Toi, Moi, Et l'Horizon
Je m'en souviens,
Toi certainement.
C'était en avril, un mardi de vacances.
On marchait, on se dirigeait sans savoir vers où, pourtant,
On marchait, là, sur ce chemin.
Ce chemin où tous les dimanches la même vieille femme donnait à manger aux oiseaux,
Ce chemin où quand il pleuvait, nous devions esquiver les flaques d'eau,
Ce chemin où nous nous arrêtions souvent,
Sur un banc inconfortable,
Le banc vert et marron.
Ah, ce banc ...
Il se souvient de tout,
De toi, de moi, de nous.
De nos secrets, de nos pensées,
De nos larmes parfois, mais surtout de nos rires.
Il se souvient de tout, Vraiment tout,
Même de ce que l'on aurait dû garder pour nous.
Il n'était pas obligé de tout savoir, ce banc.
Ce jour d'avril, nos cœurs battaient la chamade,
Nous n'avions pourtant pas couru.
Je m'en souviens,
Toi certainement,
De la raison pour laquelle nos poitrines se prenaient pour des tambours.
On avait peur.
Juste peur.
Peur des gens,
Peur de l'avenir,
Peur de nous,
Peur de se perdre, l'un l'autre,
Sans plus personne vers qui se tourner.
Nous avions des larmes à revendre ce jour-là,
Je m'en souviens,
Toi certainement.
Des larmes de tristesse,
Des larmes de joie,
Des larmes de réconfort.
On regardait les ponts, le fleuve, les gens,
Et nous nous regardions,
L'espace d'une seconde ou de trois heures,
Je ne me souviens plus,
Toi non plus, évidemment,
Sans parler, on savait, et on s'est promis.
Le banc connaît notre promesse, il doit être le seul.
Main dans la main,
Ta tête dans le creux de mon cou,
La chaleur qui émanait de nos corps séchant les traces de nos larmes,
Et puis, ce petit sourire au bout de tes lèvres que seul toi ne pouvais porter si bien,
Nous étions sereins,
Nous étions heureux,
Nous étions amoureux.
Je m'en souviens,
Toi certainement,
De ce dernier moment à nous,
Rien qu'à nous,
Toi,
Moi,
Et l'Horizon.
Annotations