Bravo Meg, très bien joué ! Ça m’apprendra à venir en cours en mode clodo, tiens !

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Le cours ne peut pas être plus ennuyant. Le prof a une voix à dormir debout et le contenu de ses diapositives me fait regretter mes années passées sur les bancs d’école. J’en suis au stade où la marge de ma feuille se remplit de gribouillis. Mon petit côté artiste qui ressort, je crois. Et où mon esprit, faute de comprendre le charabia incessant, vagabonde à sa guise. Il en a du chemin, ce petit esprit, sur les collines de ma conscience. Autrement dit, je suis loin, loin de la salle de cours. Un coup d’œil à ma voisine m’apprend que je ne suis pas la seule dans le cas. Elle me fait la grimace, partageant mon ennui.

Le garçon en face de moi tourne la tête alors que je suis en train de colorier mon quinzième petit carré.

Je retombe vite fait sur terre.

Brutalement.

Il me fait un clin d’œil alors que sa bouche forme un sourire en coin tout à fait charmant. Voir enjôleur, si je peux me permettre.

Nom d’un petit bonhomme, suis-je en train de rêver ? Je me pince discrètement l’avant-bras au cas où je me serais endormie en cours. Ce n’est pas le cas. Je suis bel et bien réveillée. Ma bouche s’assèche d’un coup. Mon crayon glisse de mes doigts. Déjà, il s’est retourné vers le prof. J’ai toujours les yeux posés sur lui, sur son dos à présent. Mais je me souviens encore de l’éclat brun de ses prunelles. De la blancheur de son sourire, digne d’une pub de dentifrice. Je suis tellement chamboulée que je vérifie que je connais encore mon prénom.

Nom d’un burritos ! Je n’ai même pas pris la peine de me coiffer les cheveux ce matin. Je peux même sentir les nœuds qu’ils forment dans mon cou. Je porte un gros sweat avec un adorable panda avachie. Mignon, peut-être. Sexy, absolument pas ! En un mot, je suis négligée. J’ai même peut-être un bout de salade coincé entre les dents. Et moi qui ai répondu à son sourire. Il n’a dû voir que ça. Heureusement, un coup d’œil dans l’écran de mon téléphone m’apprend que je suis sauve de ce point de vue-là. Mais ça n’enlève rien au fait que je ne suis même pas maquillée.

« Bravo Meg, très bien joué ! Ça m’apprendra à venir en cours en mode clodo, tiens ! ». Mais il m’a souri. Bordel, il m’a même fait un clin d’œil. Ce mec est mignon. Carrément canon. Il allait peut-être entamer la discussion à la pause. Peut-être que ça faisait plusieurs jours qu’il attendait le bon moment. Je me prépare psychologiquement. Je suis une fille drôle et intelligente, c’est l’occasion rêvée de le lui prouver. Je pourrais faire un commentaire spirituel sur le cours. Je me mets à réfléchir frénétiquement à ce que je vais pouvoir sortir. Je compte sur ma langue trop pendue pour me venir en aide.

À ce stade, monsieur Perroux m’a totalement perdu. À la trappe le cours de socio, je suis en chasse. Si on m’avait dit un jour que je rencontrerais mon prochain petit-ami (que dis-je, peut-être l’homme de ma vie) dans un vieil auditoire de la faculté, j’en aurais ri. Pourtant, je suis bien la première à scanner les visages en cours, à l’aide de mon acolyte. Le prince Charmant se fait dur à trouver de nos jours.

Je nous vois déjà. Lui et moi. On viendrait en cours ensemble. On pourrait étudier ensemble. On formerait un tout mignon petit couple sur le campus.

-Nous allons faire dix minutes de pause.

Je suis tellement sur mon nuage que j’entends à peine ces mots prononcés par monsieur Perroux. Des soupirs de soulagement fusent. Certaines personnes se lèvent pour échapper au cours. Je l’aurais bien fait, mais je ne peux pas. J’ai un grand sourire. Meg la Charmeuse vient de faire son apparition. Le mignon jeune homme se retourne de nouveau vers moi.

Trois, deux, un…

J’allais dire quelque chose quand une voix féminine s’élève derrière moi. Il se lève de son siège, enjambe la place vide à ma droite, pour entamer la discussion avec la personne derrière moi. Une magnifique blonde à côté de laquelle je fais pâle figure. Je m'affaisse sur mon siège, plongeant ma tête dans mes bras croisés sur ma tablette avec un râle agonisant. Je comprends que je me suis encore fait des films. Encore une fois, je me suis emportée dans un de ces récits rocambolesques dont j’ai le secret.

-T’es qu’une idiote, Meg.

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