Je débouchais sur une autre salle couverte de faïence blanche. Il y avait de nombreuses portes l’une à côté de l’autre, certaines étaient ouvertes, laissant voir des douches. C’était donc ici que les employés de cette arche ou centre de surveillance, venaient pour se laver. Je ne pensais pas trouver quelque chose ici, à part du savon ou gel-douche. J’avouais qu’il serait appréciable de me doucher, mais avais-je vraiment le temps ? À bien y réfléchir, je n’étais pas spécialement pressé.

  D’un haussement d’épaule voulant dire : et puis, pourquoi pas. Je passais la marche pour entrer dans un des espaces de douche. Ma main se serra sur la poignée pour la tourner. Par pitié de l’eau chaude, ça serait vraiment bien. La canalisation se mit à grincer et quelques gouttes perlèrent du pommeau. Je compris alors : la salle précédente était inondée, il n’y avait plus d’eau. La déception fut grande, je ne vous le cache pas. Mon poing heurta le mur, un coup donné par simple frustration.

  Je fis demi-tour pour sortir et retourné dans l’allée principale. Je n’avais pas d’autre choix qu’avancer, malheureusement. Mon pied frappa une bouteille de shampoing qui vola avant de rebondir bruyamment. Je suivis des yeux le récipient en plastique et une ombre me fit tressaillir.

  Une énorme blatte cavala sur le mur pour foncer vers l’objet, comme attiré par le son. Je fixais l’insecte en affichant un visage écœuré. C’était un énorme cafard, gros comme un chat, probablement exposé aux radiations. Pourquoi les concepteurs de l’arche avaient embarqué des bestioles comme ça ? Et pourquoi fallait-il que ces immondices aient été exposé à des radiations ? L’endroit n’était pas supposé s’occuper de la pollution pour assainir le monde ? Si même ici, c’était infecté, alors l’extérieur devait être dans un triste état…

  Serrant mon pied de biche, j’avançais lentement vers l’insecte pour l’écraser avec force. Je n’avais pas envie de savoir si c’était agressif ou non. Comme on dit, la meilleure des défenses, c’est l’attaque. Mais à peine, avais-je fait quelques pas qu’un autre animal fit son apparition. Couvert de poils gris foncé, une longue queue ressemblant à un ver de terre – en bien plus long et gros – se jeta sur la blatte pour enfoncer ses crocs dans la chitine de l’insecte. En quelques secondes, le cafard se fit tuer par un rat d’une taille hallucinante. Le rongeur devait m’arriver plus haut que le genou. Je n’en revenais pas, l’endroit était infesté de nuisibles ! Pourquoi fallait-il que ça se passe ainsi ? Pourquoi on ne m’avait pas réveillé dans un endroit sécurisé, où on m’aurait accueilli avec un chocolat chaud, tout en me racontant que le monde était enfin sain et paradisiaque ?

  Parce que sinon, il n’y aurait aucune histoire à raconter. Car sans tout ce bordel, je n’aurai pas gagné d’expérience pour monter de niveau, pour devenir plus fort. Tout ça pour une seule chose ! Devenir un héros ! Ou pas. J’espérais surtout survivre jusqu’à trouver un endroit calme et agréable. Si en plus, il y avait des gens normaux pour refaire ma vie, ça serait juste parfait.

  Terminant son repas, le rat leva le museau pour renifler l’air. Ses moustaches s’agitaient dans le vide et l’animal tourna son regard vers moi. Voilà, il m’avait vu. Il était donc temps de passer à l’action ! Armé de mon pied de biche, j’attendis que le rongeur fasse le premier geste. Ce qu’il ne tarda pas à faire. Il courut vers moi, ses crocs bien en évidence. Comme un jour de golf, je collais un coup ascendant pour éclater la mâchoire de cette sale bête. Je fis mouche et le rat effectua une retournée presque acrobatique avec une magnifique giclée de sang.

  Je découvris alors un fait intéressant : les rats sont résistants. Et les rats géants le sont encore plus. Mon adversaire se redressa tout en couinant de colère. L’animal réitéra son attaque, apparemment, il n’avait pas compris que le résultat serait le même.

  Une vive douleur au mollet, m’arracha un cri. Je jetai un regard en arrière pour voir qu’un autre rongeur m’avait attaqué dans le dos. Cette attaque surprise ouvrit la voie à mon premier adversaire qui profita de la situation. D’autres crocs s’enfoncèrent dans ma chair, perforant ma cuisse. Au milieu de mes hurlements, ma montre sonnait. Comme si c’était le moment !

« -6 PVs.

Rat géant vaincu.

+2 d’expérience. »

  J’assénai un coup de pied de biche à celui devant moi. Perforant son bide avec le côté pointu de mon arme. Ses crocs lâchèrent prises pendant que j’extirpai mon arme du cadavre. Remuant la jambe avec force, l’autre me libéra pour bondir en arrière, prenant appuie pour un saut au niveau de mon dos.

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