SI SEULEMENT

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Lucas 

La compagne de Véronika saisie ma main tendue et me salue avec un sourire légèrement moqueur.

- Je suis également ravi de vous rencontrer enfin monsieur Lambert.

Elle m'examine de la tête au pied avant de laisser échapper une remarque qui me fait grimacer.

- Vous êtes donc le fameux Lucas. me dit-elle en souriant plus largement.

Elle marque une petite pause, puis continue en me regardant plus sérieusement.

- Je comprends mieux les inquiétudes que peut nourrir Véronika à votre encontre.

Contrarié par cette observation quelque peu arbitraire, je tente abréger les civilités, mais elle n'est pas très loquace. Car contrairement à ce je souhaite, elle essaye de maintenir un peu plus que nécessaire notre poignet de main. Le regard qu'elle porte sur moi à cet instant est bien plus critique que ses paroles ce qui me déplaît un peu plus. De quel droit cette femme, sortie de nulle part, se permet de me juger ?

Je déteste qu'une personne se fasse une opinion de moi sur des ouïs dires. Agacé, je promène sur elle un regard scrutateur en essayant de me forger une rapide opinion ; mais je n'aime définitivement pas l'impression qu'elle me laisse. Alors plus intrigué que réellement furieux, je finis part laisser ce que je pense s'esbigner.

J'affiche un rictus sarcastique et rétorque.

- Aussi étonnant que cela puisse paraître pour vous, je ne voyais pas Véronika en couple avec une femme.

À cette semonce assez mesquine, je dois l'avouer, elle sursaute changeant immédiatement d'expression. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai touché beaucoup trop juste, mais son visage semble dévasté. Pendant un bref instant, je regrette presque de l'avoir pris à son propre jeu jusqu'à ce que je remarque son air sévère empreint de dégoût.

Elle m'adresse une expression torve et me toise avec mépris. 

- Vous êtes donc de ceux-là ? me demande-t-elle.

Ne voyant pas où elle veut en venir, je l'interroge sans ciller.

- Qu'entendez-vous par de ceux-là ?

Elle hausse les sourcils et objecte furieuse.

- De ceux qui pense qu'il faut nécessairement une queue pour jouir ?

Je ricane et cela semble la mettre un peu plus hors d'elle. Elle me foudroie du regard ce qui accentue mon hilarité.

- Quoi ? Je vous choque au point que vous tentez de faire passer la chose sous le couvert du comique. Pour vous être lesbienne est une tare ? Vous êtes de ceux qui pensent pouvoir me faire changer de camp ?

Sans lui répondre immédiatement, le rictus narquois qui naît sur mes lèvres l'averti que ma réponse ne risque pas de lui plaire.

- Désolé, mais vous n'êtes pas du tout mon genre. Et même si vous l'étiez, pourquoi êtes, vous offenser si ce n'est pas la vérité ?

Prise au dépourvue, elle ne répond rien alors je continue.

- Ne vous trompez pas de sujet ma chère. Il ne s'agit pas de vous faire changer de camp, il s'agit de savoir dans quel camp joue votre compagne. Allons pourquoi tant de haine et de récriminations ? Par ailleurs, je ne me permettrai jamais de juger les préférences sexuelles d'autrui au vu des miennes. De plus avant que cette discussion ne parte en verve contre productive, je tiens à dire que ma meilleure amie est lesbienne. Même si je me plais à la taquiner parfois, je suis ravi qu'elle ai Sacha dans sa vie. Elle aime les chattes autant que moi et je suis bien placé pour la comprendre.

Je m'apprête à ajouter quelque chose, mais Véronika met un terme à notre échange. Elle tourne les yeux vers sa compagne et lui imposant le silence.

- Triss, je ne crois que monsieur Lambert doive se justifier auprès de toi. À l'avenir, je te conseille vivement de garder ton opinion pour toi et de te faire discrète. Tu sais combien je déteste plus que tout les discours inutiles et les scandales. Pourtant, pour une raison qui m'échappe complètement, tu te plais à outre passé tes droits. Cela me contrarie vraiment d'avoir à te rappeler.

Abasourdi de s'est fait réprimander en ma présence, elle tente suppliante. 

- Mais V ...

- Assez Triss !

L'inflexion de sa voix est ferme et ne souffre d'aucune contradiction. Ce n'est pas le rappelle à l'ordre d'une compagne à sa femme ; mais plutôt un ordre d'une dominante à sa soumise. La subtile menace contenue dans ce simple avertissement ne passe pas inaperçu. Si Triss est une personne intelligente comme je le suppose, elle n'opposera pas de résistance.

Et comme prévu, Triss ne lutte pas.

- Bien maîtresse. souffle-t-elle les yeux baissés en signe de soumission.

Triste et blessée, elle disparaît en direction d'une terrasse agréable équipée.

Je me tourne vers Véronika et prends la parole désireux de faire amende honorable.

- Je ne voulais pas créer de problèmes entre vous Véronika. Bien que déplacé ses remarques ne me dérangeaient pas vraiment. Je n'ai rien contre une bonne joute verbale.

- Vous n'avez créé aucun problème. Comme vous l'indiquez avec politesses ses réflexions étaient plus que déplacé. Et si cet atticisme ne vous a que quelque peu dérangé, moi, elles fortement contrariées. Triss doit apprendre à tenir sa langue. Si elle est ma compagne, ce n'est certainement pas pour qu'elle me fasse honte devant un de mes hôtes. Ne cherchez pas à me dire comment me comporter avec ma soumise. Jamais !

Elle me jette un regard d'avertissement, ce que je comprends parfaitement. Je n'aimerai pas non plus que quelqu'un remette en cause ma manière de me comporter avec ma soumise.

Même si la tension à cet instant est assez lourde de sens, elle cherche à détendre l'atmosphère en réitérant sa proposition de bruncher.

- Je vous offre quelque chose ? tente-t-elle radoucie.

N'ayant pas faim, je décline son invitation impatient de contacter Moira afin qu'elle annule tous mes rendez-vous de l'après-midi. 

- Je vous remercie de l'attention, mais je n'ai pas faim. Puis-je cependant passer un appel en privé ?

- Bien sûr, faite comme chez vous. Mon bureau se situe au bout du couloir à droite, vous y serez tranquille, me dit-elle.

- Merci, dis-je en prenant la direction indiqué.

Assez perplexe face aux révélations et aux derniers événements, je n'ajoute rien. À peine la porte refermée que je contacte Moira. Celle-ci me répond à la première sonnerie.

- Moira.

- Lucas. Où es-tu encore passé ?

- Annule tous mes rendez-vous, s'il te plaît.

- Un problème ?

- Plus ou moins, mais nous en reparlerons. En attendant, peux-tu convoquer Gram dans mon bureau à la première heure demain ?

- C'est comme si c'est fait.

- Merci Moira. Je te laisse carte blanche pour les urgences s'il te plaît envoi Richard le chef de projet visiter les emplacements que je devais voir à dix-sept heures.

- J'ai anticipé cette requête, il est déjà sur place.

- Que puis-je faire sans toi ?

- Absolument, rien de bon, me répond-elle en riant.

- Encore, une chose envoi moi le dossier Laffage, car je viens de terminer les plans de leur serre vitré écologique au toit rétractable.

- Pas de problème.

- Je te recontacte en début de soirée concernant les détails de l'agenda.

Nous raccrochons sans autre forme de procès, ce qui ne calme en rien la frustration que je ressens. Je repense à tout ce qui s'est passé aujourd'hui et je me rends compte à quel point, je suis en colère que les choses prennent cette tournure.

Ma rencontre avec Véronika ne représente rien à côté de ce que j'ai appris. Je me demande comment je peux me retrouver mêlé à cette merde noire. Ely une Astakhov, si je m'attendais. Cette puissante famille russe de la pègre est issue d'un des quartiers les plus aisés de la banlieue de Moscou. Avec les années, elle s'est diversifiée et a su facilement exportées ses activités criminelles à l'étranger.

Leur organisation est presque intouchable allant du simple blanchiment d'argent à la corruption politique en haute sphère. Mais leur activité la plus lucrative semble être le trafic d'êtres humains ; en rapport direct avec un réseau de traite de femmes qui s'est établi en toute impunité dans des hôtels prestigieux parisiens.

Tout ça ne me dit rien qui vaille. Je souffle d'exaspération en essayant de rétablir le contrôle de mes émotions puis décide de me retrouver au chevet de Ley.

Alors que je m'apprête à sortir du bureau, je tombe sur le psychiatre et Véronika en pleine conversation. Ils échangent au milieu du couloir et semble tous les deux être à bout. Leurs deux voix sont mesurées, mais je peux parfaitement entendre l'aparté. 

Donc, avec discrétion, j'espionne leur conciliabule.

- Elle a fini par s'endormir, mais il faut réellement qu'elle se repose V. Elle se trouve dans un tel état de choc que j'ai été obliger de lui injecter un sédatif. Tu veux m'expliquer ce qui se passe, bordel ? Elle est venue me voir, ce matin, assez perturbée, mais certainement pas en crise.

- Je sais Jay et je t'avoue que je ne sais plus quoi faire. Depuis quelque temps son passé ne cesse de refaire surface et elle n'arrive pas du tout à le gérer. C'est ma sœur, je l'aime, mais je suis impuissante fasse à sa détresse. C'est ma sœur, je l'aime, mais je suis impuissante fasse à sa détresse.

- Lambert ! Décidément, je n'aime vraiment pas ce type. Je t'ai pourtant expliqué qu'elle ne devait pas se lancer dans une relation pour l'instant. Elle a besoin de ton soutien V. Quand, vas-tu lui dire qu'elle est ta sœur ? Tu avais promis de lui dire la vérité V.

- Tu sais bien que je ne peux pas ?

Le psy fronce les sourcils.

- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

Véronika a subitement un mouvent d'humeur et s'avance vers lui menaçante.

- Elle me déteste Jay. Une des personnes que j'aime le plus au monde me déteste, tu imagines toutefois ce que cela signifie pour moi ? Elle pense que je l'ai abandonné pour une vie cossue.

L'imbécile hausse légèrement le ton.

- Nous savons tous les deux que c'est absurdes. Dis-lui la vérité V. Tu lui mens depuis six ans, tu n'en a pas marre ? Elle a besoin de quelque chose ou de quelqu'un à quoi se raccrocher. Offres lui ça.

Véronika éclate d'un rire glacial.

- Tu penses que c'est si simple.

- Elle a grandement souffert. Plus j'en apprends à son sujet et plus je comprends que vous n'avez rien à vous envier niveau douleur. Alors pourquoi ne lui parles-tu pas ? Ne la sous-estime pas, ce n'est plus une enfant et elle mérite ton respect. Ley est bien plus forte que ce que tu crois. Je suis certain qu'elle te pardonnera.

Énervée, Véronika secoue la tête.

- Tu n'en sais rien. 

Lagrange rugit.

- Essaye putain. Essaye ! Donne-lui une chance parce que je te jure que si tu continues à lui mentir comme tu le fais, tu vas la perdre. Tu dois l'informer de tout ce que tu lui caches. Quand j'ai accepté de la prendre en thérapie, tu m'as juré de lui avouer, maintenant arrête de faire marche arrière et respecte ta promesse.

Le visage de Véronika me comprime la poitrine parce que le chagrin y est bien trop présent.

- Ne sois pas injuste. Tu crois que je peux vraiment lui parler de la Rabynya que j'ai été. Vayïa la jeune fille... Véronika l'esclave.. V la pute ... Je n'y arrive pas, Jay, c'est totalement au-dessus de mes forces.

Le salop insensible soupire.

- Je suis pas injuste V, simplement réaliste et franc. Vous êtes pareille toutes les deux aussi brisé l'une que l'autre.

Le ricanement qui sort de la bouche de Véronika est cruel et morbide.

- Et tu crois aisément nous réparer ? Es-tu si naïf ?

- Elle m'a signifié exactement la même chose, mais tu me connais suffisamment pour savoir que je ne répare personne. Ce n'est pas mon rôle. Je ne suis pas là pour vous prendre la main, vous maternez ou encore vous consoler. Je ne peux rien faire si ta sœur et toi faites obstacle à votre guérison.

- Tu n'es rien de plus qu'un connard égocentrique Jay.

- Le connard égocentrique essayé simplement de te rappeler que tu dois avancer. D'ailleurs, je suis bien trop impliqué dans cette merde. Je ne devrais même pas demeurer son thérapeute et tu le sais. J'ai été le tien et nous sommes beaucoup trop proches. Il est plus qu'évident que prendre ta sœur comme patiente était une erreur.

- C'est à présent que tu y vois clair.

- Arrête ! Faire semblant de ne pas nous connaître, essayer d'alléger ta culpabilité, te pousser, tout ça ...

C'est à présent que tu y vois clair.

- C'est une putain d'erreur.

- Ce n'est pas de la culpabilité. Je suis désespéré parce qu'elle va de plus en plus mal, mais je ne me sens pas coupable. Tu veux quoi ? Que je la confie à un de tes confrères qui ne va pas avancer avec elle d'un pouce. Elle a déjà connu tout ça. Aucun d'entre eux n'a réussi à la faire parler, alors que toi tu y es parvenu. Je te le répète, je ne fais pas ça par culpabilité. J'espère qu'elle redeviendra l'Ambre que j'ai connu. Au fond de moi, je veux qu'elle guérisse en mémoire de ce que nous étions. 

- Tu te fiche de moi ? Tu ne pourras en aucun cas redevenir Vayia ne lui demande pas de redevenir Ambre, elle n'y arrivera jamais. Tu veux me faire avaler le faite que tu ne te sens pas coupable, mais c'est un mensonge. Je te connais V. Si, tu ne t'es pas en suicidé, c'est parce que j'ai réussi à te sortir du gouffre, et cela, c'est compter tes espoirs de vengeance. Ce qui est stupide parce que contre Alexei et la Golubaya roza tu ne peux absolument rien. Tu ne sais même pas si ton fils est encore en vie ? Si Ley t'en veut, c'est parce qu'elle ne sait pas tout ça.

- La ferme ! Je suis une putain. Une putain qui certes s'en est sortie, mais une putain quand même. La Golubay roza ne laisse jamais personne s'extraire du gouffre et tu le sais.

- C'est pour ça que tu baises une femme. Toi, tu aimes Alexei V. Tu peux le nier, mais tu le hais autant que l'aimes. Et tu auras beau baiser cent fois, mille fois avec une femme que tu ne deviendras pas sainte pour autant. Toi V tu aime les queues et plus précisément celle Alexei Makhmudov. En plus, tu fais du mal Triss, tu lui fais vraiment beaucoup de mal.

- Ta gueule ! Tu n'es rien de moins qu'un putain d'hypocrite. À la minute où tu as vu la photo de Ley sur mon bureau, tu étais intéressé. Ne parle pas de mon passé et ne viens surtout pas me servir ton discours éthique. Tu n'as pas les couilles de lui courir après, c'est pourquoi tu n'apprécies pas Lambert. Mais le pire, c'est que Ley ressemble à Grâce ta défunte femme. Ne pense pas que je ne l'avais pas remarqué. Ma sœur n'est pas le spectre de ta défunte épouse. Alors ne vient pas me parler de mes peurs quand tu n'assumes pas les tiennes. Va te faire foutre.

La mine de Jay Lagrange est dégoûtée.

- C'est tellement petit V. Je sais très bien que Ley n'est pas le fantôme de Grâce ; je n'ai même pas essayé de la séduire alors arrête tes conneries. J'ai réussi à l'aider quand aucun autre n'y pouvais plus rien, c'est tout.

- Ce n'est pas parce que tu n'as pas essayé de la séduire que tu ne veux pas d'elle. Lambert ne marche absolument pas devant ton numéro de psy froid et indifférent. Tu sais l'homme amoureux de Ley. Il voit clair dans ton jeu et croit fermement que tu en veux à sa culotte.

- Je me fiche de ce que pense ce type. À chacune de leurs rencontres, elle se retrouve en crises. Crois-tu vraiment qu'il est le type qu'il lui faut ? 

- J'hallucine. Jay, ce n'est ni à toi ni à moi d'en décider pour elle. Je connais tes penchant pervers, laisse là tranquille et n'oublie pas qui je suis. Ne l'oublie jamais parce que tu sais très bien de quoi je suis capable. J'ai déjà vécu bien plus que ce qu'il est concevable de supporter, je te déconseille de me sous-estimer.

- Tu me menaces ?

- Je ne te menace pas Jay, c'est juste un avertissement. Tu sais que je n'avertis personne à la légère, je n'en ai pas besoin. Ley est la prunelle de mes yeux, elle est tout ce qu'il me reste de ma mère Myriam. Comme tu le sais, elle est la seule mère que j'ai jamais eue. Je tuerais pour elle. Toi et moi savons que je l'ai déjà fait. Dommage que sa mort n'a pas été plus lente.

Après cette déclaration de Véronika, j'ai l'impression de me changer en statue de sel.

Qui a-t-elle bien pu tuer pour Ley ?  

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