Pomme Rieuse
Le manteau feuillu de la forêt se découvrait progressivement avec la venue imminente de l’hiver, apportant dans son sillage les papillons blancs. La maman champignon d’or creusait un trou pour elle et son petit, ce dernier tout excité dans les amoncellements de feuilles colorées. Il sortit deux yeux mous de sous son chapeau aux reflets d’argent et contrôla la cime, à la recherche de boules de suies. Or, c’est d’un buisson encore vert foncé que vint un rire aigu.
« Mihihihi ! »
Il resta sans bouger, les yeux tournés vers la source inconnue. Il jaillit alors des dizaines, non, des centaines de pommes rouges tourbillonnantes ! Elles roulèrent avec frénésie dans sa direction ! Le petit champignon s’était transformé en trompette horrifiée et courait maintenant vers sa maman alertée par ses barrissements maladroits. Devant le grand champignon d’or, les pommes espiègles s’en retournèrent en riant à leur buisson.
La maman récupéra son petit qu’elle posa sur son chapeau et se dirigea vers la maison en perdition des créatures. Leurs rires continuaient, incessants, elles pouffaient en se pensant bien cachée, et, lorsque le champignon jeta un caillou, elles se jetèrent comme des folles pour le bousculer et ensuite retourner à leur cachette. Finalement, la maman s’approcha, moins inquiétée, et reçut une vague inoffensive de pommes joueuse. Ils avaient de bien étranges voisins.
Annotations
Versions