14 - Joyeux anniversaire Edouard (3/3)
Mais l'heure n'était pas à l'analyse vestimentaire des joueurs adverses. L'hiver allait arriver dans deux jours. L'atmosphère était plus glaciale que jamais, annonciateur d'un hiver froid et violent. Édouard eu du mal à se stabiliser sous cette rafale de vent. Mais il n'eut bientôt plus a s'en inquiéter puisque Rouge-Carton siffla le début du match. N'ayant pas de balai assez rapide pour se jeter sur le souafle, Édouard laissa Gaëlle et son Brossdur 11 filer vers la balle rouge.
C'était la stratégie qu'avait décidé leur capitaine lors de leurs entrainements. Édouard plongea vers le sol pour se faire oublier des joueurs adverses afin d'être démarqué au cas où Gaëlle avait besoin de passer le souafle. Mais lorsqu'elle voulu s'en saisir, un poursuiveur adverse fila plus vite qu'elle.
À cet instant, Édouard se rendit compte que l'éclair de feu était effectivement un balai impressionnant. Le poursuiveur fila seul vers les anneaux des Pégases sans même l'aide de ses camarades. Helena protégea instinctivement l'anneau en or valant dix points, laissant libre l'anneau en argent. La sentence ne se fit pas sentir.
— Les tentacules marquent ! hurla Victor à son micro quelque part dans les gradins. 5 à 0 ! Magnifique but du capitaine François
Ca commençait mal. Le match venait à peine de débuter et les pégases étaient déjà menés au score. Mais Édouard n'était pas aussi paniqué que lors du match amical contre les Titans. Il sut qu'ils pouvaient renverser la tendance.
Frustrée de s'être pris un but aussi rapidement, Helena renvoya le souafle en grimaçant, à Rémi qui se lança a son tour vers les buts des Tentacules. Il fut rapidement rattrapé par une poursuiveuse à la tunique verte foncée et parvient tout de même à passer le souafle à Gaëlle. Alf et Abe lancèrent des cognards pour libérer la voie à la poursuiveuse blonde. Mais l'un des batteurs adverse renvoya l'un des cognards obligeant Gaëlle a se débarrasser de la balle.
Édouard comprit aussitôt qu'elle voulut lui passer le souafle. Mais n'ayant pas anticipé l'action assez vite, Édouard fut trop court pour récupérer la balle rouge. Elle était sur le point de toucher le sol lorsque le dernier poursuiveur des Tentacules rattrapa la balle de justesse avec une grâce impressionnante. À cet instant, Édouard s'en voulu de faire échouer une action de son équipe comme contre les Titans. Il eut l'impression que ses vieux démons furent de retour.
— Allez Ed, c'est pas grave, reprend-toi ! encouragea Gaëlle
Édouard tenta de se ressaisir mais la suite du match n'allait pas être à son avantage. Helena parvient à stopper plusieurs tirs difficiles. Mais Les tentacules étaient tellement agiles et leurs balais si rapide qu'il était impossible de mettre en place une stratégie. Édouard eut l'impression de ne servir à rien auprès de ses coéquipiers. Mené déjà par 15 à 0, Jérémy, perché a une hauteur plus importante que ses camarade pour mieux repérer le vif d'or, suggéra à ses joueurs de tenter la combinaison qu'ils avaient apprise à l'entrainement.
— Mais Jérémy ! Cria Abe, on n'est jamais parvenu à réussir cette...
— Vous n'avez pas essayé ! Cria-t-il, faites-le !
Après un temps de réflexion où les Pégases s'observèrent en s'interrogeant, Helena prit la décision d'écouter Jérémy et encouragea les poursuiveurs à se mettre en position.
La combinaison de Crockstone apprise à l'entrainement exigeait de la rapidité et de la cohésion avec les batteurs. L'Astiqueur de l'école ne pouvait pas permettre à Édouard de participer à cette manœuvre. Mais Helena lui passa tout de même le souafle pour laisser le temps à Gaëlle et aux cousins de se mettre en position.
Ainsi, les batteurs se postèrent devant la poursuiveuse et attendirent qu'elle reçoive la balle. Cette fois, Édouard était bien décidé à ne pas faire échouer l'action car elles allaient sûrement se faire rares contre cette redoutable équipe.
Il se rapprocha donc le plus possible de Gaëlle pour lui faire une passe en pleine course plus difficile à attraper même pour des joueurs en possessions de très bon balai. Dés que Gaëlle intercepta la passe d'Édouard, elle fila vers les buts sous la clameur du public. Victor accompagna l'action en se demandant bien ce que les Pégases ont préparés.
— Les blancs et ciel ripostent enfin d'une étrange manière, commenta-t-il, que nous prépare-t-ils ? Que font les batteurs Cousins...
La trois Pégases avancèrent en formation serrée suivit de près par Rémi, le réunionnais en couverture. Lorsqu'un cognard arriva à portée de la batte d’Alf, il le passa à son cousin qui l'échangea à son tour. Ils se firent ainsi des passes de cognards entre eux devant Gaëlle pour brouiller les pistes. Édouard aperçu les poursuiveurs des Tentacules complètement décontenancé.
Édouard était ébahit par l'agilité dans laquelle faisait preuves les batteurs. Jusque là, ils n'étaient jamais parvenus à s'échanger le cognard plus de trois fois. Cette balle étant totalement instable et imprévisible, les tentatives de réussir cette combinaison étaient pratiquement nulle.
Selon Jérémy, cette technique avait permis à l'équipe nationale du Kazakhstan de devenir championne du monde en 1873. En tout les cas, l'effet de surprise semblait fonctionner. Les tentacules restèrent statiques et le gardien oublia de regarder Gaëlle s'approcher avec le souafle. Parvenu à une distance raisonnable, Abe décocha un tir pour déstabiliser le gardien. L'anneau en bronze fut libéré et Gaëlle tira dès que les batteurs se furent écartés de son passage.
— But ! S'exclama Victor. Les Pégases réduisent le score suite à une combinaison tout aussi original qu'efficace ! Les Tentacules mènent désormais de quinze buts à un !
Gaëlle n'avait malheureusement pas pu marquer dans le cercle d'or mais c'était déjà ça. Jérémy félicita ses joueurs et les encouragea à continuer ainsi. Mais les tentacules ne se laissèrent pas intimider. Profitant de l'engagement pour récupérer le souafle, le capitaine François marqua dans le cercle doré sans qu'Édouard ni Helena ne puissent faire quelque chose.
Les éclairs de feu étaient trop rapides. Les Pégases se faisaient humilier 99 à 1. Tout était allé très vite. L'équipe de Domptin enchainait les passes et les combos dévastateurs. Les Pégases étaient débordés. C'est alors que la voix de Victor s'éleva dans les airs.
— Jérémy Dauvel semble avoir repéré le vif d'or !
En effet, Jérémy s'était élancé quelques secondes avant l'attrapeur adverse. Des secondes précieuses qui lui ont permis de se saisir du vif d'or rapidement mettant ainsi un terme au massacre.
— INCROYABLE ! s'exclama-t-il tandis que des sifflets à l'encontre des Pégases s'élevèrent dans les tribunes. Dauvel s'empare du vif d'or et fait gagner son équipe à la surprise générale ! Les pégases s'imposent par 151 à 99 ! Quel match ! Personne ne s'est attendu à un tel scénario.
Édouard souffla de soulagement. Si la défaite contre les Titan était plutôt facile à oublier, cette première victoire était très amère. Édouard avait très mal joué et si Jérémy n'avait pas attrapé le vif d'or, le résultat aurait été bien pire. La fin de match avait un étrange goût. Les vainqueurs étaient silencieux et les vaincu rageurs. Lorsque les deux équipes se retrouvèrent au sol pour se saluer, le capitaine des Tentacules vint serrer la main de son homologue blanc.
— Bien joué Jerem, dit-il en gardant une neutralité implacable.
— Non, bien joué à vous, fit Jérémy avec politesse. Ton équipe a été bien plus forte, Pierre.
— Je veux une revanche, exigea-t-il avec fermeté. Je veux que vous nous prouviez que vous méritiez de gagner ce match. Je vais demander à Domptin d'organiser une rencontre non-officiel.
Jérémy resta silencieux. Il ne pouvait pas refuser car il était vrai que les Tentacules méritaient une revanche. Ils rejoueraient probablement ce match au stade d'entrainement et sans public.
Jérémy préféra se taire après le match et n'adressa pas un mot au reste de son équipe. L'ambiance était électrique dans les vestiaires. Tout le monde avait conscience qu'ils n'avaient pas fait un très grand match.
Édouard se coucha tôt ce soir là. Il ne répondit même pas aux compliments de ses amis lors du dîner. Enola trouva que les tenues des Pégases étaient très réussies et qu'ils avaient une très belle allure. Charles s'était émerveillé devant la combinaison de Crockstone. Mais cela ne suffit pas à remonter le moral d'Édouard. Il avait très mal joué, c'était tout ce qui importait. C'était encore un anniversaire affreux mais il était habitué.
Édouard fut réveillé le lendemain par Armand qui chuchotait dans la chambre en manquant de discrétion.
— Mais on ne va pas le réveiller !
— Il est déjà 10h ! je sais que c'est le début des vacances de Noêl mais quand même, dit Charles tandis qu'Édouard ouvrait péniblement les yeux.
Le soleil était déjà haut dans le ciel et inondait la pièce de lumière. Il se redressa alors pour tirer les rideaux bleus nuits de son baldaquin afin de saluer ses camarades de chambres. Ils étaient encore en pyjama et portaient des pulls en laine à grosse maille pour rester au chaud. Le poêle de la chambre inondait la pièce d'une chaleur apaisante et Édouard ne put s'empêcher de sourire. La journée d'hier était à oublier mais la nuit fut assez réconfortante pour passer à autre chose.
— Pourquoi vous souriez bêtement ? demanda-t-il a Charles et Armand qui arboraient effectivement un sourire béat et semblaient cacher quelque chose dans leur dos.
— Joyeux anniversaire Ed, firent-ils en même temps et en présentant des paquets cadeaux à leur ami à peine réveillé.
— Quoi ? dit-il surpris. Mais qu'est-ce qui vous prend ? C'était hier mon ann...
— C'est vrai, fit remarquer Armand, mais comme tu n'étais pas de bonne humeur on a préféré t'offrir tes cadeaux ce matin
— Des cadeaux ?... Mais fallait pas les gars, fit Édouard touché par cette intention.
— Allez arrête de faire le modeste et ouvre tes cadeaux, s'empressa de dire Charles qui était impatient de découvrir la réaction d'Édouard à l'ouverture de ses paquets.
C'était une étrange sensation que d'ouvrir un cadeau pour en découvrir le contenu. Mais plus étrange encore fut la sensation douce et agréable de recevoir quelque chose de la main de quelqu'un d'autre uniquement parce qu'on l'apprécie et pas parce qu'on y est obligé. Tout ceci semblait totalement nouveau pour lui.
Ne quittant plus son sourire de son visage, Édouard déballa le cadeau d'Armand. C'était des sortes de jumelles en cuivres un peu étranges. Elles comprenaient en effet des molettes et des boutons sur le coté dont Armand s'empressa d'expliquer le fonctionnement.
— Ce sont des multiplettes, expliqua-t-il. C'est très pratique quand on assiste à un match de Quidditch. Quand tu tourne la molette de droite tu peux même voir les ralentis et il y a un petit cadran qui accompagne les images avec des explications très détaillées.
— Wouah, fit Édouard impressionné en observant l'objet dans ses moindres détails, je ne sais pas quoi dire c'est... Merci Armand
— Ok super, allez ouvre le mien ! fit Charles plus impatient que jamais.
Édouard s'exécuta en rigolant et prit le paquet un peu plus volumineux que celui d'Armand. Il le déballa avec le même enthousiasme et eu la même expression de surprise en découvrant un album de cartes à collectionner. Sur la couverture violette on pouvait lire en lettre d'or : L'album des collectionneurs de cartes Chocogrenouilles.
— je t'ai mis les cartes que j'avais en double à l'intérieur, expliqua Charles tandis qu'Édouard découvrit l'intérieur de son album.
Il y avait en effet des cartes en forme de pentagone toutes représentant un sorcier ou une sorcière célèbre. Il devait en avoir une vingtaine à peu près mais il restait encore des centaines d'espaces vides pour compléter son album.
— Ce sont des cartes chocogrenouilles, poursuivit Charles en sortant trois petites boites de la même forme que les cartes de son album. J'en fais la collection depuis que j'ai six ans. J'en ai près de 145 différentes. Elles représentent toutes un sorciers ou une sorcière célèbre. Tenez les gars, finit-il en offrant une petite boite à chacun avant d'ouvrir la sienne.
Édouard fit de même et découvrit à l'intérieur une véritable grenouille en chocolat qui coassait et s'appétait à bondir hors de sa boite. Édouard l'attrapa juste à temps avant de la manger d'un seul coup. Le goût était tout à fait ordinaire. C'était un simple chocolat au lait mais une fois dans la bouche il fondait comme neige au soleil provoquant ainsi la douce sensation du lait chaud se répandre dans tout le corps. Idéale pour l'hiver.
Mais ce qui intrigua le plus Édouard était la fameuse carte que renfermait la boite. Dans la sienne, il y avait un jeune sorcier qui lui souriait et lui faisait des signes de la main, comme toutes les images et les photos du monde magique. Ce jeune sorcier avait des cheveux d'un noir de jais et des lunettes rondes caractéristique. Il portait une écharpe rouge et jaune autour du cou et une étrange cicatrice sur le front. Il devait être âgé d'une vingtaine d'année environ. Sous sa photo, on pouvait lire son nom.
— Tu as eu Harry Potter ! remarqua Charles en observant la carte de son ami, je te l'ai déjà mise dans ton album.
— C'était qui ? demanda-t-il alors que Charles et Armand se regardèrent avec étonnement oubliant qu'Édouard ne venait pas du même monde qu'eux.
— C'est le sorcier le plus célèbre de notre époque. Lit sa biographie au dos de la carte
Édouard s'exécuta et lu le petit texte qui accompagnait la photo.
Harry Potter, sorcier (1980 – aujourd'hui)
Célèbre pour avoir vaincu le mage noir Voldemort. Il est le seul sorcier à avoir survécu au sortilège impardonnable d'Avada Kedavra, le sortilège de mort. Il n'était alors âgé que de un an seulement.
Édouard était ravi de recevoir un tel cadeau. Il avait toujours envié Ludovic et sa collection de timbre. Quand il vivait au 27 rue Alfred Jarry, il voulu faire de même en collectionnant des fèves mais il ne parvenait jamais à en rassembler un grand nombre. En réalité, il ne parvenait jamais à obtenir un nombre suffisant d'objet divers pour pouvoir appeler ça une collection.
Maintenant, il pourra enfin passer du temps sur une collection et éprouver du plaisir à rassembler ces cartes de sorciers et sorcières célèbres.
C'est alors qu'Enola entra dans la pièce à la volée.
— Oh vous avez commencé sans moi ? s'indigna-t-elle
— Ben tu n'arrivais pas et puis, il se réveillait, se justifia Charles.
— Bon, c'est pas grave, dit-elle en s'approchant du lit d'Édouard, joyeux anniversaire.
Elle tendit alors un nouveau paquet à Édouard qui ne su encore pas quoi répondre. Il se contenta alors de l'ouvrir pour en sortir un manuel à la reliure verte et au cachet de cire.
— Le Quidditch à travers les âges, volume II, lut-il sur la couverture. Merci Enola c'est...
Les mots lui manquèrent. Il avait envie de lire le premier chapitre sur le champ. D'en apprendre encore plus sur son sport favori. Mais toutes ses émotions lui avaient ouvert l'appétit. Finalement, c'était le meilleur lendemain d'anniversaire qu'il n'a jamais eu.
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