Le journaliste arrive devant la maison de Kezirah dans une décapotable bon marché. Après avoir sonné à la porte, en vain, il fait le tour de la propriété pour trouver Kozoro assise en tailleur au fond du jardin, dans la neige, sans frissonner une seule fois. Se rendant compte de l'arrivée de son invité, elle sort de sa méditation et le conduit à l'intérieur, où ils prennent place dans le canapé du salon.

Quel est votre nom et prénom ?

"Tout d'abord, bonjour à vous, c'est un plaisir de vous rencontrer, monsieur le journaliste. Comme l'indique le nom de ce chapitre, je me nomme Kozoro."

Quel âge avez-vous ?

"C'est compliqué. Si on prend strictement mon âge en tant que constellation pure et simple, je suis trop vieille pour pouvoir en donner un. Si on le prend à partir de ma toute première naissance, je devrais avoir aux alentours de 2811 ans. Si on le prend à partir de ma dernière naissance en date, dans le sens physique, biologique du terme, j'ai eu 20 ans il y a de cela quelques mois. Enfin, si on le prend dans le sens où le retour de ma divinité peut être en lui-même considéré comme une naissance, je suis âgée de tout juste 2 jours. Je sais, je me prends trop la tête, on me le dit souvent."

Avez-vous des pouvoirs ?

"Assurément ! Enfin, techniquement, oui... Il va me falloir du temps pour les récupérer... Sans mauvais jeu de mot."

Elle penche légèrement la tête sur le côté, un air mal à l'aise sur le visage.

Une relation ou un coup de foudre ?

"Comment dire... Là aussi, c'est compliqué. Voyez-vous, dans ma tête, tout ce qui concerne mes anciennes vies se mélange, les souvenirs comme les sentiments et les personnalités. J'ai aimé beaucoup de personnes, que ce soit en tant que Déesse ou en tant qu'humaine. J'ai eu des liaisons, je me suis mariée... Dois-je toutes les mentionner, même si elles ne sont plus depuis longtemps ?"

Elle ferme les yeux dans une gestuelle mélancolique, puis secoue la tête en soupirant bruyamment.

"Ah, qu'est ce que je suis en train de raconter... C'est tellement complexe pour moi... Dans mon coeur, il y a toujours quelque chose qui me ramène à Beran, mais je ne sais pas ce que c'est. Si c'est encore de l'amour, est ce qu'il vient de moi, de la vraie moi, ou d'une ancienne moi ? Je n'arrive pas à le savoir. Après tout, ça ne s'efface pas comme ça, plus de 300 ans de relation. Enfin, dans mon cas, apparemment, ça ne se passe pas ainsi..."

Ses yeux croisent soudain ceux de Klade et de Zalaé, qui l'observaient avec des regards d'encouragement depuis l'autre côté de la porte entrouverte. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses joues se mettent à rougir faiblement.

"Au fond... Je ne crois pas être prête à connaître la réponse."

Couleur de cheveux ?

"Châtains."

De yeux ?

"Argentés. Les gens ont tendance à me prendre pour quelqu'un de froid en les regardant, parce que c'est bien connu, plus la couleur est claire, moins elle semble chaleureuse. Mais je ne suis pas du tout comme ça."

Elle fusille soudain Klade du regard.

"Tout du moins, ça ne m'arrive qu'en de rares occasions..."

Votre couleur préférée ?

"Je ne me suis jamais vraiment posée la question. Peut-être le marron ? Ou le bleu ?"

Elle jette un oeil à sa tenue.

"Peut-être les deux."

Meilleur(e) ami(e) ?

"Ma chère Kezirah, à n'en point douter ! Je suis si heureuse de l'avoir retrouvée ! Mais pour combien de temps encore..."

Où habitez-vous ?

"Normalement, je devrais vous répondre "la constellation du Capricorne", mais ce n'est plus le cas depuis un bon moment. J'espère pouvoir réemménager très bientôt ! La neige éternelle et mes jardins forestiers me manquent beaucoup. En cette vie, tout du moins jusqu'à récemment, j'habitais un chalet familial dans une forêt. Aujourd'hui, j'ai changé de forêt, mais au moins, avec Kezirah à mes côtés, je peux encore me sentir chez moi. J'y resterais jusqu'à ce que le Prêtre se sente mieux, ensuite de quoi mon dernier lieu de résidence sera très probablement le temple où nous devons nous rendre, jusqu'à ce que je récupère mes pouvoirs."

Date de naissance ? (si vous en avez, sinon ce n'est pas grave).

"Je vous rassure, je ne vais pas vous énumérer toutes mes dates de naissance, j'en ai 16 alors vous vous y perdriez. Je vais juste vous donner l'actuelle, qui est le 15 Janvier 2200. Ou, si l'on s'en tient au calendrier que nous utilisions autrefois, oui, même vous les humains, elle se situerait plutôt au 25 Capricornii 16 873."

En couple ou célibataire ?

"Encore une fois, c'est compliqué... Dois-je toujours me considérer en couple avec Beran, ou notre relation s'est-elle définitivement arrêtée à ma mort, malgré la confusion dans mon coeur ? Je suppose que j'aurais la réponse en le revoyant."

Son regard se pose à nouveau sur les intrus à la porte, et ses joues rougissent de plus belle.

"C'est que, vous voyez, je suis quelqu'un de fidèle... Un peu vieux jeu, surtout pour une divinité, me direz-vous..."

Votre famille ?

"Hum... Laquelle ? Celle que j'ai depuis toujours, ou bien celles que j'ai eues à travers mes différentes vies humaines ? Quoique, je préfère ne pas y penser... J'ai eu tellement de mères et de pères, qui aujourd'hui ne sont plus de ce monde. Ceux de ma vie actuelle étaient adorables, vous savez. Finalement, c'est peut-être une bonne chose qu'ils soient morts. Je ne sais pas comment j'aurais pu gérer la situation en prenant en compte leurs sentiments et tous les bouleversements qu'ils auraient subits. Il vaut mieux que je reste sur ma famille stellaire, oui... J'ai donc 12 frères et soeurs et un père, mais nous ne sommes pas liés par le sang. Ne le cachez pas, je vous vois déjà me juger pour ma relation avec Beran, mais je vous assure que ce n'est en rien de l'inceste comme votre esprit d'humain le conçoit."

Ennemis ?

"Rakovina, bien malheureusement. Cette vipère n'arrêtera-t-elle donc jamais de me tourmenter, et pour quelle raison ? Qu'ai je bien pu lui faire pour mériter son éternel châtiment ? Et..."

Elle détourne lentement la tête, les lèvres sèches et pincées, les poings refermés sur ses genoux tremblants.

"Et je crois que... que Père en fait également partie... Je n'ai pas de preuve concrète, mais... mais... Il ne peut pas, pas vrai ? Je veux dire... il reste mon père... n'est ce pas...? Est ce que c'est bien lui ? Est ce que..."

Elle ne terminera jamais sa phrase. Le journaliste, voyant qu'il n'y a plus rien à ajouter, prend congé.