Chapitre 1-6
Je me levais donc de ma chaise, frustré de n’avoir aucune idée d’où pouvait se trouver la sortie. Bon, en même temps, il y avait le passage par où je suis arrivé et de l’autre côté : une porte solidement fermée. Les possibilités étaient maigres, on peut l’avouer. Donc c’était simple de progresser tant qu’il n’y avait pas une cinquantaine d’intersections plus tard. Espérons-le. Je m’y dirigeais donc, il y avait une grosse manivelle que je devrais tourner pour l’ouvrir.
Je forçais sur ce volant qui émettait un grincement. Encore un bruit strident, c’était tellement désagréable. Mais alors que je tournais la manivelle - une vieille chanson ça, non ? - un autre son se fit entendre : comme quelque chose ou quelqu’un qui frappait de l’autre côté. Je m’arrêtais, intrigué et un peu apeuré : je n’étais pas très courageux, en même temps j’avais choisis un chemin lumineux à un obscur. Une voix appela alors à l’aide, ce qui me rassura, il y avait une personne vivante et capable de communique. Par contre, pourquoi crier au secours ? Enfin on verra bien !
La porte s’ouvrit avec violence comme poussée par une incroyable force qui me fit reculer. De l’eau se déversa sur le sol et pas qu’un peu ! Des litres et des litres ruisselaient et un corps glissa jusqu’à mes pieds. Un être obèse ne portant qu’un pantalon, s’étalait donc devant moi. Il gesticula tout en chouinant. Sa peau semblait comme boursoufflée, elle était marbrée de violet et de rouge, des brûlures peut-être ? Je n’osais pas imaginer ce qui était arrivé à ce malheureux.
Bibendum roula pour se mettre sur le dos, la vision de son visage fut un choc pour mon estomac et ma santé mentale. Comment pouvais-je vous décrire ça ? Imaginez un type qui mange des cacahuètes alors qu’il y est allergie : il va enfler, devenir tout rouge et enfin s’étouffer. Ben, le bonhomme, c’était pareil. À la différence que lui, absolument tout son corps avait gonflé ! Je me demandais même s’il ne risquait pas d’exploser, éparpillant ses boyaux et sa cervelle dans toute la pièce. Ses doigts boudinés s’agrippèrent à ma cheville pendant que ses yeux exorbités croisèrent mon regard.
– J’étais enfermé depuis si longtemps… aidez-moi. Par pitié !
D’instinct ou simplement de dégoût, je voulu reculer mais il ne lâcha pas prise. Et il continua d’implorer, de raconter sa vie. Ne pouvait-il pas comprendre qu’il me révulsait ?
– Coincé là-dedans depuis… des semaines ! Non, peut-être des mois. Je crois que l’eau m’a maintenu en vie… ou alors les radiations ? Je ne sais pas… je sais juste que j’ai faim. Aidez-moi, je vous en prie.
La seule chose que je retenu de son supplice, c’était qu’il y avait des radiations. Et ça n’avait aucune logique, comment aurait-il survécu si longtemps sans manger ? Tout ceci n’avait aucun sens. C’était une farce, une caméra cachée, c’était obligé !
Son visage de gros bébé, très moche, continuait de geindre pendant que j’essayais de me dépêtrer de son emprise sur ma cheville. Derrière-lui, l’eau s’écoulait encore dans un flot moins important. Je remarquai alors qu’elle ressemblait à de la boue et… Mon dieu quelle odeur ! C’était atroce ! Cette marée de défection embauma rapidement toute la pièce. Je régurgitai de la bile, mon estomac me faisant horriblement mal.
– J’avais si faim… tellement faim que… que j’en ai mangé ma propre fiente. Par pitié, donnez-moi de la vraie nourriture. De la viande !
Ses derniers résonnèrent à mes oreilles. Son ton avait changé et je vis juste à temps la lueur de démence qui passa dans son regard. Ses dents s’approchaient dangereusement de mon mollet. Pas d’autre choix, je devais me défendre ! Ma main se referma sur le pied de biche alors que j’observais son crâne dégarnit. Je me découvris par la même occasion une détermination que je n’avais jamais ressenti jusque-là.
Si votre Vigueur additionnée au pied de biche (+2) fait 6 ou plus :
Direction le chapitre 1-10.
Sinon : chapitre 1-11.
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