Entre les tiges vertes des fougères et les branches humides, sur la mousse et l’humus, apparut une boule de suie dodue et poilue sur quatre paires de pattes. Le champignon d’or avait cessé de bouger, et avait même forcé son bébé à se planter dans la terre pour qu’il se tienne tranquille.

 L’araignée s’avança dans le silence prédateur de ses pas et s’arrêta à leur hauteur. « Ahuhuhu », fit-elle en sentant la bonne odeur du sucre se dégager du champignon. Elle prit appuie sur le bébé immobile enroulé dans les racines de sa maman, mais, ce dernier, dont l’ego interdisait d’être monté, lui donna un coup fouet rapide.

 L’araignée recula vivement et montra ses chélicères, si bien que le petit bondit et s’illumina en sifflant de fierté ! Elle s’apprêta à l’attaquer, lorsque la maman s’interposa. Elle se déracina d’un bon gracieux, son bébé dans les bras, tourbillonnante comme autrefois, elle atterrit souplement sur l’humus et fila comme l’éclair entre les fougères.

 Poursuivie par l’araignée, elle accéléra plus vite qu’elle n’était jamais allée, et la sema en s’enfonçant dans un terrier de lapin dont les différentes sorties lui permirent de tromper l’ennemie.

 Elle l’entendit chanter, mécontente ou alors joyeuse. « Ahuhuhu. »