Le champignon d’or était planté dans une terre riche et humide, plaine de racines grêles et de rhizomes enchevêtrés. Il tâtonnait un kyste sur le rebord de son chapeau qui avait poussé durant la nuit. Les plantes lui avaient fait échapper à une mort certaine. Elles le laissaient faire sa vie dans leurs souterrains. Or, ce n’était pas elles qui l’avaient formé, mais des petites créatures qui mangent des insectes et des petits champignons. Il n’était pas très serein. Les plantes l’avaient protégée, mais à quel point ? Il voulait regagner la forêt, mais il était très bien planté dans ce tunnel, éclairé par un rayon de lumière au-dessus de lui. Un choix difficile pour un champignon aussi gourmand que lui.

 Finalement, à la nuit tombée, il s’endormit. Là où il aurait mieux dû s’enfuir, car les rongeurs nocturnes sortirent de leurs terriers et parcoururent leurs galeries à l’abri des prédateurs. Mais, c’était sans compter sur la présence de ce gros champignon qui encombrait le passage. Ils approchèrent leurs museaux allongés – fendus en deux – pour renifler ce gros truc coloré. L’odeur alléchante et sucrée qui s’en dégageait ravit leur estomac qui gargouilla. L’un d’eux ouvrit sa gueule en quatre et planta ses dents dans le chapeau doré. Aussitôt, un couinement affolé secoua le champignon qui se déracina d’un si grand bond qu’il jaillit en dehors du tunnel, et se réceptionna sur ses racines après un triple saut périlleux.