Le repas
— Je n’aurais jamais dû te le dire, voilà tout. Ce serait passé crème !
— Pitié, n’emploie pas ce mot-là… Oh, je me sens tout nauséeux…
— Quel cinéma, ma parole ! Alors que ce n’est rien, rien du tout ! Si j’avais su que tu étais aussi chochotte, je n’aurais certainement pas pris le risque de te le dire, c’est sûr !
— Chochotte ? Mais tu délires complètement ! Tu te rends compte de ce que t'as fait, quand même ?
— Et toi ? Tu te rends compte de ce que tu m’as forcée à faire ? Préparer à la dernière minute un repas pour dix personnes, alors qu’Alexis a la colique…
— Parle pas de colique… (Burp)
— … et sans même faire les courses ?! Mais non, c’était trop te demander, d’anticiper un minimum, de t’organiser !
— Je me suis déjà excusé une dizaine de fois ; oui, j’aurais dû te prévenir avant…
— Prévenir ?! Mais tu n’as vraiment rien compris ! Ce n’était pas prévenir, qu’il fallait, c’était préparer toi-même, prévoir le menu, passer au supermarché et cuisiner !
— Et comment aurais-je eu le temps de faire tout ça ?
— Je l’ai bien trouvé, moi, ce temps ! Entre les cris du bébé, le rendez-vous chez le pédiatre, les lessives et les dix coups de fil de ta mère, j’ai bien trouvé le temps de préparer ce foutu repas ! Alors oui, j’ai fait un choix… peu conventionnel, une minuscule erreur…
— T’appelles ça une erreur ?! Oh, rien que d’y penser…
— Reconnais qu’il était délicieux, ce flan ! Tout le monde en a repris, et Sylvie m’a même demandé la recette.
— Tu lui as pas donnée, au moins ?
— Ben…
— Y a vraiment un truc que je comprends pas : quand t’as vu qu’on n’avait plus de lait, pourquoi t’as pas changé d’idée ?
— On en avait, du lait ! Plein le frigo ! Avec tout ce que je produis…
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