13 - Halloween (1/2)
Édouard mit du temps avant de se remettre complètement de ce match éprouvant. Tant physiquement qu'intérieurement. Il s'est dégagé une telle ferveur envers les Pégases que beaucoup le reconnurent dans les couloirs et vinrent lui serrer la main en prononçant quelques félicitations.
— C'est un des joueurs des Canaris ! fit remarquer Charles une fois qu'un élève de terminale est venu le féliciter pour son match héroïque contre les Titans. Je te l'avais bien dit que tu ferais des étincelles, Ed
— Oui et visiblement tu n’es pas le seul à le penser, intervient Enola. Je n'arrive pas à croire qu'Odilon croyait en toi depuis le début.
En effet, peu de temps après le match, Édouard s'était empressé de retrouver ses amis pour leur rapporter les propos d'Odilon concernant les joueurs des Pégases et particulièrement d'Édouard.
— C'est vrai ça, renchérit Armand, pour un né-moldu qui n'avait encore jamais entendu parler de Quidditch avant les essais, c'est plutôt incroyable qu'un professeur aussi respecté soit-il qu'Odilon tienne de tels propos.
— Arrêter, il va prendre la grosse tête, dit Charles en tapant sur l'épaule d'Édouard qui commençait à rougir.
En effet, Édouard n'était pas habitué à recevoir autant d'éloges. Quand il vivait au 27 rue Alfred Jarry il ne recevait que remontrances par ses parents et insultes par ses camarades de classe. Heureusement, cette euphorie ne dura qu'un temps. Car très rapidement la vie poursuivit son court à Beauxbâtons.
Le lendemain du match amical annonçait les premières vacances scolaires. Une bouffée d'oxygènes pour la plupart des élèves car ce début d'année fut très éprouvant pour tout le monde. Édouard espéra ainsi pouvoir récupérer pleinement de son match avant de reprendre le chemin des cours.
Pendant les vacances, les élèves ont la possibilité de rentrer chez eux. Cependant, très peu d'élèves désirèrent profiter de cette occasion car Halloween est une fête très importante pour les sorciers. Pour les Lycéens de l'Académie, c'est un excellent prétexte pour faire la fête. Ainsi, Édouard, Charles, Armand et Enola décidèrent de rester ensemble à l'Académie pour Halloween.
— En plus, j'ai appris que Beaufort était rentré chez lui ! S'exclama Charles alors qu'ils prenaient le brunch traditionnel du dimanche matin. C'est pas génial ?
Effectivement, c'était une bonne nouvelle. Tibius à prit le premier Abraxan pour le 21ème arrondissement dès le samedi soir, après le match amical. Ainsi, Édouard n'aurait pas à subir les critiques incessantes de son ancien camarade pendant les vacances.
Cependant, alors qu'ils se régalaient de bacon et de gaufres au chocolat chaud, Édouard et Charles comprirent que ces vacances n’allaient pas être de tout repos. Ils avaient, en effet accumulé une tonne de devoir à réaliser sur une courte semaine.
— Si vous ne voulez pas vous retrouver en retenu dès la rentrée il ne vous reste qu'une solution, averti Enola qui avait les cheveux particulièrement ébouriffé ce matin là. On va se rendre à la bibliothèque tous les matins dès huit heures avec Armand. Vous feriez mieux de venir avec nous.
— Pff ! S'esclaffa Charles en crachant du jus de fruit, tu m'as bien regardé Enola ? Je n'ai pas du tout l'intention de passer mes vacances d'Halloween enfermé dans la bibliothèque.
— Je vous aurai prévenue...
— Mais ne t'inquiètes pas, on va les faire nos devoirs, hein Ed ?
— Oui, fit Édouard entre deux croissants, mais on a le temps. Moi je veux me reposer. Le premier trimestre m'a épuisé. T’imagines pas les efforts que j'ai dû faire pour maintenir ma moyenne à 10.
— Tu pourrais faire beaucoup mieux, Édouard, dit Enola
— Bon est-ce qu'on ne pourrait pas manger au lieu de parler des devoirs, on est en vacances, non ?fit Armand qui sortit de son silence, la bouche pleine de chantilly.
Enola était peut-être un peu trop studieuse, elle n'en avait pas moins raison sur la quantité de devoir à fournir pour la rentrée. Mme Davina leur avait demandé d'apprendre par-coeur le tableau de signification des feuilles de thé dans une infusion à la japonaise. Pour cela, il fallait préparer des litres de préparation avant de les boires. Mais Édouard détestait le thé, surtout quand il n'était pas sucré. Mais selon Mme Davina, c’était un sacrilège de sucrer le thé avant de lire les feuilles.
— Cela peut perturber la lecture et être synonyme de sacrilège... prenez gardes les enfants, disait-elle dans son sari orange.
Mais il n'y avait pas que des devoirs de prédilection. M. Domptin leur avait demandé de faire la liste des différents feuillages que mangent les limandes dorées. Une espèce de lézards très coloré ayant pour particularité de transformer ce qu'elle mange en pépites d'or.
La légende dit que la monnaie des sorciers est ainsi faite des excréments de ces limandes. Mais ça, c'est la légende. Sorbonne leur avait demandé de trouver un correspondant anglais afin de perfectionner leur maitrise de la langue. Édouard comptait utiliser Panache pour s'acquitter de cette tâche afin de s'atteler aux autres devoirs. Bref, ces vacances ne s'annonçaient pas de tout repos.
Cela faisait déjà deux mois qu'Édouard était à Beauxbâtons. Il avait déjà appris énormément de choses et ne regrettait pas du tout d'avoir quitté le 27 de la rue Alfred Jarry pour vivre cette aventure hors du commun. Il y avait rencontré des amis formidables avec qui il s'amusait et où les moments difficiles paraissaient moins longs. Allongé dans son immense lit à baldaquin, alors que la pluie battait à tout rompre au dehors, il aimait passer du temps seul avec lui-même à refaire le monde. Il s'imaginait la tête de Kévin après lui avoir jeté un maléfice de bloque-jambes. C'était Charles qui le lui avait appris.
— Pour te défendre au cas où Beaufort se moque de toi, lui confia Charles tandis qu'ils se baladaient dans les jardins à la française. Tu pointes ta baguette sur ses jambes et tu prononce Locomotor Mortis !
— Et qu'est-ce qui se passera ?
— Tu verras en temps voulu.
Mais tandis qu'il s'imaginait jeter des sorts à Kévin, ses pensées se tournèrent irrémédiablement vers Lucie. La fille de son école dont il était fou amoureux. Il ne parvenait pas à faire sortir sa chevelure brune et ses yeux bleus de sa tête. Son petit sourire ravageur et sa grâce lorsqu'elle courait ou marchait.
Il ne l'avait pas revu depuis l'année dernière et n'avait aucune nouvelle d'elle. De toute manière, elle ne devait pas se souvenir de lui. Édouard n'avait jamais osé lui adresser la parole. Il était trop timide et restait tétanisé devant sa beauté.
Mais malgré les mois qui le séparait de la fin de son année scolaire chez les moldu, il ne parvint pas à l'oublier. Parfois, il aimerait lui envoyer Panache pour lui délivrer une lettre où il lui révélerait son secret. Elle pourrait trouver cela géniale et délaisserait Kévin pour reprendre contact avec un sorcier. Mais cette idée ridicule lui sortit aussi vite de la tête. Il fallait oublier Lucie de la même manière qu'elle l'avait toujours ignoré.
Ainsi, les vacances se déroulaient paisiblement pour Édouard et ses amis. Il s'était bien reposé et venait tout juste d'envoyer Panache pour l'Angleterre en espérant qu'il revienne avec une lettre d'un ou d'une élève de Poudlard afin qu'ils puissent correspondre et remplir le devoir de Sorbonne. Mais en laissant Panache seul face aux rafales de vent et sous la pluie battante, Édouard espéra que son hibou revienne de son périple sain et sauf.
— Ne t'inquiètes pas, rassura Armand tandis qu'Édouard guettait l'horizon afin d'apercevoir son hibou, Panache est plein de ressource. Je suis sûr qu'il rentrera en temps et en heure.
Pour un événement comme Halloween, l'Académie s'était transformée en véritable château hanté. Exceptionnellement, les membres de la SOIF avaient cessé leurs activités de service d'ordre pour effrayer les élèves entre les murs du château. Seul Pèt-sec semblait avoir gardé son air strict et était le seul fantôme de la brigade à ne pas s'amuser avec les élèves.
Du jour au lendemain, les escaliers se parèrent d'une couche impressionnante de poussière et de toiles d'araignées. Des citrouilles lévitaient paisiblement dans les airs en lâchant quelques rires démoniaque à chaque passage d'élèves dans les couloirs. Même les personnages des tableaux étaient ravis de participer à la fête. Certains s'étaient maquillés pour l'occasion afin de ressembler à de véritable mort-vivant.
Édouard pouvait passer des heures à contempler les personnages des tableaux vivre leur vie au travers des toiles. Il lui arrivait parfois de discuter avec une comtesse dans un gigantesque tableau du couloir Nord. Elle racontait sa vie aux élèves et Édouard devait être le seul à vouloir l'écouter.
— Habituellement on m'ignore et tous les élèves se moquent de connaître les aventures qui ont jalonnées ma vie, disait-elle avec un air hautain tandis qu'Édouard restait assis à la contempler. Mais toi tu es différent. Pour la première fois je suis parvenue à raconter ma rencontre avec mon premier mari, le Duc Dubontemps sans qu'on m'interrompe. Une fois même, un élève de seconde m'avait scotché la bouche, un geste tout à fait odieux. Il m'est arrivé aussi...
— Bon sang Édouard comment tu fais pour rester assis à écouter cette folle ? Coupa Charles qui avait rejoint son ami alors que le dîner d'Halloween allait commencer.
— Oh sale petit impertinent ! S'offusqua la comtesse qui ressemblait à un zombie squelettique pour l'occasion. Comment osez-vous...
— Ouais, ouais, fit Charles tandis qu'Édouard se mit à rire, allez vient Ed, tu vas rater le meilleur
— Désolé Comtesse, adressa-t-il au tableau, je reviendrais vous voir un autre jour
Si le château s'était transformé en véritable décor de film d'horreur, le réfectoire, lui, était sans conteste, la pièce la plus impressionnante en cette soirée d'Halloween. Des chandelles lévitaient au plafond entre des citrouilles d'une taille peu commode. Des chauves-souris virevoltaient ça et là au plafond faisant chatouiller le maladroit Apollon sur son char transformé en énorme chaudron tiré par des rats au regard menaçant.
Chaque table était nappée de noir avec un chemin de table orange et des chandeliers austères posés au milieu. Étrangement, les miroirs qui recouvraient la totalité du mur nord ne reflétaient plus les silhouettes des élèves pour faire croire à la présence de vampire parmi les sorciers. Cela amusait beaucoup les plus jeunes d'entre eux. Ainsi, la salle grouillait de monde et il était difficile de se frayer un chemin entre les tables et les chaises en bois spécialement moisies pour l'occasion.
— Ils sont là, fit Charles en conduisant Édouard vers la table qu’avaient réservé Enola et Armand.
Ils avaient été rejoints par Eugène et Eugénie qui étaient les seuls élèves déguisé pour Halloween. Eugène avait même trouvé une formule pour détacher sa tête de son corps afin de la tenir sous son bras. Leur allure fit rire Édouard mais il se rendit compte qu'ils allaient sûrement être regardés de travers par les autres élèves de l'Académie. Ainsi, seul Édouard, Charles, Enola et Armand furent habillés d'une simple robe de sorcier et de leur chapeau pointu. Mais, aux coté d'Enola, se trouvait une autre fille qu'Édouard ne connaissait pas.
— Salut Édouard, dit Enola en souriant, tu connais Lisaine ? C'est notre camarade de chambre avec Eugénie
— Salut, répondit poliment Édouard en dévisageant la jeune fille qui lui lança un large sourire.
Pendant un instant, il crut qu'elle rougissait tandis qu'elle lança un regard complice à Enola. N'y prêtant pas plus d'attention, il s'installa entre Armand et Charles avant de commencer le dîner. Les elfes de maisons aussi se sont mit aux couleurs de la fêtes en se plantant différents ustensiles de cuisine dans le corps. Édouard retrouva même Monky avec un couteau de boucher dans la tête et un pique à saucisse dans le dos.
Toute cette mise en scène était loin de faire peur. Ça amusait la galerie, tout simplement. Ainsi. Monky leur apporta un énorme plat d'entrée ainsi qu'un énorme pichet de jus de citrouille.
— Monky souhaite un excellent appétit à Édouard Vittel et ses amis, dit le petit elfe en arborant un large sourire suivit d'un clin d'œil amical pour Édouard.
Lorsqu'il quitta la table pour rejoindre ses confrères, Lisaine ne put s'empêcher de remarquer.
— Wouah, tu connais cet elfe de maison ? fit-elle impressionnée, c'est la première fois que j'en vois un parler ainsi à un élève de l'Académie. Habituellement ils sont plutôt discrets
— Bah, fit Édouard qui ne savait pas comment lui répondre, c'est à dire qu'il a été celui qui m'a révélé qui je suis réellement. Il a été mon guide pour venir jusqu'ici.
— C'est impressionnant ! s'exclama-t-elle en buvant les paroles d'Édouard.
Ce dernier ne savait pas comment réagir face au comportement étrange de Lisaine à son égard. Cette fille était plus petite mais plus féminine qu'Enola. Elle était blonde et avait des cheveux mi-longs. Elle avait de petits yeux marron qu'Édouard assimila vite à de petites amandes. Elle n'était ni joli ni moche. Mais elle ne dégageait rien de plus qui allait faire oublier l'image de Lucie chez Édouard.
Ce fut lorsque Charles lança plusieurs coups de coude dans le flanc de son ami qu'Édouard comprit que Lisaine s'intéressait à lui.
Ainsi, le dîner suivait son court alors que Lisaine ne cessait de parler des exploits d'Édouard lors du match contre les Titans. Gêné par tant d'intérêts qu'une fille lui porte, Édouard cherchait le regard de ses amis pour le soutenir. Mais Enola semblait marcher dans le sens de Lisaine et ne cessait de vouloir raconter les exploits d'Édouard, notamment lorsqu'il à sauver Armand lors de leurs entrainement nocturnes.
Armand, lui ne se préoccupait que de son estomac et se resservit d'une nouvelle portion de frites. Charles semblait avoir, lui aussi, prit le parti d'Enola et Édouard soupçonna ses amis d'avoir volontairement invité Lisaine à leur table pour qu’ils se rencontrent et espérer une étincelle.
Mais Édouard n'avait que Lucie en tête. Et puis Lisaine ne l'attirait pas du tout. De plus, il ne savait pas comment s'y prendre avec les filles. C'est alors qu'Eugène, la tête posée sur la table lance un sujet de conversation qui, pour la première fois, enchanta Édouard.
— Est-ce que vous savez de quand date le premier gouvernement de la magie ?
— Non, je n'en ai aucune idée, s'empressa de dire Édouard qui souhaitait parler d'autre chose que de Quidditch ou de ses exploits. Raconte-nous Eugène, j'ai envie de savoir.
Cela faisait du bien aux oreilles d'Édouard d'entendre autre choses que des félicitations et des récits d'exploits. Il n'était pas du genre à se prendre la tête avec ces sornettes. Finalement la gloire qu'il désirait lorsqu'il cherchait à être ami avec Beaufort ne l'intéressait plus. Il préférait rester tranquillement dans son coin et que ses amis arrêtent de vanter ses mérites auprès des filles.
Mais pour l'heure il n'était pas question de le leur faire part. C'était Halloween et il comptait bien en profiter. De plus, le lendemain est synonyme de début de championnat.
Pour ce premier match, les tenants du titre affronteraient les Canaris Fougueux, à la recherche de leur centième titre. Le match risquait d'être palpitant. Édouard a pu en parler avec Gaëlle, Alf et Abe tandis qu'il avait quitté Charles et Enola devenant de plus en plus insistant quant à l'intérêt de Lisaine pour lui. Cherchant à esquiver la question, il retrouva avec joie ses coéquipiers des Pégases. Alfe qui avait fait une mauvaise chute lors du match amical arborait un magnifique oeil au beurre noir qu'on croirait arriver à point nommé pour cette période d'Halloween.
Finalement, la soirée se termina par un bal auquel Édouard ne voulait pas assister sous peine d'être obligé d'inviter Lisaine à danser sous l'insistance d'Enola et Charles. Il monta donc se coucher seul, dans son lit douillet avant de s'endormir profondément en pensant au championnat qui débuterait dès le lendemain.
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