Chapitre 21
- Tu as un peu de temps pour regarder mes photos ? me demanda Alexandre, en arrivant derrière moi.
- Pas ce midi, j'ai une séance de sport tous les lundis. Mais ce soir vers 17h30, j'aurai autant de temps que tu veux.
- Parfait, je passerai à ton bureau, si tu veux bien ?
- Ça me va, dis-je avec un clin d'œil que je n'avais pas vraiment contrôlé.
Mais Alexandre me rendit mon clin d'œil.
J'allais donc faire ma séance de yoga, avec mes collègues Inès et Nathalie. La prof était un peu particulière les cheveux crépus, mal entretenus, qui lui donnait un air de folle. Mais elle avait de l'humour et expliquait bien les postures.
En fin de séance, Inès, Nathalie et moi retournions dans nos bureaux respectifs, en remontant le long couloir du bâtiment.
- Elisa, tu es là mercredi de la semaine prochaine ? me dit Nathalie.
- Oui, pourquoi ?
- On se fait un resto le midi.
- Cool, mais tu ne travailles pas chez toi le mercredi.
- On a une réunion avec Paul, le matin et l'après-midi.
Mon cœur se mit à battre très fort.
- Ah, je ne savais pas que Paul devait venir à Nancy.
- On l'a appris jeudi et on a oublié de faire suivre l'info.
- Ça va être cool de revoir Paul, remarquai-je.
- Carrément.
Il était 17h45 quand Alexandre arriva avec son book. J'étais en train de publié un de mes derniers chapitres sur Wattpad, mais je n'étais plus obligé de cacher mes activités pour lui.
- Tu étais en train d'écrire ? me dit-il.
- Je faisais quelques corrections.
- Hier, tu as vu que j'avais lu ton histoire...
Je lui faisais un signe pour parler moins fort.
- Oui, j'ai vu ça. Alors qu'en as-tu pensé ? Dis-je en chuchotant.
Il prit un fauteuil pour s'asseoir et s'approcha de moi.
- Très excitant, me dit-il à l'oreille.
Tout de suite, je sentis des frissons me parcourir tout le corps.
- Ce voyeurisme auditif était une très belle idée, reprit-il
- Merci
- Et cherches-tu d'autres idées ?
- Toujours...
- Ce midi, je viens de lire un passage un peu triste. Celui où Paul t'a bloqué sur Snapchat.
- Ah !
- Et je n'ai pas compris pourquoi il n'a pas profité de tes envies de gages. J'ai même été très frustré, de ne pas pouvoir lire ce qui semblait être une évidence pour moi.
- Peut-être que je suis allée trop loin et trop vite.
- Les hommes sont compliqués, en fait, dit-il en me faisant de nouveau un clin d'œil. Mais ça m'a donné envie de lire une suite, où Paul ne gâcherait pas toutes ses envies.
- C'est une très bonne idée. Une évidence même.
- Cool ! Prête pour regarder mes photos.
- Oui bien sûr.
Alexandre posa son book devant moi et l'ouvrit. Je n'y connaissais rien en photo et surtout, j'avais toujours été très frustrée. Les quelques fois où j'avais voulu immortaliser un paysage ou un portrait, le résultat avait été systématiquement décevant. Mais Alexandre était doué. Il réussissait à capturer le soleil qui filtrait à travers les arbres. Chaque photo me donnait envie de plonger dans les paysages glanés au fil de ses randonnées. Il y avait aussi quelques portraits de sa famille et ses amis et là encore, il y avait de l'originalité.
- Bonne soirée, dit un collègue.
- À demain, répondîmes-nous en cœur.
Nous n'en avions pas encore connaissance, mais mon dernier collègue venait de partir et nous étions désormais seuls.
- J'adore !
- Merci.
- Non mais vraiment, j'adore, tes portraits sont supers. À chaque fois, ils sont vivants et les personnes sont mises en valeur. Ils ont de la chance d'avoir pu être photographié par un aussi bon photographe.
- N'en jetez plus la coupe est pleine, dit-il en me souriant. Peut-être aurais-je l'occasion de te prendre... En photo bien sûr.
- En photo bien sûr, lui dis-je en rigolant.
- Surtout que j'ai lu que tu avais déjà fait quelques Snap sympas pour Paul.
Je sentis mes joues rougir, me rappelant qu'il avait lu mes Snap, mes échanges de messages érotiques, mes jouissances solitaires ou plutôt en cœur avec Paul sur Snapchat.
- Tu rougis, dit-il en me regardant dans les yeux.
- Je viens de prendre conscience de ce que tu as lu, sur mes vacances au ski par exemple.
- On peut dire que tu es une femme multi-facette. Paul avait beaucoup de chance.
- J'ai l'impression qu'il n'avait pas le même point de vue que toi.
- J'aurais aimé avoir une femme aussi libérée que toi.
Il me regardait dans les yeux et je ne savais plus quoi répondre.
- Tu aimes encore Paul.
- Oui...
- Et tu le désires ?
- Oui, ça me manque.
- Qu'est-ce qui te manque ?
- Les frissons, son regard, nos discussions, son désir...
Parler de Paul, faisait toujours monter une émotion qui mouillait mes yeux. Mais devant Alexandre, je voulais retenir ses larmes, pour qu'il ne voit pas à quel point Paul avait encore une emprise sur moi. Je devais aller de l'avant.
- Et ton mari ?
- Je ne ressens plus rien, quand il me désire.
- Et si je te disais que je te désire.
Plus il me parlait, plus j'étais à fleur de peau et une larme, que je tentais désespérément de cacher vint perler au coin de mon œil.
Alexandre posa sa main sur ma joue et essuya cette larme avec le pouce.
- J'ai envie de t'embrasser, dit-il.
- J'ai... j'ai envie aussi ...
- Je ne promets pas l'amour, mais du désir, beaucoup de désir.
- Ça me va, dis-je reconnaissante pour cette honnêteté.
Mon sourire était revenu. Alexandre s'approcha de moi et posa simplement ses lèvres sur les miennes. Il se recula pour me regarder et me sourit. Je lui rendais son sourire. Mais l'arrivée de la femme de ménage nous ramena à la réalité.
- Je vais rentrer, lui dis-je.
- À demain, alors.
- Oui, à demain.
Juste avant de partir, je voyais que Dr Jekyll avait voté pour de nombreux chapitres.
Jekyllandhyde : Alors vous avez passé une bonne journée ?
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