Chapitre 2
Dernièrement, Elisa m'a envoyé quelques messages. Elle s'était retenue pendant plus d'un mois et de mon côté, j'avais aussi arrêté de lui envoyer des messages, je ne regardais pas non-plus ces stories et je lui empêchais de voir les miennes. Je pensais qu'ainsi, elle pourrait enfin passer à autre chose. Mais elle a commencé par un « Dis-moi Paul, serait-ce égoïste de te dire que tu me manques ». Et je lui ai répondu que non.
À mon tour, j'avais craqué en lui envoyant quelques Snap et en répondant à quelques-uns de ces messages. Elle m'avait même avoué qu'elle avait commencé à écrire notre histoire. Je reconnaissais bien là Elisa et ses idées farfelues.
Et puis, je me suis dit que ces échanges étaient une mauvaise idée. J'avais rencontré Louise et ça collait bien entre nous. J'avais peur de replonger, comme je l'avais fait tant de fois. Elle avait le chic pour systématiquement me tenter, comme le gentil démon qu'elle était. Alors j'ai arrêté de répondre à ces messages. Je savais qu'elle n'allait pas comprendre, mais je n'avais pas le courage de lui dire qu'il fallait qu'elle arrête de m'écrire. De toute façon, elle n'avait jamais voulu le comprendre.
Elle a fini par me demander pourquoi je voulais l'oublier ou un truc dans le genre. Je devais être clair et lui faire comprendre que je ne voulais plus lui parler.
« Pourquoi es-tu la seule à qui je ne parle plus Elisa ? Parce que tu es la seule à être lourde et à insister. Et ça toujours été. »
Elle n'avait pas répondu, ce qui me soulagea.
Bon, j'y étais allé un peu fort quand même, « Lourde et insistante » pas relou, pas chiante, qui peuvent avoir un côté affectueux. Non, j'avais dit lourde et depuis toujours. C'est vrai qu'elle avait du mal à lâcher l'affaire, mais c'était une femme adorable, qui ne m'avait jamais fait de mal. J'avais même quelques très bons souvenirs. Pas de ceux qu'on raconte à ses petits-enfants, mais qu'on est content d'avoir vécus au moins une fois dans sa vie.
Je ne pouvais décemment pas m'excuser, ça ne faisait pas partie de mon caractère. Et puis c'était peut-être mieux comme ça. Par culpabilité, sûrement, je décidai quand même de regarder ses stories et de lui laisser voie les miennes. Ce week-end-là, j'étais parti me promener le long de la Meurthe avec Louise et je postais de belles photos au bord de l'eau. Mais pour la première fois elle ne les regarda pas. Je savais très bien que ce n'était pas un hasard, elle était fâchée, c’était évident.
Quelques jours plus tard, alors que je prenais une bière avec des amis, mon poste n’eut pas plus de succès. C'était étrange, j'aurais dû me satisfaire de cette victoire, en quelque sorte, mais pourtant, je ressentais un manque.
Ce midi-là, alors que je n'avais plus de nouvelle d'Elisa depuis une semaine, je reçus une notification Instagram « Vous connaissez peut-être Douce Bouillotte »
Qu'est-ce que c'est que ça !
Quelqu'un venait de créer un compte Douce Bouillotte. Une femme de 45 ans qui voulais...
Putain, c'était forcément Elisa. Qu'est-ce qu'elle avait l'intention de faire. Elle allait nous foutre dans la merde cette conne.
Putain !
Je voulais bien qu'elle écrive notre histoire, même si cela était saugrenu. Mais la diffuser sur Instagram, au risque d'être lu par certaines de mes connaissance, il n'en était pas question.
Un instant, j'hésitai à lui demander si ce compte était le sien, mais il avait disparu. Clairement, il valait mieux abandonner cette idée, surtout après le contenu de mon dernier message. Je cherchais quand même désespérément si je trouvais un autre compte similaire, mais rien.
La nuit qui suivit, je n'arrivais pas à dormir, je réfléchissais à ce que pouvait bien vouloir faire Elisa.
― Ça ne va pas Paul ? Tu tournes depuis tout à l'heure dans le lit, me demanda Louise qui était venue passer deux jours chez moi.
― J'ai juste un peu chaud, je vais aller boire un verre d'eau.
Mais tout ceci tournait en boucle dans ma tête. Voulait-elle se venger pour mon dernier message ? C'était impossible, elle avait encore plus à perdre que moi. Elle était mariée, avec des enfants et c'était elle qui était restée avec tous mes collègues... mes anciens collègues devrais-je dire. Non, ça ne pouvait pas être une vengeance. Mais la vraie question était : Allait-elle publier son histoire et si oui, où ? Instagram ? Ailleurs ? Et je ne pouvais pas parler de mes angoisses à Louise, que j'avais rencontré peu de temps avant d'être parti de Nancy. Comment justifier les photos d'Elisa dont je n'arrivais pas à me débarrasser ?
Chaque jour, je farfouillais sur Internet et sur Instagram, mais rien. Après tout, peut-être avait-elle changé d'avis.
Et puis j'ai découvert, sur un article trouvé sur Internet, un genre de réseau social, où il était possible de partager des histoires. J'ai d'abord cherché la « Douce Bouillotte» ou des histoires par quelques mots-clés essayés au hasard, mais le nombre était à chaque fois colossale. Mais en toute logique, c'était sûrement l'endroit idéal pour qu'Elisa poste son histoire. Il fallait juste que je prenne le temps de chercher.
Annotations
Versions