9 - Une opportunité à saisir (1/2)
Le groupe arriva enfin face à la porte sans poignée du bureau du professeur Alphératz qu'Édouard connaissait déjà pour avoir eu un entretient avec ce dernier le jour de la rentrée. Cependant, cette fois, il n'allait pas se voir remettre son emploi du temps mais plutôt une correction que lui et ses nouveaux amis ne seraient pas prêts d'oublier. Toujours escorté par Pète-sec qui tenait ses garnements à l'oeil, ils attendirent face à la porte du bureau.
— Attendez-moi là, jeunes animagus non déclarés, fit le fantôme en chef avec sarcasmes tandis qu'il traversa la porte du bureau d'Alphératz pour s'entretenir avec lui avant de recevoir les quatre trouble faits.
— Je le savais ! Lança Armand une fois que le fantôme les laissa seuls dans le couloir. On devait se faire prendre, c'était évident ! Retour à la case départ, mon père va me tuer.
— Arrête de te morfondre espèce de furoncle de crapaud ! Dit Charles en imitant grossièrement Pète-sec pour détendre l'atmosphère, ce qui fit rire Édouard et Enola ainsi qu'Armand qui retrouva, peu à peu, des couleurs.
Quelques instants plus tard, le fantôme en question passa son buste à travers la porte en ordonnant d'un ton sec.
— Vous pouvez entrer !
— On aimerait bien mais comment on fait ? Demanda Charles avec impertinence, Il n'y a pas de poignée et nous, on ne sait pas traverser les murs !
— Prononcez « pattes de poule » fit Pète-sec tandis que la porte s'ouvrit sur le petit bureau exigu du directeur adjoint. Vous le saurez la prochaine fois que vous serez convoqué... Ah, non ! Suis-je bête, vous serez probablement renvoyé pour manquement au règlement.
Édouard reconnu le même bureau que lorsqu'il y entra la première fois le jour de la rentrée. Il y avait toujours ce bureau finement sculpté et quatre chaises qui attendaient patiemment d'être utilisée par les élèves pris en flagrant délit de violation du couvre feu. Il y avait toujours cette étagère remplit d'objets bizarre de toutes les formes. Des sortes de toupies en verre, des sphères dorées qui crachaient des volutes de fumée de toutes les couleurs.
Édouard remarqua même une collection impressionnante de pile électrique de toutes sortes. Le professeur Alphératz se tenait assis sur son immense fauteuil en cuir rouge en trant de griffonner quelque chose sur un bout de parchemin tout en rajustant son monocle de l'autre main.
— Asseyez-vous, jeunes gens, dit-il en présentant les quatre chaises vides face à lui. Monseigneur De Pétrillac m'informe que des élèves de sixièmes ont fait du zèle cette nuit. Vous n'êtes pas sans savoir que ceci est passible d'une exclusion définitive de l'établissement ?
Sur ses mots, Armand frémit sur sa chaise avant de laisser le professeur au chapeau haut de forme terminer sa phrase.
— Avez-vous une explication valable qui pourrait justifier un tel comportement ?
— Tout est de ma faute, professeur, avoua Charles, c'est moi qui a eut l'idée de sortir en douce pour jouer au Quidditch. C'est moi qui les ai entrainés dans cette histoire.
— Arrête, coupa Enola, on est tous responsable, passer les tests de Quidditch était une très mauvaise idée. Ça n'aurait pas marché de toute façon : on est trop jeune, c'est écrit dans le règlement.
— Vous avez tout à fait raison, Mlle Dubourg, reprit Alphératz tandis qu'Édouard fut surpris que ses camarades ne l'ont pas dénoncé comme l'avait fait Beaufort lorsqu'ils se sont fait prendre par Coeur de Dragon. Les sixièmes n'ont pas le droit de passer les tests de Quidditch, savez-vous pourquoi ?
Enola fit non de la tête tandis qu'Armand contemplait ses chaussures ne voulant pas croiser le regard inquisiteur d'Alphératz à travers son monocle.
— Parce que, commença Armand qui sortit de son silence, c'est trop dangereux.
— Exactement, fit Alphératz en observant les quatre sixièmes un à un. Il fut un temps où tous les élèves pouvaient participer, s’ils le désiraient, aux essais de Quidditch afin d'espérer intégrer une équipe. Mais les plus âgés profitaient de la crédulité des sixièmes pour leur en faire voir de toutes les couleurs. Il y eut de nombreux blessés graves et des traumatismes irréversibles dès le début de l'année scolaire. Et il y a 60 ans : un mort ! Fit-il avec une certaine gravité dans le son de sa voix. L'école a faillit fermer ses portes cette année là. Heureusement, le service d'administration du système scolaire en collaboration avec la fédération nationale des sports magiques eut l'idée d'établir le décret d'éducation numéro 3 interdisant à tous les élèves de moins de 12 ans à participer aux essais de Quidditch.
Armand trembla plus que jamais en écoutant le récit dramatique du professeur au monocle. Il réussit l'exploit de devenir plus pâle encore que Pète-sec qui flottait derrière lui.
— Vous allez nous renvoyer ? Demanda timidement Édouard en croisant les doigts pour que le directeur adjoint ait un peu d'indulgences malgré son attitude sévère.
— Non je ne pense pas, fit Alphératz tandis qu'Édouard sentit Charles soupirer de soulagement. Parce que si j'ai bien compris ce que m'a rapporté Monseigneur De Pétrillac, vous auriez sauvé la vie de Monsieur Paillet, n'est-ce pas ?
— Euh... oui, mais ce n’était pas si... commença-t-il avec modestie avant d'être interrompue par un coup de pied violent de Charles dans le tibia.
— Oui c'est vrai, continua Charles tandis qu'Édouard se massa la jambe endolorie, il a réalisé un exploit formidable !
— Vous avez beaucoup de chances car le fait d'avoir sauvé la vie de M. Paillet vous donne le droit de rester à l'école, dit-il tandis qu'Édouard, Charles, Enola et Armand retrouvèrent le sourire. Mais, pour toutes vos escapades nocturnes, vous serez punis.
Les sourire satisfaits s'effacèrent aussi rapidement qu'ils sont apparus avant qu'Alphératz ne poursuive sa phrase.
— Vous vouliez passer les essais ? Qu'il en soit ainsi, vous les passerez, dit-il le visage impassible. Je vais spécialement demander une dérogation à la directrice pour que vous passiez les tests tous les quatre au même titre que les autres élèves qui se sont inscrit. Ainsi, nous verrons si vos séances d'entrainement nocturnes auront servis à quelque chose.
Édouard fut stupéfait de la punition infligée par le directeur adjoint. Mais cela cachait quelque chose de louche. Il semblerait que ce soit trop beau pour être vrai.
— Cependant, poursuivit-il, si vous préférez ne pas subir les épreuves que vous feront endurer les joueurs des équipes et abandonner l'idée de participer aux essais, vous serez immédiatement conduis en retenue. C'est à vous de choisir. Maintenant, allez vous coucher et n'essayez plus de sortir en douce, auquel cas, ce sera le renvoie définitif et sans discussion. Qu'il y ait un geste « héroïque » ou non.
Peu de temps après cette conversation, Édouard, Charles, Enola et Armand furent en route pour les dortoirs en discutant de leur punition.
— On a échappé de justesse au renvoie, dit Armand soulagé de ne pas subir une humiliation pire que son redoublement. Plus question de faire de bêtises, c'est finit pour moi les gars.
— Allez, dit Charles qui était le seul de la bande à arborer un sourire rayonnant. Ne dis pas ça, on va pouvoir passer les tests, c'est géniale ! En plus on a même pas besoin de préparer une potion de vieillissement ! Il y en a qui tueraient pour ça !
— Ouais bah c'est sans moi Charles, fit Armand, je préfère passer une retenue plutôt que me faire ratatiner par les terminales.
— Moi aussi ! S'exclama Enola à la grande surprise de Charles.
— Quoi ? S'interloqua ce dernier avec indignation. On a passer tout ce temps à s'entrainer pour rien ? Vous êtes complètement inconscient de la chance qu'on a !
— C'est toi l'inconscient, répliqua Enola en haussant le ton dans les couloirs déserts, tu n'as pas entendu l'avertissement d'Alphératz ? Un élève est mort en voulant passer ces foutus tests !
— Mais non, rassura-t-il d'un geste de la main, il disait ça pour nous faire peur.
— Ne comptes pas sur moi quand même, conclu-t-elle en détournant le regard.
— Oh ! Ce que tu es coincée ma pauvre, dit Charles, et toi Édouard, tu es avec moi ?
— Je n'en sais rien, répondit-il tout en réfléchissant. C'est peut-être plus sage d'aller en retenue.
— C'est pas vrai, soupira Charles, tu serais prêt à sacrifier la chance de ta vie pour une stupide retenue ? Ed, tu voles super bien ! La démonstration que tu nous as faite tout à l'heure était plus que grandiose ! Un troisième n'aurait pas fait mieux, je t’assure !
Enola quitta les garçons pour rejoindre sa chambre sans dire un « au revoir ». Édouard, Charles et Armand montèrent donc ensemble les marches en colimaçon qui mènent à la leur située sous les combles de la tour Ouest du bâtiment. Ils se couchèrent en silence pour ne pas réveiller leur colocataire qui ronflait bruyamment. Édouard resta un moment les yeux ouverts dans son lit à réfléchir à la décision qu'il devait prendre.
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