CHAPITRE 122 : « Première rencontre » « Thomas »

« Studio où vivent Thomas et Éric, ce matin-là. »

Éric termine de replier le canapé-lit au moment où Thomas sort de la salle de bains, comme un jeune couple déjà bien rodé chacun sait ce qu’il a à faire et bientôt l’odeur du café chaud se fait sentir, tandis que tartines et yaourts sont déjà sur la petite table, à attendre d’être dévorés avec appétit.

Ce n’est qu’une fois la première tasse avalée, qu’une conversation débute entre les deux copains par un rire amusé venant d’Éric.

- Hi ! Hi !

Thomas tourne la tête vers lui en souriant.

- Tu pourrais partager ta joie !!
- Je pensais à la « casse » qui s’est sans doute ouverte en face de chez moi.
- La casse ??

Devant le regard marquant l’incompréhension de Thomas, Éric lui rend son sourire.

- Je n’ai pas rêvé pourtant, il y avait bien deux tas de rouille qui se prélassaient sur la terrasse des De Bierne avant-hier !
- Pffttt !! Quel con je te jure !! Je me demandais où tu voulais en venir avec ta casse !! Comment ça deux rouquins ??
- T’as raté quelque chose si tu n’as pas vu le nouveau, je rigole mais c’est un vrai canon le gars !! Déjà que le tout petit depuis quelque temps devient tout craquant… je me demande s’ils sont justes amis !!
- Tout de suite !! À t’écouter tous les beaux mecs sont homos.

Thomas reste un moment songeur.

- Remarque que Mathis m’en avait déjà parlé !!
- Je ne te parle pas du gars avec qui il est inséparable !!
- Prends-moi pour un idiot tant que tu y es, je sais bien qu’il n’est pas roux celui-là !! Non !! Je parlais du jeune De Bierne, j’ai dû le croiser une ou deux fois sans vraiment y faire attention.
- Normal puisqu’il n’est quasiment jamais chez ses grands-parents et quand il y est, il reste à lire sur la terrasse ou enfermé dans le salon. J’ai plus de facilités à le voir ou plutôt de l’apercevoir que toi, vu qu’il habite juste en face.
- Comment ça se fait que tu penses à lui subitement ?? Il t’a tapé soudainement dans l’œil ou quoi ?
- C’est certain qu’il me dirait oui, je ne dirais pas non !! Mais je te parlais de l’autre rouquin, celui qui était avec lui la dernière fois. Genre j’en rêve la nuit si tu vois où je veux en venir ??
- Je ne te suffis plus alors ??
- Arrête ça, tu veux bien !! Tu sais bien que nous deux ce n’est pas pareil.
- Hum !! Ok, je comprends et donc ??

Éric fixe son meilleur ami en cherchant une pointe de moquerie ou autre, ne trouvant qu’une curiosité amicale d’en apprendre plus sur ce qui ressemble bien à un coup de foudre qu’il a ressenti ce jour-là.

- J’aimerais le revoir !!
- Wouah !! Ne me dis pas que tu es tombé raide dingue d’un gars que tu n’as aperçu qu’une fois, depuis ta fenêtre de chambre en plus !!
- Je sais, ça parait con !! Mais en fait je l’ai aperçu plus qu’une fois, seulement avant-hier il était encore plus craquant que les autres fois.
- Eh bien la prochaine fois qu’on rentre à la maison, tu n’auras qu’à poser la question à tes voisins. Encore mieux tiens !! Demande au petit-fils, comme tu le trouves mignon tu feras d’une pierre deux coups ! Hi ! Hi !
- C’est ça moque toi bien !!
- Mais non mon grand !! Juste que je trouve ton histoire un peu rapide, je te parie que d'ici une semaine tu l’auras oublié ton rouquin.

La conversation s’arrête là le temps de nettoyer la vaisselle du petit-déjeuner, ce n’est qu’une fois dans la rue alors qu’ils marchent l’un à côté de l’autre vers la fac, qu’Éric bougonne dans ses dents.

- Oui mais quand même !!
- Quand même quoi ??

Ne recevant pas de réponse, Thomas devine sans mal que ce doit être lié à la discussion de ce matin.

- Tu es encore avec ça ??
- Je n’arrive pas à me les enlever de la tête depuis ce matin !!
- Les ??

Thomas soupire d’exaspération de voir son ami se prendre la tête comme il le fait, pourtant cela lui rappelle étrangement une conversation qu’il a eue avec son cousin Mathis dont le sujet n’était pas si éloigné que celui qui rend Éric nostalgique depuis qu’il s’est levé.

La seule différence étant le deuxième garçon qui pour « Math » est complètement différent de celui d’Éric, un petit gars châtain foncé de la taille du petit-fils De Bierne et qu’il a croisé lui aussi à quelques rares occasions, suffisantes en tous cas pour qu’il se fasse une idée des goûts de son cousin.

Mathis justement lui disait combien il trouvait mignon depuis quelques années, l’enfant sauvage recueilli par les De Bierne.

Sans compter la polémique qui revient régulièrement sur la table, sur la véritable filiation de ce dernier avec lesdits De Bierne.

Éric en revient à la dernière question de son meilleur ami.

- Je t’avouerais que les deux sont à croquer, il va falloir qu’on essaie de nous rapprocher d’eux !! T’en penses quoi ??
- J’en pense que tu n’es pas le premier à m’en faire la demande, j’avoue que vous avez mis « Math » et toi, ma curiosité en éveil.
- Tu serais d’accord alors ?
- On verra ça aux prochaines vacances.
- Ok, cool !!

Thomas sourit devant l’air visiblement satisfait et content de lui d’Éric, il revisualise le peu qu’il se souvient du gamin vivant en face de chez son ami.

Le gamin semblait sympa quoique plus jeune qu’eux, c’est sans doute la raison principale qui a fait qu’ils ne se fréquentent pas alors que Mathis du même âge que lui, en était déjà intarissable.

Mignon n’est pourtant pas le terme qu’il retient de ses souvenirs, amusant, comique, boute-en-train, farceur et il en passe et des meilleurs dans le même genre d’idée, serait plutôt les adjectifs qu’il aurait utilisés si on lui avait demandé son avis.

Pourtant à y repenser, sa petite bouille grêlée était déjà plaisante à regarder, mais c’était il y a quelques années déjà et c’est certain qu’il a du bien changer depuis, Thomas n’est pas plus étonné que ça d’apprendre l’intérêt qu’il suscite maintenant auprès de ses amis.

Mine de rien tout en marchant tranquillement en tapant la discussion, ils arrivent devant la grille de la fac juste au moment où cette dernière s’ouvre.

Il y a déjà du monde à attendre dans la rue pour cette rentrée, aussi ils doivent patienter un bon moment avant de pouvoir passer le porche à leur tour.

Éric une fois à l’intérieur, cherche déjà du regard s’il y trouve quelques-uns de ses amis de l’année précédente, quand quelque chose lui attire inexorablement l’attention.

Il attrape Thomas par sa manche en lui montrant du doigt plusieurs étudiants qui tapent tranquillement la discussion sous les regards de plus en plus nombreux de ceux qui comme lui les découvrent.

- Eh bien ça alors !! Si je m’attendais !!