Le bonheur a un prix
« Le bonheur a un prix. » C’est ce que ma mère m’a dit, il y a longtemps. À l’époque, je n’avais aucune idée de ce que ça signifiait vraiment. Je croyais que c’était juste une de ces phrases qu’on répète sans y penser. Je ne savais pas qu’elle allait devenir la clé de ma survie.
Depuis quatre ans, je paye mes journées avec mes souvenirs. Chaque matin, je me réveille un peu plus léger. Un peu plus vide. Et je ne sais jamais ce qui a disparu. Tout ce que je sais, c’est que je suis encore là.
Ma mère… Je crois que je ne me souviens plus d’elle. Enfin, pas vraiment. Juste sa voix. Juste cette phrase qui tourne en boucle dans ma tête : « Le bonheur a un prix. » Cette phrase qui me permet de m'accrocher à la vie, de voir ce qu'est devenu ce monde aujourd'hui.
Tous les dimanches soirs, je règle pour la semaine. Et chaque nuit, à 23h55, je mets un réveil. Juste pour voir minuit arriver. Pour regarder le temps défiler, même si je ne suis plus sûr de ce qu’il signifie. Ensuite, je fais le tour de ma maison. Jette tout ce qui n’a plus de sens. Ces objets sans histoire, ces fragments de moi qui ne me parlent plus. C’est presque devenu une habitude. Et bizarrement, ça ne me fait pas mal. Pas vraiment.
Ce qui fait mal, c’est de voir l’absence. De sentir qu’un autre morceau de moi s’est effacé. De me demander ce que j’ai perdu cette fois. Alors je préfère ne pas y penser. Je préfère m’en débarrasser.
Ce soir, je suis assis dans mon canapé. Je répète encore et encore cette phrase. « Le bonheur a un prix. » Minuit passe. Je ne bouge pas. Je reste là, accroché à ces mots.
Le bonheur a un prix.
Mais… qui m’a appris cette phrase ?
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