Du ciel
Je l'ai pris sur la tête, vu d'où elle venait, ça aurait pu me tuer, mais elle avait peut-être des ailes, une bouteille en verre, elle contenait une lettre couverte d'une écriture qu'un médecin aurait pu revendiquer :
"Cher vous,
Je sais que vous avez quelques accointances avec le paranormal, alors j'ai une petite chance que vous croyiez le contenu de ma missive.
Il se trouve, voyez-vous, que je suis mort. C'est un lieu commun, vous en conviendrez. Mais ce qui l'est moins c'est que je sois parvenu à détourner le regard des gardiens, qui, quoi que forts sympatiques, sont tout à fait psychorigides, n'ont aucune tolérance et maintenant que j'y pense, très peu d'humour. (une fois J'ai voulu soulever un voile mystique pour regarder ce qu'i... je m'égare).
Pendant les cent premiers espace-temps de nos errances, le même avertissement nous traverse, (après cette durée, cela n'a plus guère d'importance, les nôtres sont tous là),
"Interdiction formelle de communiquer avec les mortels, sous peine d'une réincarnation immédiate et sans confort, dans un pays en guerre où on ne mange que des brocolis"
C'est d'un ennui !!!
Mais moi je me suis fait une promesse et je n'ai pas tellement l'habitude d'obéïr aux autorités, fut-elle éthérique et puis une réincarnation ? Boâh ! j'aime plutôt bien les brocolis.
Hors ça donc, j'ai subtilisé à un naufragé en phase terminale de déshydratation sa bouteille à la mer. Un peu d'encre de sèche, un morceau de bois flotté, et voilà ma missive engagée.
J'avais un prétexte en béton pour errer en mer, un lieu très peu fréquenté par mes pairs ; Je devais ramener la pauvre âme qui quittait son corps. Ce que j'ai fait, bien sûr ! Je ne suis pas un monstre.
Mais m'envolant vers les cieux, j'ai fait un détour par quelques pensées pour trouver un esprit compatible. Merci d'être là et de vous promener sur la plage. J'espère que vous voudrez bien m'aider.
Je vis, vivais, 6 rue Concave, vous connaissez, n'est-ce pas ? La rue est dans votre village.
Au demeurant ne soyez pas étonné que nous ne nous soyons jamais croisés... Vous l'avez peut-être remarqué, les maisons devant lesquelles vous passez ont toujours les volets fermés ? Oui je puis vous le confier maintenant, les villageois chuchotent que vous êtes une sorcière.
C'est visiblement le cas, j'ai de la chance !
Bon je serre autant que possible mes mots mais l'encre sèche et mon écriture est infâme, le bois flotté n'est pas la plume l'idéale.
S'il vous plaît passez voir ma femme, elle est à l'hôpital, brûlée assez gravement il me semble, et dites lui que j'ai oublié d'éteindre le feu sous la soupe. C'est ce qui a provoqué l'incendie. Dites-lui aussi que je lui souhaite une mort lente et pénible.
Oui, je vous l'assure cette fois encore, je ne suis pas un monstre, mais c'est elle qui m'a tuée !
Merci infiniment pour votre aide !"
Des accointances avec le paranormal, d'accord, mais je ne vais quand même pas mettre les gardiens de travers ! Et puis les scènes de ménage c'est sans moi. Vous me voyez, à l'hôpital chuchotter des horreurs, des souhaits de souffrance à une femme mourante ?
Je vois que là-haut aussi, il y en a qu'il vaut mieux ne pas fréquenter !
Non mais, ils vont m'entendre les gardiens ! Font leur boulot n'importe comment !
Alors d'un geste aussi puissant que possible, j'ai lancé la bouteille vers le ciel.
Elle n'est pas retombée !
Non mais ! J'espère bien qu'il s'est fait tanner l'éther !
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