À propos de ses personnages...
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- Mesdames, messieurs, bonsoir. Aujourd'hui, nous accueillons un invité très spécial, puisqu'il s'agit de l'éditeur de renom, Bernard Baal lui-même. Bonsoir Monsieur Baal, et bienvenue sur le plateau d'Alpha, la chaîne la plus populaire du pays.
- Bonsoir Marie. Je vous en prie, appelez-moi Bernard.
- Pour la première fois, vous avez accepté de nous dire quelques mots sur l'auteur, mais que pouvez-vous d'abord nous révéler sur vous ? Beaucoup vous connaissent, mais si peu savent qui vous êtes.
- Oh, j'ai bien peur que la réponse ne soit courte. Je dois avant tout mon succès aux romanciers que je publie. Certes, je les aide à concrétiser leurs rêves ; je place un petit bout de leur être sur les étagères de millions de lecteurs, dans les bibliothèques et les librairies, mais sans eux, je ne suis rien.
- Pourquoi avoir choisi le nom de "Septième Cercle" ? Il est pour le moins atypique, surtout dans ce milieu.
- Eh bien, quand je me suis lancé, pas grand monde ne croyait en mes chances de réussite. Nous étions pauvres, et j'ai fait l'impasse sur un job que mon oncle m'avait trouvé, pour me lancer à corps perdu dans mes projets. Comme je ne lui rapportais rien, il a perdu patience, et m'a jeté dehors en me promettant l'enfer. Heureusement. J'ai su rebondir, mais le nom de mon entreprise se pose comme une petite boutade.
- Un succès planétaire, et si rapidement ! Et l'auteur n'y est certainement pas étranger. Il se murmure que vous et lui entretenez une relation particulière.
- En effet, suite à un triste incident, ma femme et moi l'avons hébergé quelque temps. Aujourd'hui, je peux dire que je le considère comme un fils. Néanmoins, lorsqu'il s'agit de la publication d'un ouvrage, je le traite comme tout le monde. J'essaye d'en tirer le meilleur, et il ne doit son succès qu'à lui-même.
- Comment se déroulent vos sessions ? L'auteur n'apparaît jamais devant la presse, si bien que son personnage est très difficile à cerner. Que pouvez-vous nous dire sur lui ? Sur sa façon d'écrire, son train de vie.
- Hum, c'est vrai qu'il n'est pas du genre à se pavaner devant les caméras. Vous savez, l'auteur vit pour écrire, rien ne le passionne davantage. En fait, et je dis ça sans arrières-pensées, il fréquente davantage ses personnages que ses amis ou sa famille.
- C'est un solitaire ?
- Il aime les gens, mais son monde est si intimement lié à sa plume, qu'il me serait impossible de le voir quitter son bureau pour... Je ne sais pas... Aller danser ?
- Vous dites qu'il fréquente ses personnages. Peut-être hésiterez-vous à en parler, mais quelle méthode utilise-t-il pour leur donner vie ? Est-ce qu'il s'inspire de ses connaissances, de son propre vécu ? Y a-t-il une dimension autobiographique dans son univers ?
- Bien sûr ! J'ai coutume de dire que tout roman est biographique. Relativement bien sûr, mais au bout du compte, l'acte d'écriture reste souvent une peinture scripturale de la vie, ou plutôt de la perception qu'on en a. Même en écrivant un roman criblé de mensonges, ces derniers naîtraient d'une profonde vérité. Concernant l'auteur, il EST ses personnages, même les plus odieux. Chacun d'entre eux possède un trait quelconque qui les raccroche à lui, ça peut être une manie, une pensée, le moindre détail a son importance. Un jour, je lui ai fait remarqué qu'une protagoniste n'avait absolument rien à voir avec lui, il s'agissait d'une boulangère de soixante-six ans, très enjouée et dotée d'un caractère chaleureux. Il m'a simplement répondu qu'il aimait le pain.
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