CHAPITRE 7 : « Shanpaï » « Xiao Tsu-Kun ou « Xi » pour ses amis »

« Cité universitaire, quatrième étage, chambre quatre cent dix. »

Toshio se retourne pour voir la tête du nouvel arrivant qui va partager avec lui la chambre double, leurs regards se croisent et restent un long moment comme figés, chacun prenant connaissance de l’autre en gardant bien entendu pour lui ses premières impressions.

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« Pensées de Toshio. »

Hum ! Ça aurait pu être pire ! Il a l’air plutôt cool !

« Pensées du nouveau venu. »

Oups !! Il ne lui manque plus qu’un sourire et j’ai devant moi le mec le plus mignon que je n’ai jamais vu, de quoi virer homo ! Hi ! Hi !

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Quelques longues secondes passent encore avant que le nouveau venu ne se décide à poser ses valises et à prendre la parole dans un Japonais quelque peu hésitant, avec un fort accent étranger qui surprend visiblement Toshio.

- Bonjour !! Je suis Xiao, mais tu peux m’appeler « Xi » !! Nous allons devoir partager cette chambre, alors j’espère que nous nous entendrons bien.

Xiao va pour lui tendre la main quand son coloc pose les siennes paume contre paume pour ensuite légèrement s’incliner, il comprend alors qu’il va devoir faire attention de ne pas choquer par ses manières ne correspondant pas et de loin, à la culture asiatique traditionnelle.

Il se reprend alors pour lui rendre sa politesse, voyant bien comment ce simple revirement semble soulager fortement l’autre garçon qui lui avait semblé se crisper soudainement à son premier geste.

- Enchanter !! Moi c’est Toshio, mais tu peux m’appeler « Yo » !! Il faut que tu saches une chose primordiale sur moi, je souffre d’une affection psychologique qui me rend les contacts avec les autres personnes particulièrement désagréables. Tu devras juste garder tes distances avec moi et tout se passera bien, je sais combien mes paroles peuvent te paraître étranges, mais je n’y peux rien !! Une sorte de panique me prend quand quelqu’un entre en contact avec moi et ce même par inadvertance, j’espère que tu n’en prendras pas ombrage et que nous pourrons cohabiter sans que l’un de nous deux en éprouve de la gêne.
- Ça ne doit pas être facile à vivre comme situation, je ferai de mon mieux pour me rappeler tes paroles.
- L’année dernière tout s’est bien passé, il n’y a pas de raisons qu’il en soit autrement cette année.
- Pourquoi n’as-tu pas gardé ton ancien coloc alors ??
- La raison en est bien simple, j’ai juste changé de cursus et je regrette aussi d’être séparé de « Tak » avec qui j’avais réussi à me mettre en confiance !! Enfin… disons, d’une certaine façon.
- Bah !! Il n’y a pas de raisons pour qu’on n’y arrive pas, tu as le mérite d’être franc et tu verras que c’est aussi mon cas, donc dès qu’un truc ne va pas entre nous il suffira de le dire avant que ça prenne trop d’ampleur. Comme tu as dû le remarquer, je ne suis pas japonais mais à moitié chinois par mon père et l’autre moitié français par ma mère, donc je risque de commettre des impairs niveau comportemental.
- Je comprends mieux pourquoi tu m’as tendu la main, j’avoue que le mélange des deux est assez réussi.
- Assez ?? Comment ça assez ?? Dis plutôt que tu es déjà jaloux d’avoir un si beau mec qui va te faire de l’ombre auprès des filles ! Hi ! Hi !

Toshio a alors un léger rictus qui pour lui est l’amorce d’un début de sourire, ce que Xiao découvrira avec le temps quand il se posera la question après quelques jours de cohabitation à le voir toujours avec le même visage fermé ne marquant aucune espèce d’expression.

- Je devrais prévoir un stock de protection solaire alors !!
- Pourquoi donc ??
- Parce qu’ici c’est une université de mecs et que si je veux trouver de l’ombre grâce à toi, je risque de griller sur place !!
- C’est ça l’humour Japonais ?? Merci de me prévenir ! Hi ! Hi !

Les deux garçons s’observent à nouveau avec cette fois un certain soulagement dans le regard, conscient tous les deux que même si ça risque de ne pas être simple, du moins il n’y aura aucune animosité entre eux.

Du coup Xiao se désintéresse pour un temps de Toshio pour faire le tour d’horizon de la chambre, soit deux lits d’une personne séparés par un vaste double placard qui les séparent l’un de l’autre suffisamment pour que chacun d’eux garde sa zone d’intimité.

De l’autre côté de chaque lit se trouve un bureau avec un double rayonnage fixé au mur et un petit meuble bas de chaque côté qui couronne le tout, en face des couchages, il peut voir une table et deux chaises, un frigo et une armoire basse sur laquelle est posé un four à micro-onde multifonctions, un autocuiseur pour le riz, une cafetière ainsi qu’une bouilloire.

Xiao se dit que le confort sera a minima, mais qu’il ne manque rien du principal et que de toute façon, rien ne les empêche de ramener par la suite des objets personnels.

C’est donc sans plus s’occuper de Toshio que Xiao déballe ses valises pour ranger ses affaires dans le placard qui lui est attribué et ce sous le regard rassuré de son colocataire, qui comprend en le voyant faire qu’il saura respecter son besoin d’être laissé tranquille.

Pourtant entre l’attitude extérieure que montre Xiao et ses pensées intérieures où beaucoup de choses se bousculent, ne serait-ce déjà l’aspect physique de Toshio qui le trouble plus qu’il ne l’aurait pensé venant de la part d’un garçon.

Il doit se rappeler également la raison qui l’a amené ici pour poursuivre un temps ses études dans cette université aussi loin de chez lui, dans un pays qu’il ne connaît pas aussi bien que ça et pour une mission qui lui paraît complètement farfelue, mais qu’il ne pouvait pas refuser sans se heurter de front avec ses parents et toute la communauté du centre.

C’est déjà bien qu’il ait pu conserver le même cursus que celui qui était son premier choix, Xiao soupire un grand coup en se disant que ça ne lui fera qu’une expérience de plus et que de toute façon, il ne pourra que progresser dans ses connaissances déjà acquises du japonais, langue qu’il affectionne particulièrement et qui va très vite s’en trouver grandement amélioré, ce qui sera toujours un plus pour son épanouissement personnel.