La forêt offrait un beau couvert contre les oiseaux et les hauts prédateurs ; maintenant, le champignon d’or savait qu’il ne lui fallait jamais retourner sur les vastes plaines, aussi jolies et amusantes soient-elles.

 Il longeait un cours d’eau où frétillaient quelques têtards et des poissons miniatures à la tête en cône, leur bouche ronde étirée aspirait le liquide cristallin, puis ils bondissaient avec amusement comme des dauphins malgracieux. Hors de la petite rivière, avec une précision chirurgicale, ils recrachaient leur eau sur le champignon, et replongeaient en émettant des rires stridents.

 Non-content d’être aussi gratuitement éclaboussé, le champignon d’or se jeta dans l’eau en couinant de colère. Il était excédé par toute cette malchance qui lui tombait dessus. Il n’en pouvait plus ! Il pataugea maladroitement et poursuivit les petits espiègles. Ces derniers, après s’être bien reculé, lui crachaient de nouveau à la figure.

 Le champignon, fatigué de se débattre en vain, retourna sur la rive où il se planta dans un rayon de soleil afin de sécher correctement. Les poissons se regroupèrent devant lui, et, après une courte préparation, s’unir pour lui offrir une douche froide. C’est seulement quelques minutes plus tard, qu’il décida de s’en aller.