Faire de son rêve, une réalité

de Image de profil de QuisaitQuisait

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Il y a quelques semaines, j’ai demandé à mes élèves d’imaginer la chambre de leur rêve. De la décrire, la dessiner, de partir dans toutes les folies que l’imaginaire permet d’obtenir. Nous lisions « Charlie et la chocolaterie », et les similitudes de milieu économique et social entre le protagoniste et eux étaient si évidentes, qu’ils se sont vite identifiés à Charlie, et que j’ai vu là une belle occasion de les faire parler, écrire, et rêver.

La plupart d’entre eux n’a qu’un bout de chambre, voire même un bout de pièce qui n’est pas une chambre, avec nulle part où travailler correctement, nulle part où ranger leurs affaires. En observant leurs productions, j’ai vite vu que leurs idées, ou même leurs envies, n’étaient finalement pas si utopiques que ça. Simplement avoir un lit avec un oreiller, parfois. Les plus audacieux avaient dessiné des ballons de foot ou des cœurs sur les draps, et ceux qui ont vraiment osé franchir les limites du possible avaient déposé ça et là des jolies lampes et des tableaux sur les murs.

Evidemment, ils m’ont demandé moi aussi d’imaginer ma chambre idéale. Je leur avais simplement répondu que ma chambre de rêve était celle de Willy Wonka… Ils ont ri, bien sûr, longtemps, innocemment, et le chocolat que je grignote à longueur de journée en classe leur prouve bien que mon rêve n’est pas inventé mais bien ancré en moi. Ce qu’ils ignorent en revanche, c’est que mon Willy Wonka à moi ne porte pas de chapeau ni de queue-de-pie…

Aujourd’hui, dans un tout autre contexte que l’école, on m’a demandé ce que pouvait être ma maison de rêve.

Bien entendu, je ne peux me comparer à mes petits élèves de 8 ou 9 ans, qui ont moins que pas grand-chose, et demandent des choses tellement banales, qu’on en oublie que certains n’ont même pas accès à cette banalité.

Pourtant, j’ai moi aussi, un rêve, une envie, depuis mes 8 ou 9 ans.

C’est à cet âge-là que mon père m’a fait plonger dans l’univers de Pagnol. Livres, films, répliques qu’on s’amusait à rejouer, débats sur les thèmes abordés… Très régulièrement nous regardions son film préféré, « La gloire de mon père ». Même si nous le connaissions par cœur, l’émotion restait intacte à chaque visionnage. Et ce qu’il y a de magique, c’est que ce film ouvrait de nouvelles discussions à chaque fois. Mon âge avançant, mon regard sur l’histoire et les personnages changeait, apportant de nouvelles préoccupations et questions.

Des années plus tard, j’ai découvert « Le livre du voyage » de Werber. C’est un livre très spécial, qui lui aussi, peut, et même doit, être lu et relu à différentes périodes de sa vie.

Dans ce livre, il y a un passage où l’auteur nous demande de nous imaginer dans notre endroit préféré, avec nos personnes préférées.

Dès que j’ai lu ces lignes, il y a un lieu qui est venu à moi, instantanément. Au début, j’ai cru que seul mon imaginaire l’avait créé. Mais en creusant dans ma petite cervelle, j’ai reconnu l’endroit.

Je voyais, très clairement, une scène, de nuit, en extérieur. Sous un arbre, avec une branche sur laquelle on avait accroché une lanterne, il y avait une grande table. Chaleureuse, avec des plats, des boissons, et tout autour, des gens assis.

Cette table, cet arbre et cette lanterne, sont ceux de la scène des cigales, dans « La gloire de mon père ». Toute la famille est installée pour manger, Joseph accroche et allume la lanterne, ce qui réveille les cigales, cachées dans les poches de Marcel et Paul.

Cette scène respire la sérénité, le bonheur d’être ensemble, les bêtises d’enfants, la nature, la convivialité, l’amour… Elle réunit, en quelques minutes à peine, les plus belles choses de la vie.

Et c’est ça, mon endroit préféré, alors qu’il n’est même pas réel. C’est ça, que je visualise à chaque fois que je relis « Le livre du voyage ». La seule chose qui diffère, ce sont les gens qui sont autour de la table. La vie passant, nos compagnons de route changent, certains partent, d’autres arrivent. Les visages souriants assis sur les chaises, buvant et mangeant tout en riant de bon cœur, ne sont jamais les mêmes.

Mais il y a toujours du monde, des enfants, qui courent, rient, moi qui apporte des plats sur cette grande table, cette lanterne qui éclaire légèrement mais suffisamment, ce doux soir d’été si parfait, empli de bienveillance et de joie.

Alors naturellement, quand on m’a demandé quelle était ma maison de rêve, c’est cette image qui est revenue à moi. Mais je dois avouer que ça faisait longtemps que je n’y avais pas pensé. Pris dans le tourbillon de la vie, on en oublie parfois de rêver.

Bon, me concernant, il suffit de peu pour que le rêve et les folies qui vont avec reviennent au galop… Et me voilà donc, à repenser à l’arbre, la lanterne et la table. Et me voilà donc, maintenant, adulte, à rêver que ce rêve puisse un jour devenir réalité.

Mon arbre, ma lanterne, ma table, mes amis, mon amour de garçon, et, soyons fou, mon Willy Wonka qui me fait tant rêver, lui aussi…

Bien sûr, à côté de ces choses simples, je visualise d’autres choses. Mon côté « gauche caviar » n’étant jamais loin, une belle piscine serait également du plus bel effet dans cet environnement. Un jardin, des plantations en tout genre, et ah tiens, puisqu’on est dans le rêve et que tout est permis, un objet qui n’existe probablement plus, mais qui m’a fait rêver étant petite aussi, une balancelle.

Concernant la maison en elle-même, il m’est difficile de l’imaginer, et mes critères ne sont pas figés. Un lieu de vie est avant tout une rencontre, un feeling, et comme avec les gens, on peut se sentir en confiance dès les premières secondes, ou au contraire avoir envie de fuir.

Des éléments pourraient pencher en la faveur d’une habitation plus qu’une autre…une cheminée, pour faire griller des châtaignes à l’automne, une grande baie vitrée, pour voir tomber la neige l’hiver, des balconnières aux fenêtres, pour avoir l’odeur des fleurs au printemps, un grand garage, pour que mon fils organise des soirées avec ses amis comme j’ai pu le faire, un cellier, pour stocker de la nourriture, pour rester enfermés chez soi les week end où on n’aurait pas envie de sortir, un grenier, pour entasser des souvenirs, s’y replonger dedans de temps en temps, être envahis par la nostalgie et se dire que le temps passe, qu’on doit profiter de la vie, à chaque instant, et faire autant que possible de ses rêves, des réalités…

Un jour, j’ai dessiné le vélo que je rêvais d’avoir, avec des couleurs improbables, et la magie de la vie m’a apporté ce vélo, à l’identique, aussi fou que ça puisse paraitre.

Alors, si je dessine l’arbre, la lanterne et la table, peut-être que…sait-on jamais...

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Commentaires & Discussions

Faire de son rêve, une réalitéChapitre5 messages | 1 an

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