(DÉFI) Secrets de terrain
/!\ Avertissement : scènes sexuellement explicites /!\
La cérémonie commença. Les cent couples élus par Eugène, chef de la secte, s'avancèrent sur la prairie où cent tables de bois munies de couvertures épaisses les attendaient. Les hommes étaient vêtus d'une robe proche de la kesa couleur safran des moines bouddhistes, en plus fines et plus légères, tandis que les femmes portaient la couleur blanche. Et tous avaient le visage caché par un masque de carnaval simpliste et également blanc. Des bols tibétains et autres percussions métalliques diverses résonnaient de toute part pour accompagner la saillie. Pas de musique, juste une accumulation de sons apaisants. Les femmes se positionnèrent alors sur leur table respective, dans la position de leur choix. Les hommes, quant à eux, dégagèrent les vulves du seul tissu qui les recouvrait pour y plonger leur sexe dressé.
Eugène, vêtu d'une robe parme et perché dans son « arbre sacré », s'arma de son arc de Cupidon puis tira des flèches en direction du vide pour ne pas blesser ses précieuses ouailles. Ce n'était pas une orgie, car les partenaires ne s'échangeaient jamais. Juste un accouplement célébré devant les nouveaux membres tels que moi, assurés d'intégrer le prochain troupeau d'élus, une fois les unions validées. D'ailleurs, le coup de gong nous invita, spectateurs, à se mettre en quête d'un partenaire, théoriquement stimulés par les ébats de nos pairs.
De notre côté, les mâles portaient du bleu ciel et les femelles du gris clair. Il ne me restait plus qu'à suivre le mouvement, explorant des mains celles que je choisissais et vice versa, avant acceptation réciproque et définitive. Même si palper et caresser des poitrines, des ventres et des fesses comme de se faire masturber et tâter en retour n'avait rien de désagréable, ma conscience me rappela à l'ordre. D'un autre côté, je devais le faire. Cela faisait partie du rituel du Temple Eugénique. En outre, je ne devais pas me faire remarquer, encore moins exclure par manque de bonne volonté. J'étais là pour Eugène, ou plutôt Victor Haquart.
Les semences commençaient à se déposer dans les allongées. Certaines femmes arrivaient même à jouir, hurlant leur orgasme en pleine nature, au milieu de ce camp isolé, situé à des centaines de kilomètres du premier village. Elles auraient pu crier de toutes leurs forces sans souci d'être entendue.
Une initiée, du même rang que le mien, se mit à genoux, me proposant jusqu'à la fellation après m'avoir saisi le membre sans mot dire. J'hésitai. Elle poursuivit dans mon silence indécis. Malgré l'immense gêne, j'arrivai à tenir l'érection, ce que je n'expliquais que par la dissimulation de mon visage. C'était bien la première fois que je pratiquais le sexe devant d'autres personnes. Et je n'aimais vraiment pas cela. Après de longues minutes, je sentis la fin arriver, la goutte de trop pour ma conscience, pour ainsi dire. Je décidai de la stopper dans son élan avant qu'il ne soit trop tard. Mais elle me saisit les fesses par surprise, emprisonnant ma verge dans sa bouche, de sorte que je ne pus tenir la pression plus longtemps. Malaise et plaisir s'élancèrent dans la gorge de cette étrangère que je regardais avec inquiétude. Difficile donc de savourer pleinement l'instant au vu des circonstances, mais elle méritait bien d'être choisie. Devais-je à présent lui rendre la pareille ? Apparemment oui. Elle s'essuya la bouche avec un mouchoir dont la broderie jaune dépeignait l'ange « eugènique », puis s'allongea dans l'herbe, cuisses écartées. L'orgasme mutuel n'apparaissait guère comme une condition sine qua non pour s'unir.
Par politesse, dirons-nous, plus que par pure envie, je livrai ma langue sur sa vulve rasée à la perfection, en plus des deux doigts constitués prisonniers. Quelques minutes plus tard, j'y pris quand même goût pendant qu'elle se tortillait comme un ver, appuyant ma tête contre son sexe. Elle aussi finit par venir. Je n'étais pas si rouillée malgré mon célibat de trois ans. Affaire classée.
Nous restâmes côte à côte, main dans la main, signe de notre entente pour la phase suivante. La centième éjaculation acheva la saillie. De notre côté, les unions se terminèrent également après vingt minutes supplémentaires.
Eugène applaudissait, fier et ravi de cette énième cérémonie, heureux d'être à l'origine du repeuplement de l'espèce grâce à tous ces corps soigneusement triés sur le volet. Critères de sélection ? QI supérieur à 130, bonne situation, santé de fer et nationalité française pure souche, car Eugène incarnait un racisme authentique, si bien que la police le suspectait d'avoir provoqué la mort de plusieurs couples d'origine africaine au monoxyde de carbone. Mais il s'en était toujours tiré. Néanmoins, selon mes sources, l'enquête était sur le point d'aboutir, d'où l'urgence pour moi de passer à l'action.
Ma partenaire de quelques jours me serra la main, comme satisfaite de m'avoir trouvé. Nous devrions donc échanger nos fluides demain, au cours de la prochaine copulation de masse. Mais moi, je serais dans mon bureau, les doigts sur le clavier, en train de rédiger mon prochain article, l'esprit riche de quelques secrets de terrain. Le titre de ma première page tournait déjà en boucle dans mon crâne.
Eugénisme*, le retour !
* : Ensemble des recherches (biologiques, génétiques) et des pratiques (morales, sociales) qui ont pour but de déterminer les conditions les plus favorables à la procréation de sujets sains et, par là même, d'améliorer la race humaine.
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