Chapitre 7

5 minutes de lecture

Et on s'aimera encore, lorsque l'amour sera mort ...

Les mouchoplanes présidentiels atterrirent sur le toit de l'usine de mise en boîte des produits transpépiniques en un bourdonnement léger. Les nurses et leur Président se faufilèrent avec souplesse vers l'escalier intérieur menant aux grandes salles de confection des boîtes. Quelques-unes d'entre elles restèrent malheureusement sur le carreau en raison d'une rencontre inopinée entre leur tête et les pales des mouchoplanes. Il est essentiel de préciser que ces merveilles de technologie n'ont qu'un inconvénient mais de taille : on ne peut les arrêter autrement que de façon définitive en leur faisant sauter la ciboule - ou on s'en débarrasse en les envoyant mater le dernier Almodovar mais celles-ci sont rudes à la duperie !

Toujours est-il qu'encadré de ces superbes donzelles, le Président descend les étages quatre à quatre, ce qui va rudement plus vite qu'à la manière traditionnelle mais qui pose un désagrément lorsque le nombre d'étages n'est pas un multiple de quatre, ce qui, mine de rien, est fréquent dans nos grandes tours citadines. Bien fait de l'humanité, l'usine de mise en boîte des produits transpépiniques entre dans la catégorie dite des multiples de quatre, ce qui fait que pendant que nous dissertions sur ce sujet, le Président est déjà arrivé dans la salle du bas, au troisième sous-sol.

Il claqua de son avant-bras musclé la porte d'accès au sous-sol quand soudain ...

Il semblerait que ma théorie du grenier ait du plomb dans l'aile. Pourtant, j'avais parié un max sur cette hypothèse avec mon neveu, le petit Maurice. Si je mets la main sur le judas qui m'a refilé le tuyau ! Enfin, avec tout ça, moi, je n'y comprends plus rien ! Surtout, il y a cette histoire de magazine sur la généalogie présidentielle qui me turlupine, pas vous ?

Fx posa un pied sur l'avant-bras du Président en faisant claquer la porte d'accès au quai du sous-sol quand soudain ils se retrouvèrent nez à nez !

- Qu'est-ce que tu fabriques toujours sur mon chemin, agent FX !

- C'est à vous qu'il faut poser cette question, Président ! Je tombe systématiquement sur vous lorsque j'avance dans mon enquête ! Pourquoi ?

- Ben, c'est parce que moi aussi, j'enquête, figure-toi ! Et il semblerait que je sois en avance sur toi, ce coup-ci !

- Pour quelle raison vous trouvez-vous, ici, Président ? Serait-ce une piste ?

- Tu dois le savoir mieux que moi, super agent !

- Oh, moi, je n'ai fait que suivre mon destin ! Sauver la planète est ma mission !

- Tu délires ou quoi, triple buse ?!

FX posa alors son second pied sur le quai, laissant planer un lourd silence que les nurses regroupées autour de leur Président ne gâchaient pas cette fois-ci de leurs papotages. La légende selon laquelle les nurses sont nues sous leur blouse se mêla alors de notre histoire. FX reluquant les jeunes filles au travers du tissus à demi-transparent fut stupéfait d'apercevoir sur le torse de l'une d'elles une masse noire.

-Dis donc toi, enlève ta blouse !, ordonna FX soudainement autoritaire.

-Qu'est-ce qui te prend ? t'es maboul ou quoi ?!, le coupa le Président.

- Vous voulez faire la lumière sur cette affaire, Président !?

- Oui bien sûr ... mais de là à user de ce genre de procédé !!?

- Il s'agit d'une simple vérification. Vous n'êtes pas obligé de regarder, si cela vous gêne.

- Ce n'est pas le problème mais ...

Profitant de ces instants de confusion, la nurse tenta de fuir en direction de l'escalier intérieur.

- Gugu ! Non ! Reviens !, hurla le Président qui s'aperçut aussitôt de son énorme gaffe.

FX le toisa du regard. Un regard déterminé qui voulait dire : t'es cuit mon pote, j'ai tout pigé !

- Il s'agit de Gugu Ratananio, votre cousin Truc, monsieur le Président Eugène Rata ! Celui qui est mentionné dans le guide généalogique de votre famille que je me suis procuré dans un tabac-presse ! Celui qui a amené ces neuf cents Trucs sur nos plages ! Le cousin Gugu, mafieux truc de mèche avec le vieil Eugène Rata ! Je vois déjà les titres des journaux de demain !

- Cesse donc de débiter tes âneries ! Espèce d’imbécile !

- Ce ne sont pas des âneries, monsieur le Président mais bien la vérité ! Cette vérité qui vous fait mal, qui vous fait souffrir ! Cette vérité que vous cachez depuis votre enfance ! Enfance malheureuse d'ailleurs ! Abandonné à deux ans par une mère incapable de subvenir à vos besoins, trop occupée à s'envoyer en l'air avec le premier venu ou plutôt devrais-je dire avec les premiers venus ! Vous êtes né d'un père de passage, un adepte de la partouze géante ! Comment voulez-vous retrouver le père parmi une douzaine de grands dadais érectiles !

- Arrête ! Je t'en supplie, arrête ! glapit Eugène, genoux à terre, agrippé à la cuisse de FX.

- J'arrête ici car la suite est trop écœurante ! Mais j'aimerais connaître le fin mot de cette histoire ! Et je crois deviner de quoi il peut s'agir !

Ecœurées, les nurses commençaient à bourrer Eugène de coups de pieds dans l'estomac, le visage et les parties. C'est fou comme les gens peuvent retourner leur veste en un coup de cuillère à pot ! FX ne s'apercevait même pas de ce lynchage collectif, trop occupé à dénouer cette histoire de fous.

- Ca y est ! Je crois avoir trouvé ! C'est vous l'instigateur de toute cette mascarade, n'est-ce pas !?

Voyant qu'Eugène ne se manifestait pas, FX se retourna vers lui et le découvrit enseveli sous un tas de nurses déchaînées.

- Arrêtez cela immédiatement, pauvres dégénérées ! Comment vais-je savoir la vérité si vous me le

déchiquetez ?

A ces mots, le calme revint et l'on put reprendre le fil de l'énigme.

- C'est vous, disais-je, qui êtes derrière tout cela, à commencer par cette usine et ces champs tout autour. Du transpépinique ! Quelle horreur ! Vous avez organisé un trafic de pilules transpépiniques pourtant interdites dans notre communauté ! Voyant le vent tourner, vous avez arrangé avec votre cousin Gugu, cet échouage de façon à écouler les pilules en les refilant aux Trucs. Ingénieux ! Ingénieux et odieux !

- Oui, c'est vrai, j'avoue tout ! Je suis fatigué du mensonge, de la calomnie qui dirigent ma vie depuis

tant d'années ! Je t'en supplie, garde tout cela pour toi ! Que puis-je faire pour acheter ton silence ?

- Je ne saurais dire ... peut-être supprimer toutes ces horreurs transpépiniques, nettoyer les plages, rendre la vie plus saine !

- Hein ?! Oh, non, ça c'est trop me demander ! Hors de question, je préfère encore mourir !

- Alors consentez-vous simplement à me donner la main de votre fille ? Elle est plutôt canon ! Je l'ai vue dans un vidéo-magazine.

- Alors, ça d'accord, il n'y aucun problème. Tu vois que tout peut s'arranger !

Et voilà, l'histoire se termine ainsi. Bien sûr, on supprima toutes les nurses de façon à garder le secret de cette affaire, on refoula les Trucs à la mer et on torpilla malencontreusement leur cargo, Eugène fut réélu à la présidence, FX épousa sa fille, celle-ci prêta le serment de renoncer à son penchant héréditaire pour les partouzes et la découverte de nouvelles terres par Christophe Colomb révolutionna le monde moderne. Evidemment, on s'empressa de supprimer les autochtones et toutes traces de leur existence. Quant à moi, je ne suis pas sûr d'avoir tout pigé à cette histoire mais il est l'heure de me rendre chez Huguette, la fille d'Eugène et épouse de FX. Elle organise une partouze clandestine alors je ne voudrais pas manquer ça ...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Comicsboris ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0