L'entorse
Un poème pour rimer le sens doit oublier
Ainsi vous entendez lever l’ambiguïté !
Dites-nous à l’instant quelle musicalité
Discute le printemps, questionne l’été
Evoque l’automne, l’hiver décrit d’un trait
Evite ou abandonne, livre le cœur des faits
Des trésors d’invention, sans nommer sans jargon
Déplace l’attention, semble une oraison
Une voix sur le point de toucher l’âme enfin ?
Unique elle n’est pas moins devise morale et fin
Une écholalie fée, de paroles envolées
Utile sans exister, devenir sans passé
Tout mot est répété, ordinaire ou savant
Tout prendre ou tout laisser, ordonné ou fringuant,
Peu importe le nerf, peu importe le chant,
Peux-tu trouver le fer, peux-tu trouver le temps
Que ne corrodent pas le désir et l’argent ?
Querelle qui prend le pas, le poète prudent,
Laisse sa plume au vent, de l’air rien que de l’air !
Laid beau ou bien méchant, devant comme derrière,
Le poème s’écrit en musique seulement :
Le vers, la poésie, embrasse pleinement
Fort de ton ambition, en un mot sois en sûr,
Forme ta partition, sans règle ni mesure !
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