Édouard fut finalement réveillé par la lumière du jour, lui qui pensait dormir dans un cachot sombre et lugubre. Plus étrange encore, les cartons humides qui lui avaient servit de couverture furent transformé en lit confortable et douillet pendant la nuit. Que c'était-il passé ? Était-ce un cauchemar ? Pourtant la trahison de Beaufort dans les toilettes du 5ème étage semblait bien réelle.

En se frottant les yeux pour se réveiller, il remarqua qu'il n'était pas dans sa chambre mais dans une pièce qu'il n'avait encore jamais vue. Il y avait plusieurs lits en métal, semblable à celui où il était actuellement, aligné sur deux longues rangées entrecoupés de paravents en tissus blanc. La pièce illuminée dégageait une odeur de médicament et de propreté. Aucun doute, il se trouvait dans l'infirmerie de l'école.

— Comment va Monsieur Vittel ? dit la petite voix familière de Monky

— Monky ? dit Édouard en regardant son petit invité aux longues oreilles pointues à son chevet, que fais-tu là ?

— Monky était inquiet de ne pas avoir vu M. Vittel au petit déjeuné ce matin, expliqua l'elfe, alors, Monky est allé prévenir la directrice qui a immédiatement entamée les recherches pour vous retrouver. Mme Dénébola est vraiment une grande sorcière, dit-il admiratif. C'est elle même qui vous a retrouvé dans les catacombes du château, Monsieur

Édouard fut surpris d'entendre que la directrice a elle-même pris soin de le retrouver et de l'amener à l'infirmerie. Il ne pensait pas qu'une personnalité comme elle pouvait se soucier autant de ses élèves. Tandis qu'il reprit peu à peu ses esprits, Édouard poursuivit sa conversation avec l'elfe de maison.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-il envoyant le jour envahir l'infirmerie.

— Il est un peu plus de midi, monsieur, lui répondit Monky. Que c'est-il passé pour qu'Édouard Vittel se retrouve enfermé dans les anciens cachots de l'Académie ?

Édouard raconta alors sa mésaventure avec Beaufort et Daril ainsi que la punition du chevalier Coeur de Dragon. Monky écouta son histoire avec des yeux plus globuleux que jamais en se rongeant les ongles de ses longs doigts fins. Lorsque Édouard eut finit, la petite créature reprit la parole.

— Le chevalier fantôme a toujours été un peu trop impulsif, raconta Monky, il punit les élèves sans en parler au fantôme en chef. En ce moment, Mme Dénébola et Monseigneur De Pétrillac sont en train de lui passer un sacré savon.

Édouard eut un petit rictus en imaginant la querelle des fantômes dans le bureau de la directrice. Il se sentit beaucoup mieux à présent, peut-être était-ce dû à la potion d'apaisement que lui avait donné l'infirmière, Mme Leblanc, alors qu'il revenait des catacombes dans les bras de Dénébola ou bien à la simple présence rassurante de Monky. En tout cas, il avait retrouvé le sourire et plus rien ne le dérangea.

— Au fait ! se souvient-il en se relevant dans son lit, comment vont Eugène et Eugénie ?

— Ils vont bien, monsieur, le rassura Monky, les membres de la SOIF les ont amenés à l'infirmerie tôt ce matin...

Édouard tourna la tête pour voir les deux lits voisins occupés par les jumeaux encore endormis. Pleinement rassuré, Édouard soupira de soulagement avant de ressentir une étrange sensation de culpabilité qui le rongea. Monky, qui perçu le malaise, ne put s'empêcher de poser une main délicate sur le bras d'Édouard avant de lui demander ce qui le tracassait.

— Quelque chose ne va pas, monsieur ?

— Est-ce que je suis un sorcier ? Demanda Édouard qui posa cette question à quelqu'un pour la première fois depuis la rentrée. Je veux dire... ai-je vraiment des pouvoirs magiques ?

— Pourquoi posez-vous cette question à Monky ?

— Depuis que je suis ici, je n'ai toujours pas réussit à jeter un sort, ni même voler sur un balai, alors que tout mes camarades de classe le peuvent, avoue-t-il, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ça ne marche pas avec moi ?

— Monky ne peut pas répondre à cette question parce qu'il n'est pas un sorcier comme monsieur Vittel. Mais ce dont Monky est sûr, c'est qu’Édouard Vittel est un sorcier !

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

— Plongez dans vos souvenirs, monsieur, lui dit l'elfe, ne vous est-il jamais arrivés de choses étranges que monsieur ne saurait expliquer ? Des événements bizarres qui se seraient produits alors qu'Édouard était sous le coup de la colère ou de la tristesse ?

Ainsi, Édouard se remémora l'incident du trou qui ensevelit Kevin et sa bande lors d'une récréation avant l'été. Il se souvient aussi des bureaux de la classe qui claquèrent les doigts des élèves qui s'acharnaient à lui lancer des boulettes de papier dans la nuque. De la lettre qui explosa alors qu'il pensait que c'était une mauvaise blague de son frère pour se moquer de lui. Tous ces souvenirs plus ou moins douloureux lui ont finalement fait prendre conscience que l'elfe de maison avait peut-être raison.

— Rappelez-vous de ce qui c'est produit lorsque Édouard Vittel a acheté sa baguette magique au marché des sorciers. Monky était là, lui aussi ! Il a vu les étincelles bleues jaillirent de la baguette de monsieur Vittel !

Un large sourire se dessina sur son visage et celui de Monky. L'esprit apaisé par les paroles réconfortantes de son ami l'elfe de maison, il se rendormit presque aussitôt dans le lit douillet de l'infirmerie.

Édouard put sortir de l'infirmerie en milieu d'après-midi, Eugène et Eugénie dormant encore profondément encore choqué par leur mésaventure de la nuit dernière. Tandis qu'il marchait dans les couloirs pour se rendre au foyer afin d'étudier un petit peu, il sentit une drôle d'excitation chez les élèves. Ils parlaient tous d'un papier qui venait d'être affiché sur le panneau du couloir menant au dortoir. Curieux, il voulu en avoir le coeur net et se dirigea donc vers le panneau où était affiché la liste des chambres le soir de la rentrée.

À L'ATTENTION DES ÉLÈVES

La saison de Quidditch débutera, comme chaque année, le lendemain d'Halloween,

Les essais pour intégrer une équipe débuteront le week-end prochain,

Il est rappelé aux élèves de sixièmes qu'ils ne sont pas autorisés à participer aux essais.

Vous trouverez ci-joint, la liste d'inscription des équipes titulaires et provisoires de cette saison,

Pour tout autre renseignement, veuillez vous rendre auprès des capitaines d'équipes.

La direction

Que pouvait bien signifier ce message pour que tous les élèves de l'Académie ne parlèrent plus que de Quidditch lors des inter-cours ? Et puis, qu'est-ce que c'était que le Quidditch ? Édouard n'en avait pas la moindre idée et sachant qu'il ne voulu plus revoir ce traitre de Beaufort et son andouille de garde du corps, il n'aurait aucune explication sur le sens de ce message.

Désormais, Édouard préféra se balader seul dans le parc ensoleillé plutôt que trainer derrière Beaufort Daril et les filles qui ne voyaient leur vie qu'au travers de leur cheveux. Tout le monde sembla surpris de voir Édouard, le petit chien de Beaufort, dîner seul à une table du réfectoire. Loin de celle où s'amusèrent ceux qu'il considérait encore comme ses meilleurs amis il y a quelques jours.

Il ne voulu pas leur parler et préféra vivre sa vie tout seul plutôt qu'on le considère encore comme le toutou de Beaufort. De toute façon, ils semblèrent l'avoir totalement oublier car ils ignorèrent Édouard comme s'ils ne l'avaient jamais vu auparavant. Peu importe, Il les ignora à son tour et monta directement dans sa chambre après avoir posé son plateau.

La semaine suivante fut aussi pénible que la première. Il ne parvint toujours pas à lancer le moindre sortilège, ni à métamorphoser son cure-dent en coton-tige pendant le cours du professeur Alphératz. Il n'a toujours pas réussit à décoller avec un des balais de l'école durant le cours de sport, ni concocter une véritable potion pour soigner les ongles incarnés. Pourtant, il se remémorait chaque soir la conversation qu'il eut avec Monky à l'infirmerie, mais aucun déclic ne se produisit.

Les seuls changements notables furent qu’à présent, Édouard ne s'installait plus à coté de Beaufort et des autres, préférant rester seul, dans un coin au fond de la classe. Il eut aussi la désagréable surprise de voir sa retenue, annulée samedi dernier à cause de l'incident du cachot, repoussée au samedi suivant. Kowalsky lui a même affirmé que sans l'intervention de la directrice, il l'aurait collé tous les soirs de la semaine jusqu'à Noël !

— Vous pouvez remercier le professeur Dénébola, lui dit Kowalsky avec sa grosse voix.

Nous étions à la veille des essais du « Quwiwitch » selon Édouard qui ne se souvenait jamais du nom exact. Tous les élèves de l'école étaient plus excités que jamais et Édouard ne comprenait toujours pas pourquoi une telle agitation régnait dans l'enceinte de l'établissement. Édouard monta tard dans sa chambre ce soir là car il était resté au foyer pour étudier sur son manuel de Principes défensifs contre le mal. Il décida de fermer son ouvrage sur un paragraphe qui parlait des créatures nocturnes dangereuses et entreprit de monter l'escalier en colimaçon qui menait à sa chambre.

En entrant dans la pièce, il surprit Gautier et Paillet, les deux colocataires que Beaufort avait insulté il y a quelques jours dans le parc du château, encore debout, vêtu de leur tenu de sport, prêts à sortir.

— Vous ne dormez pas encore ? demanda Édouard avec un ton inquisiteur en regardant la pendule afficher minuit dix.

— Ça te dérange ? lui répondit froidement Gautier qui lui en voulait encore de leur altercation au parc alors qu'il côtoyait encore Beaufort.

— Écoutez, s'excusa Édouard, je suis sincèrement désolé de ce qui c'est passé avec Beaufort, je le connaissais à peine, je ne savais pas qu'il était aussi stupide.

— Ça ne t’a pas empêché de le fréquenter ! répliqua Gautier vexé

— Je n'aurai pas dût, avoua Édouard en admettant son erreur de vouloir à tout prix se faire des amis populaire. Mais maintenant c'est finit, je ne traîne plus avec lui.

— Qu'est-ce qui nous le prouve, demanda Paillet le teint rouge, visiblement peu habitué à tenir tête à quelqu'un.

— Il m'a trahi, répondit simplement Édouard en espérant que ses colocataires aient un peu d'indulgences envers lui. À cause de cette ordure j'ai passé une nuit entière dans les catacombes glaciales de l'Académie. Franchement, je ne le conseil à personne !

— Ça va, dit Gautier à Édouard, on te pardonne, les erreurs ça arrive à tout le monde, je m'appelle Charles Gautier, dit-il en tendant une main amicale vers Édouard.

— Moi c'est Édouard Vittel, dit-il en serrant la main de Charles, et toi tu es ? ajouta-t-il en se tournant vers le redoublant à tête de chouette.

— Armand Paillet, dit-il enserrant la main d'Édouard avec un sourire

— Je suis ravi de partager cette chambre avec vous, les gars, dit-il en riant

— Dis, tu veux venir avec nous ? Proposa Charles

— Où ça ?

— Au stade d'entrainement, lui répondit le garçon frisé et au nez en trompette lui donnant un air malicieux. Ce sont les tests de Quidditch demain et on s'entraine en dehors du couvre feu depuis une semaine avec Enola.

Soudain, Édouard comprit pourquoi ses deux camarades de chambre rentraient tard le soir. Ils partaient s'entrainer en cachette afin de se préparer au mieux afin de passer les essais pourtant interdit aux élèves de sixième. L'idée lui paru amusante et peut-être aura-t-il l'occasion de découvrir enfin ce que cache le mot « Quwiwitch »