Viendra-t-elle ?
J’ouvris timidement la porte du café, légèrement en avance. J’avais passé le plus clair de mon temps à chercher la tenue idéale, la coiffure idéale, le maquillage idéal. Je voulais lui plaire. Je voulais qu’elle me voit autrement que comme une amie.
La veille, j’avais reçu un message de sa part :
« Salut ! Ecoute, j’ai compris. J’ai compris que je te plaisais. En réalité, tu me plais aussi. Mais… c’est compliqué pour moi. »
Je l’avais lu en ne sachant trop si je devais sourire ou pleurer. D’un côté, c’était compliqué et de l’autre, elle n’avait pas dit non. En plein questionnement, mon téléphone sonna. Un nouveau message :
« Ça te dirait qu’on se voit à notre café habituel ? Demain à 15h00 ? »
Assise à ma table, je regardai ma montre : 14h59. Plus qu’une minute. Je scrutai son arrivée à travers la vitrine. Mon cœur battait la chamade. Je ne pouvais plus attendre, je ne le supportais plus. Un serveur arriva. Je lui expliquai que j’attendais quelqu’un.
15h02. Je jetai des coups d’œil inquiets à mon téléphone, à ma montre et au-delà de la devanture. Et si elle ne venait pas ? Pourquoi elle ne viendrait pas ? Elle me l’a pourtant proposé. Peut-être qu’elle ne le voulait plus. J’avais peur. Mes doigts se tortillaient entre eux.
Soudain, la porte s’ouvrit. Mes yeux s’illuminèrent pour retomber aussitôt quand j’aperçus un homme âgé de la quarantaine. Je commençais à perdre espoir, à m’en vouloir d’y avoir cru. Cela m’apprendra à me précipiter sans prendre garde.
Un bruit me parvint juste devant moi, une chaise qui se tirait et une personne qui s’assit.
— Salut ! Désolée du retard, ma mère ne me laissait pas partir. Elle voulait me parler d’un truc, enfin tu vois.
Non, je ne voyais pas. Je restai bête, ne pouvant bouger ni parler. Elle me sourit. Son magnifique sourire illumina la pièce. Je ne voyais qu’elle. Le monde disparût autour de moi.
— Hey ! Oh, pas de soucis. Tu es très jolie.
J’eus envie de me mettre une baffe. Je la savais perdue dans sa tête, pleine de questions et moi…
— Oh merci ! Toi aussi tu sais !
Mes joues s’empourprèrent. J’étais gênée, je ne savais plus où me mettre. Pourquoi paraissait-elle si détendue par rapport à moi ?
Lorsque le serveur revint, elle commanda deux chocolats chauds, comme à notre habitude.
Nous parlâmes du lycée, de nos amis communs, de notre vie à la maison. Je l’écoutais attentivement mais je ne pouvais m’empêcher de laisser mon esprit divaguer. Je ne pensais qu’à elle, à ses lèvres qui m’appelaient. Je n’osais pas lancer ce fameux sujet. Est-ce que je le devais ? J’étais persuadée que je devais la laisser m’en parler.
16h40. Nos chocolats chauds avaient été débarrassés depuis maintenant quarante minutes. Nous étions toujours en train de discuter. Les gens arrivaient, repartaient mais je ne voyais que nous deux. Nous étions dans notre bulle, bien fermée.
Une heure plus tard, sans avoir abordé ce fameux sujet, elle m’expliqua qu’il était l’heure de rentrer chez elle. Je me décomposai de l’intérieur. Je ne comprenais pas. Avait-elle oublié pourquoi nous avions rendez-vous ? Nous devions normalement parler.
Elle alla payer. Je protestai, ne souhaitant pas qu’elle m’invite. Elle insista et ne me laissa pas réellement le choix.
Une fois sorties du café, je la regardai. Je savais que nous ne partions pas dans la même direction. Les yeux baissés vers le sol, j’entrepris de briser le silence.
— Bon et bien, c’était bien symp…
Ses lèvres se pressèrent contre les miennes, douces et agréables. Mes yeux ouverts de surprise se fermèrent très rapidement. Mes sens étaient tous en action. Mon corps s’abandonna à elle. Mes mains se posèrent sur son dos, l’attirant à moi. Trop vite, elle se détacha. Je refusai, je ne voulais pas. Elle me regarda en souriant, les joues légèrement rosées. Elle me prit la main et m’offrit un dernier baiser, que je savourai le plus possible, avant de partir en direction de chez elle. Je restai là, bouche bée et définitivement heureuse.
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