Le roi des morts. (Partie Finale)

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 C’était un souvenir incertain dans son esprit déchiré par la mort ; un instinct qui le guidait sur le chemin de l’éternel optimisme, car, même face à la Fin elle-même, il était certain de poursuivre son chemin. Le petit squelette, sa fidèle brindille en main, tous deux dressés sans crainte face à l’antique Exécuteur, poussa un cri au plus profond de son âme meurtrie, démentiel, pénétrant jusqu’aux os les plus robustes, couvrant même les rugissements du maelström et la chute des pierres autour d’eux.

 Pas une réponse. Pas un mouvement. Seul un silence grave brisé par l’agonie du monde.

 Jusqu’au premier sifflement. D’abord un bourdonnement. Un essaim. Soudain, une pluie d’ossements surgit des cieux comme la représentation d’une colère divine ; des centaines de petits squelettes se laissèrent choir dans les abysses en criants leur réponse pleine de rage ; des géants, anciens hommes, des bêtes innommables, des amalgames monstrueux, tous des géants dans l’âme de leur roi ; tous bondirent dans le précipice, dans le maelström sans même y réfléchir ; ils s’y brisèrent le crâne, les bras, les jambes, volèrent en éclats, heurtèrent les vagues de sables et l’Exécuteur imperturbable, ses orbites sans vies rivées sur cette représentation malveillante au pouvoir inquiétant. Il sortit du sable un bras, provoquant de nouvelles vagues meurtrières ; sans faillir face à cette attaque indirecte, son adversaire, infiniment plus petit, piaula, délogeant ses pieds des côtes et bondit vers un champiluciole, y plongeant dans ses fesses la pointe de sa brindille ; se retrouvant ainsi à voler dans une course frénétique, entre les pierres et les squelettes pleuvant, il tenta de guider sa monture de fortune jusqu’au crâne Divin, pointant un doigt racorni sur les magnifiques cornes du Dieu ancien. Mais le champiluciole, souffrant, paniqué, virevolta en tous sens, esquiva les squelettes et l’éboulement de la voûte, remonta jusqu’à ses restes sous l’admiration muette de l’Exécuteur. Malgré lui, le petit squelette retrouva les niveaux supérieurs et leur sécurité, où il survola la marrée interminable des existences passées ayant répondu à son appel.

 Il se débattit pour se décrocher, n’y parvenant qu’une fois perdue dans les sombres couloirs, isolé, trop loin pour qu’il se rappelât du chemin menant à ses précieuses cornes. Ainsi reprit-il sa déambulation, à la recherche de cette couronne qui était sienne.

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