La rage et les coups
« J’ai peur, Neige ! »
Réfugiée dans les bras de son nevian, la petite fille tremble de terreur. Elle sent le sol vibrer à chaque impact sur la porte comme si elle était prise d’assaut par un monstre terrifiant. Et les hurlements de rage de son père, presque inhumains, renforcent cette terrible impression.
Il était devenu plus méchant, chaque jour un peu plus. Neige avait essayé de lui épargner tout ça, en la divertissant, mais elle avait vu ces cachets que prenait Franck. Dans un premier temps ça le faisait dormir et il avait même l’air heureux, mais quand il se réveillait, il avait ce regard monstrueux.
Un autre coup fait sursauter l’enfant, sa peluche l’enlace pour essayer de la réconforter. Les coups sont plus secs et ont un étrange bruit métallique : de toutes évidences, il n’y va plus à main nues.
Dire que sa mère est quelque part dans une autre pièce, branchée à de nombreux câbles, la conscience qui vogue dans des histoires qui n’ont plus rien de réel. L’enfant espère qu’elle se réveillera bientôt pour le calmer.
Mais Neige sait que ce ne sera pas le cas : s’ils sont tout deux retranchés dans cette chambre, c’est parce qu’il l’a vu penché au-dessus de Sabrina, les mains pleines de sang et de morceaux de verre.
Un ultime coup et la porte s’enfonce de plusieurs centimètres avant céder, il a la rage dans les yeux et le pied central de la table du salon dans les mains.
« C’est de ta faute Myla ! Toi et saloperie de maladie incurable ! »
L’accusation transperce le cœur de l’enfant, mais alors que l’homme s’avance vers sa fille, la créature blanche s’interpose dans une posture agressive, les poings serrés. Une puissante frappe part et Neige vole à travers la pièce, rebondissant contre un mur avant de retomber au sol. Myla hurle et charge l’agresseur, elle est reçue par un autre coup, l’ultime coup.
Toujours dans cet état second, le monstre relève de façon absurde sa masse improvisée pour l’abattre à nouveau sur la petite fille. Mais Neige est déjà de retour et en quelques bonds, il s’est saisi de l’arme. Malgré les drogues, l’homme perd sa prise et le chevalier en fourrure blanche le désarme avant de lui retourner une puissante volée en pleine tête.
Ce qui fut Franck, s’effondre au sol, le crâne ouvert.
Neige lâche l’arme et se jette aux côtés de son amie. Oscultant l’enfant, il ne peut que se résigner : la nuque brisée, le crâne fêlé, plus aucun souffle ne se fait entendre, plus aucun battement de son cœur. La peluche se lève, portant la fillette dans ses bras et pousse un cri de tristesse qui déchire le silence nouvellement installé.
Dans son esprit, les idées s’enchaînent et l’intelligence artificielle, libérée de ses obligations, déclare la fuite préférable. Neige dépose Myla sur son lit et la borde. Il lui fait un ultime baiser sur le front.
Puis la peluche ensanglantée disparaît de cette maison maudite.
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