"—Le Sultan périt à 43 ans et laissait derrière lui, pour tout héritier, un fils de 4 ans, mais quel fabuleux héritier ! Khusraw était son prénom, d'après l'illustre roi Sassanide, Un génie parmi les génies, un bon, astucieux et charitable jeune homme très attaché à la religion de son père, le sunnisme.

Sa splendeur état telle que dans sa dixième année il reçut comme surnom "le Glorieux" bien qu'il ne fût encore qu'un enfant. Que le le sort peut être ironique ! Car la disparition de ce prince au nom persan coïncidera avec la renaissance de l'antique Empire Perse...

En effet, Khusraw bien que glorieux était isolé. Il était le dernier mâle Seldjoukide restant si bien que Moi, Eskander, en tant que beau père et vassal le plus éminent fût appointé comme régent, avec l'assentiment des principaux Grands de l'Empire. Je me remmémorais alors un ancien mythe conté par les historiens grecs et persans , celui-ci narrait l'émergence de Darius le Grand et m'amena à concocter un nouveau plan.

Selon ces histoires, le Shah de Perse Cambyse II, fils de Cyrus le Grand fondateur de l'Empire Achéménide, alors qu'il envahissait l’Égypte tomba progressivement dans la folie la plus complète et envoya Prexaspes pour assassiner son propre frère Bardiya, un autre fils de Cyrus le Grand. Après cet inique fratricide, il mourût d'une blessure infectée.

Le régent de l'Empire de Perse, Patizeithes trouva un Parsi du nom de Gaumata, un sosie du défunt Bardiya , il décida donc de le proclamer Shah et de l'installer sur le trône perse comme sa marionnette. Néanmoins, un noble persan, Otanes, découvrit la supercherie et complota avec six autres aristocrates dont Darius, porte-carquois du Shah parricide, en vue de renverser l'usurpateur et son régent corrompu. Le coup réussit et Darius, lointain cousin des Achéménides, devint le nouveau souverain.

Magnifique mythe, tissus de mensonges en réalité. Cette mystification n'avait pour but que de légitimer la prise de pouvoir par Darius le Grand, il n'y eut jamais de pseudo-Bardiya. L'homme tué par Darius était bel et bien l'héritier légitime, tandis que Darius lui même ne faisait guère parti de la dynastie régnante.

Je pris de donc le parti de répéter cette divine tromperie. Je rassemblais les nobles les plus émérites de l'Empire Seldjoukide, et je leur dis que Khusraw n'était qu'un bâtard, un usurpateur qui n'avait aucun droit à régner . J'ajoutais, et c’était le point principal, qu'en tant que juste descendant des souverains légitimes de Perse, les Sassanides, que parent du Shah actuel et que dirigeant de facto de l'Empire depuis dix ans à présent, devrait remplacer le prétendu Sultan Khusraw.

Les nobles crurent ils mes affabulations ? Pas tous certes mais l'essentiel était ailleurs. Il y avait en effet de solides raisons de se ranger à mon avis. En tant que régent, j'avais eu tout le loisir de forger des liens fermes avec de puissants alliés comme les Ghaznévides au sud ou les Muhtajides au nord.

J'étais de plus soutenu par une importante minorité d'adeptes de mon culte secret, qui sous ma férule, avait accédé aux postes de pouvoir. Enfin, et c'était la principale raison, Khusraw lui même.

Ce dernier se révélait de jour en jour digne de ces fameux ancêtres, il deviendrait en conséquence

un monarque craint et respecté, qui centraliserait son pouvoir au détriment de ses vassaux.

La situation ressemblait à une farce cruelle. Tous ces vassaux, aux cultures, religions et intérêts divers et variés mettaient de côté leur différences et s'unir tous ensemble dans un but commun : assassiner leur légitime suzerain.

Le temps pressait cependant, le jour de la majorité, marquant la fin de la régence et donc de ma perte de pouvoir, se rapprochait inexorablement. C'était maintenant ou jamais, Je me réunis avec les autres conspirateurs, le plan réussit, Khusraw périt, emmenant avec lui la lignée des Seldjoukides.

C'est ainsi que Je, Eskander "l'Oiseleur" montai sur le trône de l'Empire Perse.

Cette élévation soudaine ne marque pas la fin de mes peines pour autant. Je dus contenter les principaux lieutenants de l'armée ainsi que les seigneurs loyaux à la lignée de Seljuk.

J'eus à mater de nombreuses révoltes et à affronter de puissants ennemis comme le Penjab à l'est ou les Samanides au Nord. La vieille alliance avec les peuples de steppes se révéla fort adéquate puisqu'elle permis de prendre ces derniers à revers.

Ma préoccupation primordiale était cependant religieuse, j'avais en effet conservé en secret ma foi zoroastrienne, Devais la révéler? Ou plutôt quand devrais je le faire? Depuis ma montée au pouvoir, le culte souterrain avait en effet prospéré sous mon patronage, mais le changement ne serait il pas trop brutal?

Je préférais garder mes politiques prudentes et prendre mon temps. Je continuais d'échanger des lettres avec le Calife de Bagdad et d'accomplir le pèlerinage à la Mecque, en attendant la révélation prochaine..."

Elle ne vint jamais, car Eskander "l'Oiseleur" mourut d'une maladie à 49 ans, après 8 ans de règne. Son fils David "le Lion" lui succéda.