La mort de Dieu

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La deuxième idée clé de Nietzsche qui va compléter la première est ce qu’il appelle : «la mort de Dieu».

Cette formule est très certainement provocatrice et assez paradoxale car en effet, si dieu existe il ne peut pas mourir car s' il existe il est éternel, et s' il n’existe pas il ne peut pas mourir car il faut exister pour pouvoir mourir.

“La mort de Dieu” signifie alors quelque chose qui va profondément marquer le 20ème siècle et qui s’apparente comme dirait Max Weber au «désenchantement du monde», c'est-à-dire : la fin des idéaux, des idoles et surtout la fin de la structure religieuse qui, indépendante d’une ou d’une autre religion se présente comme la structure du nihilisme, c’est à dire la structure de l’opposition même entre : l’au-delà et l’ici-bas, entre l’idéal et le réel.

La mort de dieux annonce alors non seulement la fin de l’idéologie ou de l’illusion religieuse qui vont êtres cassées et déconstruites par le marteau philosophique mais c’est aussi et évidemment, la mort de toutes les visions morales traditionnelles qu’elles soient religieuses ou non. A titre d’exemple : le christianisme. Les figures laïques / athée de l’idéal politique comme : le communisme, le socialisme, le libéralisme, l’idée de progrès, les droits de l’homme, la démocratie. Entre autres, tout ce qui a pu constituer sur le plan moral et politique un idéal, tombe sous les coups de la critique du nihilisme car tous ces idéaux, rentrent au sens large dans la catégorie religieuse.

Le socialisme et le marxisme elles, sont des religions de salut terrestres et, même en étant des religion de salut terrestre et athée elles n’en sont pas moins religieuses au sens de la pensée de Nietzsche car l’opposition entre l’au delà et l’ici bas, entre l’idéal et le réel et entre le communisme et la réalité triviale du monde capitaliste est présente. Entre autre, la structure qui anime une religion traditionnelle ou une religion de salut terrestre est la même.

Nietzsche le dit tout à fait clairement dans le Gai Savoir paragraphe 343 : « Le plus grand des évènements récents, la mort de Dieu, le fait autrement dit que la foie dans le Dieu chrétien ait été dépouillé de sa plausibilité commence déjà à jeter ses premières ombres sur l’Europe. Peu de gens, il est vrai, ont la vue assez bonne, la méfiance assez avertie pour percevoir un tel spectacle. ( il pense qu’il est le seul à être assez clairvoyant pour percevoir la mort de Dieu ). Mais d’une façon générale, on peut dire que l’évènement est beaucoup trop grand, trop lointain, trop en dehors des conceptions de la foule pour qu’on ai le droit de considérer que la nouvelle de ce fait, je dis bien simplement la nouvelle, soit parvenue aux esprits, pour qu’on ai le droit de penser à plus forte raison que beaucoup de gens se rendent déjà un compte précis ce que qui a eu lieu et de tout ce qui va s’effondrer maintenant que se trouve miner, cette foi qui était la base, l’appui, le sol nourricier de tant de choses, toute la morale européenne entre autre détails.»

Par ce paragraphe, Nietzsche veut dire que la mort de Dieu, avec l’effondrement du christianisme qu’il annonce, est en réalité toute la morale européenne qui s’écroule. La morale de Platon jusqu’à Marx qui est en train de vaciller sous les coups du marteau.

On a là quelque chose qui est très claire et qui est très important qui fait que Nietzsche va détester tout les idéaux laïques et religieux qu’il va déconstruire au même niveau. « Nous qui nous réclamons d’une autre foi ( que celle du nihilisme ), nous qui considérons la tendance démocratique non seulement comme une forme dégénérée de l’organisation politique et comme une forme décadente et diminuée de l’humanité qu’elle réduit à la médiocrité et dont elle amoindrit la valeur, ou mettons nous notre espérance.

Ce passage est assez intéressant car Nietzsche annonce tout de même une espérance, et la question qui se pose toujours est celle où l’on se demande s' il va nous ressortir un nouvel idéal, un nouvel idole.

En résumé, Nietzsche englobe dans sa critique du nihilisme toutes les religions y compris celles laïques. Il déteste autant les droits de l’homme, les progrès, l’anarchisme, le socialisme, le libéralisme que la religion chrétienne. Il pense qu’il s’agit fondamentalement de mensonges inventés par l’humanité pour se consoler et pour donner du sens à la vie en même temps que cela sert à nier le réel au nom d’un idéal supérieur.

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