CHAPITRE 150 : « Tokyo » « Salle d’archivage du contre-espionnage. »

Shinzo se dirige alors vers la partie plus moderne de la salle des archives, où se trouvent les puissants ordinateurs de sauvegarde.

Il s’installe à l’une des tables devant l'un des écrans et commence ses investigations après avoir tapé le code confidentiel lui permettant d’y avoir accès.

Quasiment une heure se passe à dérouler les fichiers un par un, jusqu’à ce qu’il tombe en arrêt devant celui qu’il recherchait inconsciemment.

Le rapport venant des agents infiltrés en France une semaine avant la réapparition officielle du jeune De Bierne, alors qu’ils suivaient ceux de ses proches qui avaient pris les rênes de ses diverses activités.

Les clichés montrent bien le vieil homme montant la dune, accompagné d’un des fidèles du jeune De Bierne, Shinzo clique pour ouvrir la page suivante quand il sursaute cette fois devant l’image qu’il a sous les yeux.

Le même jeune homme blond redescend cette fois la dune, sauf que la personne qui l’accompagne a à l’évidence changé et ce n’est qu’après avoir zoomé sur le personnage, qu’il laisse échapper un juron bien sonné.

- Bordel !! Mais… que… !!

Shinzo se rend compte qu’il est seul et se reprend tout en lançant l’impression des deux pages concernées, la date de prise des deux photos étant une autre preuve que ses soupçons n’étaient pas aussi délirants qu’il le pensait au tout début et que les deux folios qu’il tient maintenant en main le lui rappelleraient en cas où le doute lui serait revenu.

Il retourne ensuite à la table où se trouve toujours le vieux parchemin, compare les deux images qui sont suffisamment étrangement semblables pour que la question se pose.

La description d’Isanagi ne prêtant plus à l’erreur possible, sauf un extraordinaire concours de circonstances venant d’une invraisemblable ressemblance et enfin la troisième photo montrant bien le jeune De Bierne descendant la dune, lui donnant par là même la quasi-certitude que son instinct ne l’a encore une fois pas trompé.

Shinzo se pose les mains sous le menton, les bras accoudés à la table pour réfléchir, la solution qu’il retient alors est celle qu’a choisie le jeune De Bierne pour garder son identité secrète et qui à l’évidence entre mieux dans son schéma de récupération de son intellect pour privilégier son pays.

Le Premier ministre étant parfaitement conscient qu’il perdrait cet avantage en dévoilant ce qui pour le moment reste un secret bien gardé.

Il utilise ses droits spéciaux pour effacer toutes traces de ses recherches, s’en retournant ensuite rejoindre son bureau pour accélérer le plan mis en œuvre quelques heures plus tôt.

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« Salle de classe des deuxièmes années de médecine. »

Naoki observe de dos son colocataire qui semble écouter le cours avec une attention toute particulière alors qu’il est soporifique au possible, comprenant qu’il a pris cette apparence studieuse pour éviter son regard.

Takumi l’évite depuis ce matin quand il est revenu sur cette histoire de « plan » qu’il avait lâché à haute voix sans vouloir rien en dire ensuite et ce malgré son insistance à en savoir plus.

Naoki capte le même regard que le sien venant de Toshio, qui lui aussi semble se poser beaucoup de questions au vu de la façon dont ses yeux sont posés sur lui.

Le professeur est soudainement interrompu par l’entrée d’un personnage encore inconnu du campus, qui le prend alors en aparté en lui glissant une enveloppe dans la main.

Tous les étudiants tendent l’oreille, cherchant à connaître le sujet de la conversation qui semble s’animer d’un coup devant l’incompréhension flagrante du professeur.

L’inconnu insiste visiblement et finit par le convaincre, s’inclinant alors pour ressortir aussi rapidement qu’il était entré dans la salle.

L’enseignant reprend sa place en relisant une fois encore les papiers qu’il tient d’une main tremblante, jetant ensuite un regard ahuri sur ses élèves avant de prendre enfin la parole.

- Eh bien si je m’attendais !! Hum !! Bon !! Vous devez vous interroger sur ce qui vient de se passer à l’instant, sachez que chaque université du pays a reçu, ou reçoit en ce moment cette directive concernant les étudiants à partir du deuxième cycle jusqu’aux terminales et cela dans apparemment à ce que j’en ai compris un double but. Le premier étant de faire ressortir ceux d’entre vous ayant un potentiel exceptionnel, le second pouvant peut-être aider à résoudre un grave problème où tous nos chercheurs se cassent les dents depuis deux décennies.

L’enseignant d’une main levée stoppe toutes velléités de question venant de l’un d’eux, leur tournant ensuite le dos pour retranscrire une formule inscrite dans le folio joint à ces instructions académiques.

Il doit s’y reprendre en plusieurs fois tellement cette dernière semble ardue même pour lui, un bon quart d’heure lui est nécessaire avant qu’enfin il ne se tourne à nouveau vers ses élèves.

- Ceci n’est qu’un extrait d’une formule qui nous a été donné généreusement par celui qui n’est plus à nommer, elle a permis à l’humanité de se libérer de cette chape de pollution que la majorité d’entre vous n’a heureusement pas connue et pour cause puisque cette formule nous en a libérés il y a maintenant vingt ans.

Un étudiant lève la main.

- Qu’est-ce que ça à voir avec notre formation monsieur ? J’avoue que je n’en comprends pas le moindre signe !! Je ne pense pas être le seul dans ce cas !!

Un murmure d’assentiment en dit long sur la pensée du reste de la classe.

- Pour être honnête je vous répondrais que je ne la comprends pas non plus, juste ce que je peux lire sur la note jointe et qui dit que celui qui émettra la meilleure analyse à la question posée, se verra recevoir une mention sur son bulletin de notation !!
- Eh c’est quoi la question ??
- Cette formule a été utilisée et a parfaitement fonctionné, seulement dernièrement il a été décidé de la réutiliser afin de limiter l’effet de refroidissement climatique qu’elle émet temporairement quand il y a trop de polluants dans l’atmosphère.
- Nous n’avons rien ressenti monsieur !!
- Normal puisqu’il s’est agi d’un échec que nos scientifiques ne comprennent pas, la formule ayant été pourtant recopiée à l’identique de la première fois dans nos laboratoires.

Le professeur observe un moment les traits dubitatifs de ses étudiants, pour certains et songeurs pour d’autres, ne comprenant pas lui aussi ce que recherche exactement le gouvernement en dérangeant les cours universitaires pour résoudre un problème nécessairement hors de leur portée.

- Nous allons noter tout ce qui vous passe par la tête avec un semblant de bon sens, vous comprendrez bien que personne n’attend réellement de vous la réponse à cette question insoluble par nos plus grands spécialistes.

Toshio ou plutôt Hoshio lève la main, se souvenant d’une réflexion de son frère sur le sujet juste avant que son cerveau ne soit saturé par les médicaments.

- Oui ??
- Si réellement c’est la même formule, il n’y a qu’une solution monsieur !!
- Ah oui !! Eh bien dites-nous à laquelle vous pensez ?
- Un marqueur quelconque intégré dans la formule qui en désactive l’effet en cas de réutilisation dans un endroit déjà traité.
- Quelle en serait la raison ?
- Peut-être est-ce dangereux de répéter l’opération plusieurs fois ou encore que le concepteur ait fait ce choix volontairement pour une occasion unique.
- Pourquoi donc ferait-il une chose pareille ?
- Un avertissement qu’il ne faille pas compter sur une formule, mais qu'elle a été créée uniquement pour nous laisser le temps nécessaire à changer notre façon de vivre !!

Fin du tome quatre livre un