Perdu dans ses pensées, Victor ne s'était pas rendu compte qu'il avait continué son chemin. Il ne se souvenait pas des paysages qu'il avait parcouru, il ne se rappelait pas d'avoir entendu le moindre bruit. Il avait été seul sur son chemin vers des retrouvailles tant attendues.

Victor ressemblait à un vieillard. Accablé par le poids de sa tristesse infinie, il marchait le dos courbé, et les mains croisées dans le dos. Au loin, un paysage maritime commençait à se dessiner. On sentait les effluves de la mer, on entendait quelques vagues s'éclater contre les rochers. La vie nocturne commençait à se réveiller.

Pourtant, le vieil homme n'en n'avait que faire. Il ne regardait ni le soir qui tombe, ni les voiles au loin. Il prit un chemin de terre qui semblait abandonné tant la végétation alentour avait proliféré. Il lui fallut écarter des branches sauvages et veiller à ne pas se prendre les pieds dans les ronces.

Il arriva enfin. Sa fille habitait là. Le grand portail à l'entrée l'impressiona un peu. Il le poussa pourtant avec vigueur, pressé d'arriver. Il trouvait l'endroit peu accueillant, mais les fleurs qu'il lui avait apporté égayeraient l'environnement. Il marcha d'un pas décidé, sans prendre gare où il mettait les pieds.

Et quand il arriva, il mis sur sa tombe un bouquet de houx vert et de bruyères en fleur.