voyageurs avaient su éviter sur leur chemin. Ses défenses tenaient bon, mais pour combien de temps encore ? S'approchant sans bruit pour ne pas rameuter les cadavres ambulants aux alentours, Yanz se stoppa soudainement. Comment faire pour entrer avec Marianna et son apparence démoniaque? À Vienne, avec la panique et le carnage, personne n'avait fait attention à elle. Mais là, la situation était différente. La succube se pencha alors à son oreille pour lui parler :

- Tu sais, si vraiment tu m'avais bien utilisé, tu pourrais passer sans problème. Marianna facilement pouvoir se transformer en femme normale.

À peine avait-elle avoué cette petite astuce qu’Yanz s'emporta contre elle, la plaquant furieusement contre un arbre. Sortant enfin de sa mélancolie, il ressentait une forte colère contre Marianna, qu'il ne pouvait réprimer, malgré le danger d'élever la voix.

- Toi ! Depuis le début tu aurais pu ! Pourquoi ne pas l'avoir fait alors ?

- Mais t'es bête ou quoi ? T'écoutes donc pas ta Marianna ? Lui faut de l'énergie pour utilisé ses trucs de vilaine fifille.

- Encore cette histoire ? Tu vas me dire que si je veux rentrer en ville je n'aurais pas le choix ?

- Exactement ! Faut embrasser ta Marianna, la câliner, la caresser. Lui passer dessus, la prendre, puis la retourner et la....

- Stop ! J'en ai assez entendu. Je te hais toi et toutes tes manigances ! Tu ne fais que m'empoisonner la vie de puis le premier jour où je t'ai rencontré. Quelle poisse de ne pouvoir te supprimer !

Yanz ne savait pas pourquoi il avait dit ça. Après tout, avec le recul il avait bien compris que même si la succube était son fardeau désormais, elle n'était pas responsable de ses malheurs. Ce n'était pas elle qui avait tué sa famille, fait marcher les morts, ou avait provoqué le carnage de Viennes. Pourtant, il bouillait de rage. Il sentait ses veines se gonfler, son rythme cardiaque s'accélérer. Et surtout, des envies de trancher, pas que les zombies, mais tout ce qui pouvait le déranger, y comprit la diablesse malgré les conséquences pour lui. Mais les lèvres de Marianna, à qui il ne faisait plus attention, vinrent se poser sur les siennes, les bras de la créature l'enlaçant tendrement. D'un coup, il sentit toute sa fureur l'abandonner, comme la jeune femme l'avait aspiré d'un long baiser langoureux. Une fois redevenu calme, il se mit à plonger son regard dans le sien, une lueur de tendresse dans ses yeux. Il dut admettre une chose qu'il se refusait : il avait peut-être plus besoin d'elle qu'il ne l'aurait imaginé. Après avoir bataillé ferme avec elle pour lui faire porter une robe décente récupérée sur leur trajet, elle prit la forme d'une jeune femme ordinaire. Ils purent enfin entrer en ville par un accès libre de tout danger. Une partie étant abandonnée par la population se réfugiant dans un second mur d'enceinte entourant un centre-ville surélevé, ils purent se trouver une petite maison déserte, mais encore en état de les accueillir, à l'architecture pauvre en toit de bois délabré comme la plupart des habitations des quartiers défavorisés de la cité.

Le problème, ce fut que la demeure ne comportait qu'une seule chambre à l'étage, et Yanz redoutait bien plus une nuit en compagnie de Marianna que d'affronter une horde de morts-vivants. La succube lui donna bien vite raison, le collant et l'enlaçant tendrement tout en commençant à l'embrasser dans le cou. Elle ne voulait surtout pas le laisser replonger dans mélancolie, et elle était persuadé qu'elle ne pourrait que l'aider en agissant ainsi. Ce dernier, bien qu'ayant du mal à ne pas être tenté face à la diablesse sous sa forme humaine, n'était cependant pas à l'aise à l'idée de ce qui l'attendait, et il repoussa la succube. Celle-ci se mit à bouder et à le lui reprocher.

- Pourquoi ? Ta Marianna fait l'effort de se montrer gentille et très jolie ce soir. C'est vilain de faire ça.

- Je n'en ai pas la tête à ça, c'est tout. Arrête de harceler comme ça !

- Menteur. Marianna a bien remarqué la bosse sous ton pantalon, elle voit que tu as très envie d'elle. Je suis sûr que c'est parce tu sais pas comment faire, avoue.

- C'est faux ! Je connais très bien ces choses-là. C'est juste que je ne veux pas.

- Ho, c'est très très vilain de pas dire la vérité. Mais rassure-toi, ça sert aussi à ça les Marianna. C'est pas grave si tu l'as jamais fait, Marianna être très très douce. Elle va te montrer comment on fait.

- T'es complètement folle ?

Mais pas du tout, je fais juste ce qu'il faut pour t'apprendre. Tout d'abord faut enlever tous les trucs moches qui gênent sur toi. Ensuite, tu déshabilles ta Marianna, comme ça elle pourra s'occuper du reste pour toi.

Voyant, le jeune homme hésiter encore, la succube l'allongea sur le lit et prit les devants sans qu'il ne puisse la repousser. Elle finit d'enlever ses vêtements, pour ensuite retirer délicatement de ceux Yanz tout en se frottant à lui. Cette fois-ci, rien n'aurait pu les interrompre, et contre toute attente, il se laissa faire par la diablesse. À la fin du petit jeu nocturne de Marianna, celle-ci s'endormit paisiblement contre lui tout en ronronnant de satisfaction. Lui, il fut surpris du résultat. Cela n'était pas aussi terrible comme épreuve tant il y avait pris beaucoup de plaisir. Même s'il lui avait cédé, il n'avait pas de regret, car il savait que cela devait arriver tôt ou tard. Mais à son réveil, il était étonné de ne pas trouver la jeune femme coller à lui, et de voir que celle-ci n'était plus dans la chambre. Voulant s'assurer qu'elle ne lui préparait pas un mauvais coup, il se mit à la chercher.

Quand Yanz arriva dans les cuisines, il fut surpris par ce qu'il y trouva. Marianna avait anticipé l’appétit du jeune homme, et elle l'avait devancé en lui faisant maladroitement un petit déjeuner pour deux. Mais après le repas, il eut besoin de vérifier une chose qui l'avait déjà inquiété la veille. Pour ça, il eut la chance de trouver une salle de bain dans la maison, avec la présence d'un miroir. Quand il se déshabilla pour se laver, il remarqua dans la glace que le pentacle sur son cou avait pris du relief, et que d'étranges stigmates ayant la forme de symboles lui étant inconnus étaient apparus sur son torse. De plus, ses yeux d'un beau bleu saphir tiraient vers une couleur rouge sang, et il remarqua que ses ongles avaient poussés en pointes et s'étaient durcis. C'était la première fois, depuis qu'il avait quitté son manoir, que Yanz avait pris le temps de faire attention à son apparence, et il ne remarqua alors ces changements qu'à ce moment-là, ne pouvant dire depuis quand ils s'étaient faits.

Envahi par la panique face à cette situation, il se rhabilla rapidement et fonça dans la chambre pour y réveiller Marianna partie se prélasser, espérant que celle-ci ai une explication à lui donner sur ces étranges marques. Quand il tira la couverture, il aperçut elle avait repris sa forme démoniaque afin d'économiser son énergie. En observant de la tête aux pieds, la succube qui dormait encore, Yanz comprit alors que la transformation dont il était victime n'était pas une hallucination. Ne faisant jamais attention à l'apparence de Marianna, il n'avait pas remarqué plus tôt que celle-ci avait elle aussi évolué, mais très légèrement. Ses ailes avaient grandi depuis la première fois qu'il l'avait regardé.

Yanz se demanda alors si les changements qu'il avait subis n'étaient le fruit d'un nouveau mauvais tour que lui aurait joué Marianna. Cependant, quand il se décida à réveiller la succube pour lui réclamer des explications, elle se défendit alors de toute responsabilité concernant cette situation. Yanz aurait pu mettre en doute la parole de la diablesse comme pour le reste de ses excuses, mais cette fois-ci il crut immédiatement la succube en voyant l'incompréhension sur son visage, quand le jeune homme lui raconta ce qui lui était arrivé, et la surprise dans la voix de la démone lorsqu'elle lui avoua ne vraiment rien savoir. Pourtant, le fait que Marianna soit étrangère à ces changements ne rassura pas Yanz, mais au contraire cela l'inquiéta encore plus. Pour lui, cela signifiait que d'autres raisons, lui étant inconnues, étaient à l’œuvre dans cette histoire. Désormais, en plus de tenter de survivre aux zombies, il devrait donc essayer de trouver une explication au nouveau malheur qui le frappait.