Les pigeons, 2015
Dans le bâtiment où je lisais mon journal avant-hier, un pigeon est entré, tranquillement. Le bruit d'un battement d'ailes, puis une forme sombre...
Il s'est approché de moi, et je m'amusais à rester tranquille et à le laisser venir, mais en m'agitant un tout petit peu trop pour qu'il soit à moins de cinquante centimètres. Quand il était trop proche, il semblait redouter cet animal en caoutchouc avec un énorme cou qui remuait.
Une vie d'expérience d'une nouvelle nature... - enfin, qu'en sait-il, lui ? pardon, d'une nature dangereuse et pleine d'animaux bizarres, très rapides et très durs.
J'aime bien voir la réaction des animaux à notre environnement, voir comment ils s'y adaptent, comment...comment ils nous découvrent derrière... Je crois que c'est pour ça : j'ai envie qu'ils nous ou qu'ils me connaissent...
Mais je n'aime pas les pigeons, ils n'ont pas grand chose de naturel. Je ne dis pas qu'ils sont culturels ; mais leur nature, leurs instincts, ne correspondent plus qu'à l'environnement artificiel de nos villes.
Je hais les pigeons comme des oiseaux que la ville a peints en un affreux gris, et qu'elle a rendus hideux et horriblement adaptés au rythme des voitures et des déplacements des hommes. Les pigeons sont comme des robots avec seulement une mécanique naturelle - mais que les hommes ont bricolée involontairement.
Dans la nature, ils n'ont certainement pas la même maîtrise que dans l'environnement urbain. Ici, ils dominent pratiquement toutes les autres races d'oiseaux. Ce sont les plus moches, avec leur robe grise où brillent des couleurs d'un goût fort douteux, qui sont comme des tâches sur leur dégradé de gris, des imitations des belles couleurs de leurs cousins oiseaux par des citadins, qui auraient ramassé pour ce faire des paillettes trouvées par terre et piétinées maintes fois.
C'est plein de leur laideur qu'ils maîtrisent nos villes, et qu'ils deviennent les plus prompts à recevoir nos miettes de pain, en se battant comme se bat un oiseau : avec son bec. Et les coups parfois s'enchaînent ; là où la nourriture de leurs amis les humains abondent, ils se déchaînent pour se la disputer, étant nombreux à la lorgner et n'ayant pas besoin d'entraide.
Et le sang s'ajoute à ces figures déjà hideuses.
Les pigeons sont les immondes rejetons de l'environnement urbain, une autre Dame nature n'ayant aucune ressource pour concurrencer celle qui donna les couleurs aux oiseaux, mais qui se permet d'essayer, avec des résultats souvent décevants.
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