A l'étale, mon regard égaré s'offre une vue dégagée sur les trésors de mon île. L’océan dort loin, si loin derrière moi. Je glisse le torse entre deux basses dunes. Les brumes océanes viennent caresser la blonde plage de mes désirs inassouvis où mon corps naufragé a accosté. Le sable tant aimé ondule et frémit sous les mouvements de mes mains. J’attends la valse des vagues déferlantes pour appareiller vers l’infini douceur. Les odeurs marines saturent l’air iodé de mon île perdue. Je descends vers un bouquet d’algues dansantes flottant autour d’un long et lisse rocher. Croyant me réfugier de la marée montante, je plonge plus bas et j’atteins deux autres rochers ronds et savoureux. Sous eux, un délicieux danger vient d’un fantastique hypogée qui palpite à un rythme régulier sous la pression de mon ardeur. Délicatement, sans scaphandre, je m'introduis dans ses délicieux abysses palpitants. À l’extérieur, ce que je prenais pour une sorte de menhir, est en réalité une hallucinante et merveilleuse balane carmin qui enfle et frémit à chaque mouvement de mon frêle esquif. Dans un ultime sursaut, je plonge au plus profond de cette grotte désirante et me cabre, c'est alors que je disparais inexorablement corps et biens dans le bel hypogée, avalé comme du vulgaire plancton. Je garde la cadence du flux et du reflux de la houle. Sortant des fonds pélagiques autour de l’îlot, d’ininterrompues mélopées caressent mes oreilles ensorcelées. Elles semblent me crier : « Viens, viens vite, viens à moi, viens en moi, vis en moi ! » Je me sens happé par ses flots désirants. Longuement et à plusieurs reprises, l'îlot tangue et réitère ses demandes de langueurs océanes. Mon voyage nautique va prendre fin, c’est alors que je dépose furieusement mon écume sur le goémon trempé de ce magnifique îlot. Contenté et amoureux, je m’échoue impudique sur sa chaude et cordiale plage.

Jaloux de ma découverte, je veux être le seul à m’y installer jusqu’à la fin des temps. La carte de Tendre est l'unique carte marine qui jamais ne sera imprimée.