Grenadier Café, High Park TORONTO, 06 Juillet 2026.

Je suis sur place depuis une heure quand Emmanuelle arrive. Tout est prêt, comme il me l’a demandé lors de notre entrevue à Etobicoke Point. Elle est vêtue d’un jean et d’un tee-shirt, avec des baskets fleuries. Après m’avoir salué, elle s’assoit face à moi et me regarde bizarrement.

- Quelque chose ne va pas ?

- Non, ou plutôt oui. J’aurais moi aussi des questions à vous poser.

- Je vous écoute.

- Vous m’avez expliqué comment vous êtes entré en procession de ce carnet. Mais pourquoi ne l’avez pas laissé là-bas ? Il vous aurait suffit de le copier. Là c’est du vol.

- je ne vous ai pas tout dis. Je n’ai pas volé le carnet, il m’a demandé de l’emporter.

- Donc vous l’avez rencontré. Pourquoi ce mensonge ?

- C’est à sa demande.

- Et pourquoi me dire la vérité maintenant ?

- A sa demande aussi. Il m’a précisé que si vous aviez des doutes, je devais vous dire la vérité.

Elle me regarde, en colère visiblement.

- Alors maintenant, répondez moi. Comment va-t-il ?

- Bien.

- Vous êtes donc toujours en contact avec lui.

- Oui.

- Je veux lui parler.

- Je …

- Ou vous me donnez un moyen de le contacter, ou nous arrêtons tout. C’est à vous de voir.

Elle est déterminée. Derrière elle, un homme se lève précipitamment et quitte la terrasse.

- Ok, je vais lui envoyer un mail. Mais vous imaginez bien qu’il ne répondra pas tout de suite.

- Je comprends.

Elle croise les bras et attend. J’ouvre ma messagerie, choisi le contact approprié et tape le massage.

« Que dois-je faire ? »

J’ouvre un deuxième contact et envois un deuxième message.

« Bonjour, comme vous l’aviez prévu, Emmanuelle a eu des soupçons. Je lui ai donc révélé la vérité en ce qui concerne nos contacts. Elle souhaite vous contacter. M’autorisez-vous à lui donner votre adresse mail ? »

Le message envoyé, je tourne l’ordinateur vers elle. Elle lit et lève les yeux vers moi.

- Très bien, nous pouvons continuer. Pourquoi vous a-t-il demandé de me donner ce carnet ?

Je retourne de nouveau l’ordinateur vers moi.

- Ce n’est pas lui qui l’a demandé.

- Expliquez-moi.

- Nous avons discuté souvent autour de cette histoire. De longues conversations. Je lui ai fait part de mon désir d’écrire votre aventure commune. Il m’a donné son accord, mais a précisé que je devais obtenir le votre. Pour m’aider, il m’a donné le carnet pour que je vous le donne si je le jugeais nécessaire.

Un mail vient d’arriver sur ma boite.

« Continuez comme prévu »

- S’il m’autorise à vous donner son adresse mail, accepteriez-vous de me tenir au courant de vos échanges ?

- Non, ça ne vous regarde pas.

- Ce serait intéressant pour mon histoire.

- Vous aviez prévu d’arrêter votre histoire à quel endroit ?

- A la fin du carnet. Donc aux raisons de la disparition de Sébastien.

- Hé bien rien de changé. Vous pourrez le faire ainsi.

Quelques tables plus loin, l’homme qui était parti précipitamment revient s’assoir.

- D’accord, pouvons-nous continuer ?

- Oui, mais je n’ai plus beaucoup de temps. Quel épisode souhaitez-vous évoquer ?

- J’avais prévu de vous demander des précisions sur le week-end de votre dernière rencontre.

- Ce serait trop long, choisissez autre chose.

Le type à quelques tables s’active sur son téléphone. Je regarde de nouveau mon micro, un nouveau mail.

« Demandez-lui de vous parler de Leroy-Merlin »

- Très bien, pouvez-vous me raconter la fois où vous lui avez fait cette surprise à Leroy-Merlin ?

Emmanuelle rougit.

- C’est dans le carnet ?

- Oui, et nous en avons discuté.

- Que vous en a-t-il dit ?

- Il était ravi quand vous lui faisiez des surprises comme celle-ci.

Elle souri tendrement.

- Je sais, il était très joueur.

- Alors ? Comment vous est venue cette idée ? Quel a été votre ressenti ?

Elle réfléchi un instant, elle semble laisser les souvenir remonter.