11 - Le défi (1/2)
Au matin suivant, Édouard fut réveillé par les exclamations d'Eugène qui avait totalement oublié l'incident des toilettes des filles.
— Eh regardez ! dit-il en montrant du doigt la fenêtre de la chambre, un hibou frappe au carreau !
Mais ce n'était pas n'importe quel hibou, c'était Panache et ses fameuses plumes en bataille qui frappait la vitre avec son bec.
— Panache ? dit Édouard les yeux encore à demi-fermés.
Il se leva doucement pour ouvrir la fenêtre laissant l'oiseau rentrer accompagné d'une brise fraiche et automnale. Le hibou secoua ses plumes humides et présenta sa patte à son maitre, le plumage plus désordonné que jamais.
Édouard s'approcha de son animal pour découvrir qu'un mot y était accroché. Curieux, il détacha le morceau de parchemin de la patte de Panache qui alla se poser au sommet de son lit à baldaquin. Il lut silencieusement le petit mot tandis que Charles, Armand et Eugène restèrent silencieux en le regardant.
— Alors ? demanda Charles impatient de connaître le contenu du parchemin, qu'est-ce que c'est ?
— Je suis le nouveau poursuiveur des Pégases ! dit-il en relevant la tête avec un air ahurit. C'est Dauvel qui m'écrit ! Je fais parti de l'équipe...
— C'est génial ! s'exclama Charles en bondissant sur son lit, tu vas jouer au Quidditch !
— C'est formidable, lança Armand en souriant, il ne pouvait prendre personne d'autres après les essais que tu as fais.
— Mais, c'est impossible, commença Eugène en cassant l'ambiance euphorique, les sixièmes n'ont pas le droit de faire partie d'une équipe, c'est écrit dans le décret num...
— On s'en fiche Eugène ! coupa Charles en riant, Édouard est sélectionné, un point c'est tout.
Lorsqu'ils annoncèrent la bonne nouvelle à Enola pendant le petit déjeuné, elle fit un petit cri aigu qui attira tous les regards. Charles ne cessait de montrer Édouard, le teint écarlate, en disant qu'il sera le plus jeune joueur de Quidditch de tous les temps. Mais les sourires d'Édouard et ses amis s'effacèrent lorsque Pète-sec le convoqua dans le bureau du professeur Alphératz.
— Asseyez-vous, Vittel, fit-il de son habituel ton hautain. J'ai entendu dire que vous aviez fais des miracles lors des essais de Quidditch, n'est-ce pas ?
— Oui, façon de parler, dit modestement Édouard, en fait j'ai...
— J'ai appris que M. Dauvel vous avait sélectionné, coupa-t-il est-ce vrai ?
— C'est exact, affirma Édouard
— Je me vois donc dans l'obligation d'annuler votre titularisation au sein de l'équipe provisoire des Pégases
— Quoi ? s'indigna Édouard, mais je...
— Dois-je vous rappeler que vous êtes en sixième, M. Vittel, dit-il d'un ton ferme, et que par conséquent, vous ne disposez d'aucun droit pour faire parti d'une équipe. Vous le saviez ?
— Oui mais...
— Vous avez, en effet, put participer aux essais de Quidditch, expliqua Alphératz, mais c'était dans le cadre d'une punition. Vous vous en êtes sorti indemne et c'est tant mieux pour vous. Mais je dois vous avertir que les matchs du championnat sont deux fois plus durs, plus violent que les simples essais de début d'année. Vous ne tiendriez pas le coup, M....
Mais il fut interrompu par la porte du bureau qui s'ouvrit brusquement.
— Édouard fait parti des Pégases, Monsieur ! s'exclama Dauvel tout essoufflé, le visage plus rouge que jamais. J'ai l'autorisation de la directrice ! finit-il en brandissant un petit rouleau de parchemin.
— Monsieur Dauvel, ne vous a-t-on jamais enseigné à frapper avant d'entrer ? s'énerva Alphératz. Montrez-moi ça, dit-il en prenant le parchemin du capitaine des Pégases.
Il lut le mot en remuant les lèvres et en fronçant les sourcils et faillit en perdre son monocle. Puis, lorsqu'il eut finit, il releva la tête vers Édouard.
— Vous avez énormément de chances, monsieur Vittel, dit Alphératz en roulant le parchemin, vous devenez le plus jeune joueur de Quidditch que l'Académie n'a jamais eut... Maintenant filez avant que je ne change d'avis.
Édouard n'en revient pas de la chance qu'il avait. Il marchait vers le foyer aux cotés de Dauvel.
— Merci, dit-il simplement
— Non répondit l'élève de première blond et boutonneux qui mesurait trois têtes de plus que lui, merci à toi, tu as été époustouflant lors des essais. Les autres joueurs t'ont élu à l'unanimité. Au fait, continua-t-il, je voulais juste te prévenir qu'il y aura une séance d'entrainement samedi prochain, sois a l'heure !
Et il changea de direction, laissant Édouard rejoindre ses trois amis assis au coin d'un feu réconfortant à quelques pas de là. Il s'enfonça dans le dernier pouf libre avant de leur raconter son entrevue avec le directeur adjoint et l'arrivée providentiel de Dauvel. Après avoir tous poussé une exclamation de soulagement, Charles ironisa.
— Alphératz devait être vert de rage, pensa-t-il, au fait, quand est-ce que vous irez en retenue ? demanda-t-il à Enola et Armand avec un sourire narquois.
— Ah ah ! Très drôle, fit Enola un peu vexée, c'est samedi à huit heure, je ne sais pas encore ce qu'il nous fera.
— Est-ce que Dauvel a trouvé un président pour votre équipe ? demanda Armand
— Je n'en sais rien, répondit-il, il m'a juste parlé de la prochaine séance d'entrainement.
— Il faut qu'il se dépêche, dit Armand, sinon les Pégases ne seront pas titularisés et...
— Mais ne t'en fais pas, coupa Charles, quand ils verront Ed s'entrainer, ils se bousculeront tous au portillon. Même Kowalsky voudra les présider !
— Faut pas exagérer, fit Enola en riant.
Le groupe éclata de rire avant de reprendre le chemin des cours. Toutes ses émotions concernant les essais de Quidditch avaient un peu perturbé le rythme scolaire d'Édouard et il eut du mal à se replonger dans les devoirs. L'excitation de faire partie d'une équipe à son âge l'empêchait de travailler sérieusement.
Heureusement, une sortie prévue par le professeur Sorbonne allait peut-être lui faire penser à autre chose. En effet, au cours d'une banale journée d'octobre, le professeur de cours moldu jugea bon d'emmener ses élèves de sixièmes visiter le musée de la magie à Paris.
Ainsi, ils prirent tous la route du 21ème arrondissement de Paris dans les mêmes carrosses tirés par les puissants Abraxans du professeur Domptin. C'est alors qu'ils survolèrent un affluent de la Loire qu'une nouvelle question sur le monde magique vient à l'esprit du jeune Édouard.
— Mais au fait, dit-il en s'adressant à ses amis avec qui il partageait le carrosse en compagnie d'Eugène et Eugénie. Pourquoi on ne va pas directement au musée en métropolitamagie ? Je me souviens la première fois que je l'ai prit avec Monky pour aller au marché des sorciers, il y avait un arrêt pour le musée.
— Tu ne le sais donc pas Bernard ? Fit Eugène en rajustant ses lunettes sur son nez alors qu'Édouard ne lui avait pas adressé la parole, c'est pour une histoire de confidentialité et de secret magique propre aux trois écoles prestigieuses de la magie.
— Ce qu'essaye de dire mon frère, poursuivit Eugénie, c'est que l'école de Poudlard et de Durmstrang ne veulent pas qu'on sache où elles se situent géographiquement, de même qu'elles ne veulent pas dévoiler leur méthode d'enseignement. Ça fait parti d'une rivalité qui est née entre elles il y a des siècles.
Édouard regarda ses camarades en ayant comprit la réponse des deux jumeaux. Mais malgré le fait qu'il ne supporte toujours pas les frères Loiseau déballer leur science, il les appréciait tout de même un peu plus que lors de la rentrée et fut soulager de constater qu'ils ne lui en voulaient pas d'avoir côtoyé Beaufort et son stupide chien de garde au début de l'année.
Les carrosses survolèrent enfin la capital moldue avant d'atterrir en douceur sur la place de Calysthènes, là où Édouard vit les Abraxans pour la première fois. Sorbonne rassembla la quarantaine d'élèves de sixièmes auprès de lui afin d'expliquer quelques règles de sécurité. Puis, ils empruntèrent la sortie du métropolitamagie pour se rendre directement au musée.
Jusque là, Édouard reconnaissait le chemin pour l'avoir déjà emprunté le septembre, jour de la rentrée. Mais quand la douce voix féminine de la rame annonça « Musée de la magie » il sentit son coeur battre à nouveau à l'idée de découvrir encore plein de choses du monde magique.
Les souterrains furent toujours peuplés de sorcières et de sorciers qui circulaient librement en robes et chapeaux pointus en tout genre, certains revenants du marché des sorciers, les bras chargés de paquets. Les élèves se déplacèrent en masse vers la sortie avec en tête de file, le professeur Sorbonne dominant la foule par sa taille et son sérieux.
Il est vrai que ces cours n'intéressaient que très peu d'élèves, comme les jumeaux Loizeau qui n'avaient aucune difficulté dans aucunes matières enseignées. Mais le fait qu'on n'y pratiquait pas de magie et qu'on y enseignait le français, l'anglais, un peu de math et de l'histoire faisait qu'Édouard se sentit moins ridicule par rapport à ses camarades de classe qui pratiquèrent déjà la magie avant d'entrer à l'Académie pour certains.
Finalement, ils débouchèrent en pleine rue au coeur du 21ème arrondissement de Paris. Les bâtiments de types Haussmanniens se fondaient pleinement dans le décor parisien que les moldus on l'habitude de connaître dans la partie non-magique de la capital.
La troupe marcha pendant quelques minutes avant d'arriver face à un énorme immeuble de cinq étage de la même architecture très fidèle au reste de l'immense ville avec une grosse porte en bois plus imposante encore que l'entrée de l'Académie. L'imposant encadrement en pierres blanches laissait apparaître une inscription pour accueillir les visiteurs.
Bienvenue au musée de la magie, unique lieu du monde magique regroupant les archives et le passé de notre communauté.
Chers sorcières et sorciers, venez vous instruire ou redécouvrir les traces de nos ancêtres.
Les élèves passèrent la porte et commencèrent la visite avec les explications de Sorbonne. Le musée semblait gigantesque. Édouard avait l'impression qu'il était plus vaste à l'intérieur que ne le laissait prétendre l'extérieur. Le hall regorgeait de panneaux et d'escaliers en tout genre qui menait aux différentes salles du musée. On pouvait lire Salle dédiée à l'histoire moldu, 3ème étage.
— Car l'histoire des sorciers est intimement liée à celle des moldus, compléta Sorbonne.
Ainsi, la journée passa et Édouard appris des choses encore plus invraisemblables sur le monde magique. Il apprit notamment que Jeanne d'Arc n'est pas morte sur le bucher comme le laissait prétendre Mme Lagneau alors qu'il vivait encore au 27 rue Alfred Jarry. En réalité, elle aurait été une sorcière et aurait fondée le premier gouvernement de la magie après avoir sauvée les moldus lors de la guerre de cent ans.
La journée passa à une vitesse folle, Édouard s'était bien amusé avec ses amis et avait découvert de nouvelles choses sur le monde magique. Mais le lendemain, il avait son premier entrainement avec les Pégases. Et ça l'inquiétait de ne pas savoir ce que Dauvel avait préparé.
— J'espère que ce ne sera pas trop dur, confia Édouard à Charles tandis qu'ils se promenaient dans le parc du château avec Panache sur son épaule.
Le vent soufflait toujours aussi fort à l'approche d'Halloween et la date fatidique de la fin des essais. Les jeunes sixièmes se promenaient avant le diner emmitouflé dans leurs capes noires et leurs écharpes aux couleurs de l'Académie. Armand portait des caches oreilles blanc lui donnant, plus que jamais, l'air d'une chouette.
Édouard préféra se coucher tôt ce soir là, afin d'être en forme pour son premier entrainement. Charles, Enola et Armand lui souhaitèrent bonne nuit tandis qu'il les laissa veiller au coin du feu dans la salle commune.
— Ça va bien se passer, rassura Enola qui avait lu l'expression d'inquiétude envahir le visage d'Édouard avant de se lever
— Tu vas tout déchirer Ed, comme aux essais, renchérit Charles.
Ces mots auront au moins eu le mérite de réchauffer le coeur d'Édouard qui put se coucher l'esprit apaisé. Il n'est plus seul. Il sent le soutient de ses amis et se rend compte désormais du bien que cela peu procurer.
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