La Créature de l'Hiver. (Partie Finale)
Les pommes et le champignon quittèrent leur cachette, de grosses branches écrasaient à présent les ronciers où ils s’étaient tapis, leur dôme de soie en piètre état. Ils découvrirent l’immense tronc abattu, non loin, qui avait tiré de la terre un gémissement de souffrance et des convulsions déroutantes.
Le champignon attrapa une pomme et la posa sur son chapeau, sans d’autres raisons que pour se sentir plus à l’abri, maintenant qu’il en connaissait les extraordinaires capacités.
« Mihihi ! »
Des boules rouges revinrent à vive allure de sous le feuillage et les branches abattues, et sautillèrent énergiquement devant eux ; levant les yeux, ils découvrirent, immense, une gueule béante et sifflante obscurcissant les cieux.
Les crocs se plantèrent brutalement dans le sol et charrièrent la terre autour des aventureux malchanceux ; lorsqu’un cri perçant, suivit d’un étrange fracas métallique, coupa la bête dans son élan. Elle redressa la gueule, le champignon pendu à un bout de terre coincé entre ses canines jaunâtres ; les pommes agitées, ici et là, s’extrayant de ce perchoir puant, celle restée sur le chapeau d’or et d’argent lui permettant de quitter la bête avant qu’elle mastiquât, son attention détournée.
De retour au sol, car une pomme fut insuffisante à le porter, ils s’enfuirent à vive allure sur leurs pattes grêles – profitant de l’inopinée distraction pour retourner à leur terrier, – poursuivis par des dizaines de voix aiguës et graves, et des grondements roques, comme si un affrontement éclatait, de nouvelles proies étant apparues à la bête affamée.
Au terrier, ils bondirent sur la maman paniquée et soulagée, tous très contents de retrouver cette figure d’égide qu’ils ne quittèrent plus les jours suivants.
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