形而上のネクローシス (Nécrose métaphysique) - 13/08/2010
形而上のネクローシス (Nécrose métaphysique)
- 13/08/2010
Sur la colline aux pierres taillées
Je circule parmi les allées bien rangées
Une fois par semaine, je viens te voir,
La main tendue vers le Soleil
Je rêve que les anges qui veillent
Viennent enfin me porter ce soir,
Grand-mère,
Je vis,
Je meurs,
Dans mes rêves,
Dernièrement,
Ma vie s’arrête,
Chaque soirée d’été,
Je meurs,
Écrasée, poignardée, percée d’une balle, renversée ou dispersée,
Mon cœur éclate,
Ma tête se disloque,
Mes membres s’arrêtent,
Dans un taxi, au labo,
Dans une ruelle, au métro,
A la gare, dans les bouchons,
A une convention,
Parmi les foules,
Larges ou restreintes,
J’ai si peur… et
Je me sens si bien !
Que c’est si réel !
De vivre toutes ses morts,
Qui se dispersent au réveil,
Répercutées en écho,
Comme une fourmi qui marcherait le long d’un câble tissé,
Comme si j’éprouvais à chaque patte levée sur le fil tressé,
L’impression d’une vie que l’on m’arrache,
Ô grand-mère,
Chaque fois que je meurs,
Je ne suis jamais abandonnée,
A mes côtés,
Près de moi,
Il se penche et me prend dans ses bras…
Je peux alors m’éteindre en songeant que
Pour une fois
J’ai pu être utile à celui que j’aime...
Pourtant
Je me réveille
Ressuscitée
En sueurs
Tout recommence...
Si tous ses rêves sont vrais,
Alors je n’aurai plus beaucoup de temps à attendre
Avant qu’une de ces réalités deviennent la mienne
Avant que les aiguilles de l’horloge n’arrêtent leur course
En attendant,
Je resterai son otage,
Lui qui ne veut pas me laisser partir,
Avec sa blouse il m’attend comme à son habitude,
Pris par le temps de ses expériences sur le temps,
Le regard de plus en plus en distant, inquiet
Je regrette pour l’instant, pitié
De ne lui être qu’un fardeau
A bientôt grand-mère...
- 椎名 まゆり (Mayuri Shiina)
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