L'enchanteur
Au-delà des frontières indicibles,
je contemple les mortels,
la misère de leurs vies invisibles,
jusqu'aux tréfonds de leurs bordels.
Il y a cet homme, assis dans son lit,
le regard perdu sur une image.
Au milieu d'un champ de pissenlits,
une petite fille sourit toute sage.
L'épouse observe, éperdue,
elle, qui a déjà tout arrangé.
La douleur, bien sûr, n'est perdue,
juste mise de côté, bien rangée.
Elle ne comprend plus le temps,
qui broie, qui mange et dégobille,
la douleur des souvenirs latents.
En lui, pourtant, le désespoir s'habille.
Comme l'ombre d'un nuage
qui s'étale sur le bitume,
j'effleure son visage.
Le reste n'est que costume.
Habiller la vérité
d'apparats inutiles,
c'est mon don mérité,
c'est une faim bien futile.
Alors, il chante :
Tous les jours, je ne vois qu'elle.
Je dérive sans cesse dans ce monde,
où ses sourires sont mes séquelles
où ses yeux pleurent jusqu'à l'immonde.
Tous les jours, je ne vois qu'elle,
perdue dans ma réalité feinte.
Mes souvenirs, pourtant, se craquellent.
J'ai peur d'oublier ma fille défunte.
Comprends-tu, mon amour, l'ignoble terreur ?
Elle n'est en vie que dans les songes,
Comprends-tu, mon amour, ma terrible erreur ?
Je préfère la mort aux mensonges.
Tous les jours, je ne vois qu'elle.
Je dérive sans cesse dans ce monde,
où ses sourires sont les préquelles
de mes larmes noyées d'immonde.
Tous les jours, je ne vois qu'elle,
perdue dans la douceur d'une étreinte.
Mes souvenirs, pourtant, se craquellent.
J'ai si peur d'oublier son empreinte.
Comprends-tu, mon amour, l'ignoble terreur ?
Elle n'est en vie que dans les songes,
Comprends-tu, mon amour, ma terrible erreur ?
Je préfère la mort aux mensonges.
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