livre 4 - 3
En entrant dans la chambre d’Alex, je comprends un de mes facteurs de trouble : l’odeur ! Cette odeur d’adolescent, encore enfant, mais avec des senteurs de jeune sexe. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Ce que je sais maintenant, c’est que c’est l’odeur de mes premières expériences. Je retombe dans cette période heureuse des découvertes. Chacun sa madeleine !
Alex reprend la conversation en se déshabillant.
— Si ce que tu dis est vrai, alors je comprends ta colère contre papa. Mais moi, je n’arrive pas à lui en vouloir, il a été si malheureux ! Et puis, il ne l’a pas fait exprès ! Il était sous l’effet d’une drogue. Moi, je ne me souviens pas. C’était vraiment moche ?
— Laisse tomber ! Je ne comprends pas tout ! L’essentiel est que tu sentes bien avec cette histoire. Au fait, il a lu sur Scribay ce que j'écris ?
— Certainement pas ! Les réseaux sociaux, il ne connait pas ! Personne ne lui a parlé de tes textes. En s'il arrivait sur ce site, entre le fantastique et les histoires d’amour de lycée, il partirait en courant ! Moi, j'aime bien suivre certains posteurs !
— Ah oui ? Moi, je poste, mais je n'ai jamais rien lu. Sauf quelques pages de mon copain, mais bof…
Il est en train de se démaquiller, juste encore vêtu de son boxer, ses longs cheveux sur ses épaules fines.
— C'est nouveau le maquillage…
— Oui. Ça t'a plu ? J'ai fait un peu au hasard.
— Beaucoup ! C’était réussi. Juste ce qu'il fallait pour souligner ton regard et ton ambiguïté…
— Tu trouves ça bien, ce flou entre homme et femme ?
— Oui ! J’adore ! D'une façon générale, je n'aime pas ce qui est trop binaire. Encore moins pour les questions de sexe et de genre. Et toi ?
— Trop compliqué tes trucs ! Moi, je me sens bien entre les deux, comme quand je suis avec Lucas et Sarah. Cela n'a pas d'importance.
Il continue sa toilette en silence, avec des gestes gracieux. Je n’arrive pas à savoir pourquoi je me suis attaché à ce garçon. Il a du charme, il est vraiment particulier, mais cela n’explique pas tout. Pourquoi un immense élan de tendresse me prend en le regardant ?
— Usem, tu peux de déshabiller ! Cela ne me gêne pas !
J’en ai assez eu pour cette journée ! Je suis éreinté. En plus, je voulais un peu échanger avec Mabula, je pense qu’il en a besoin. J’ai l’impression de l’avoir ignoré. Alex retire son boxer et s’enfile dans le lit, complètement nu.
— Tu n’es pas obligé de garder ton caleçon ! me lance-t-il.
— Je préfère ! Question d’hygiène ! De toute façon, nous n’allons pas faire l’amour !
— Qu’est-ce que tu en sais ?
Pourquoi joue-t-il avec moi ? Il connait ma position, je lui ai dit et il l’a lue. Je suis désarmé en permanence par ses petites piqûres.
Je m’allonge. Alex éteint la lumière. Immédiatement, je le sens poser sa tête contre mon épaule. Je ne peux que l’entourer de mon bras.
— Usem, tu sais, ce que tu fais pour moi est merveilleux. Sans toi, je crois que j’aurai abandonné ! Il faut que tu continues à m’aider. Tu sais, je vais avoir besoin de toi. J’ai envie de faire des études et de devenir aussi intelligent que toi !
— Alex, je te promets d’être toujours à tes côtés. Je suis ton grand frère pour toujours.
Je le devine en train de sourire. Je crois qu'il est en train de s'assoupir quand, soudain, il bouge légèrement et avant que j’aie pu réagir, je sens à nouveau sa bouche sur mon cou.
— Alex, arrête avec ça ! Ce n’est pas un jeu ! Une fois, peut-être, mais ce n’est pas bien.
Mes paroles ne servent à rien, car il continue son aspiration. Il termine en me disant :
— Chaque matin, pendant au moins deux semaines, tu verras ma trace et tu penseras à moi. Je le saurai et je serai heureux ! Ne m’abandonne pas !
Je resserre mon étreinte. Nous restons ainsi imbriqués. Sa main commence à bouger et à me caresser. Je la saisis pour l’immobiliser. Il se détache souplement et se met à cheval sur moi. Je sens sur mon ventre son sexe en érection. Ses mains balayent mon torse et me bloquent. Je suis certain qu’il sent sous ses fesses ma réaction incontrôlable. C’est trop fort pour moi. Non ! Je ne veux pas ! Je me débats furieusement, le faisant basculer. Je me lève en lui lançant :
— Ne refais jamais ça ! Si tu tiens à moi, respecte-moi ! Tu déconnes complètement ! Je vais dormir ailleurs !
— Usem…
J’ai la main sur la poignée. Son appel est tellement déchirant.
— Explique-moi ce qui se passe, ce que tu veux !
— Usem, j’ai besoin de toi, je te veux, je veux t’appartenir.
— Mais ça va pas ! Tu confonds tout ! Je suis avec toi, pour toi, complètement ! Mais jamais sexuellement, compris ? Va en parler à ta psy !
— Usem, reste ! Je serai sage.
Je me recouche, à moitié par lassitude, à moitié pour ne pas l’abandonner. Je ne saisis pas ce qui vient de se produire, mais visiblement il a pété un plomb et a besoin d’aide. Pauvre gamin perdu dans ses pulsions et ses phantasmes, ses besoins d’amour.
Annotations
Versions