68. En voiture Julia !
Arthur
Enfin, j’arrive à l’aéroport. Je lance un regard désespéré à Julia qui est assise à côté de moi dans la voiture, mais vu comment elle s’amuse nerveusement avec la crosse de son arme, je ne pense pas me tromper en me disant qu’elle est au moins aussi énervée que moi. Franchement, ce Monsieur Magnifique, il est fou de taper sur les nerfs d’une officier de l’armée ! C’est un coup à finir avec une balle entre les deux yeux, ça. Son attitude, en tous cas, est révoltante. Entre le machisme, le racisme, l’angélisme, le paternalisme, je ne sais pas ce qu’il y a de pire, mais on n’est pas loin de faire le bingo de la ringardise avec lui. Il coche toutes les cases qu’il faut. Bref, j’essaie de bloquer ce qu’il dit, assis à l’arrière du véhicule, mais je ne peux pas trop le snober non plus, l’ONG a besoin de son argent et de l’argent du fonds qu’il représente.
Je me gare sur la place spéciale réservée aux “invités” de l’armée, c’est-à-dire que c’est une place qui se trouve à cent mètres de l’entrée, isolée de tout, entre deux petits miradors pour éviter tout risque d’attentat. Je sors avec Julia et nous laissons les soldats qui nous observent contrôler que nous ne sommes pas là pour tout faire sauter avant que l’un d’eux ne s’approche. Je fais signe à Monsieur Michel de sortir de la voiture, ce qu’il fait avec un entrain fatiguant. Il est à deux doigts de mettre ses mains sur les fesses de Julia, mais le regard qu’elle lui lance alors qu’il faisait mine de s’approcher le dissuade.
- Quelle belle journée j’ai passée ! C’est agréable de voir ce que notre bonne action a produit comme bonheur, ce que notre argent a apporté comme joie ! Merci à vous deux pour l’accueil ! Surtout vous, Mademoiselle, vous êtes charmante !
Elle le fusille du regard, je crois qu’elle est vraiment à deux doigts de le prendre par le col et de le mettre directement dans l’avion. Les pieds devant dans une boîte fermée à clefs. J’interviens une nouvelle fois avant qu’elle ne commette l’irréparable.
- Dépêchez-vous, Monsieur Michel. Votre avion vous attend. Le soldat va vous y emmener et nous allons devoir nous séparer ici. J’espère que vous avez bien pris avec vous la note que j’ai rédigée sur nos besoins futurs pour d’éventuels dons !
- Oui, Monsieur Z. Je vais regarder ça dans l’avion.
Il se rapproche alors de moi. Il regarde un peu anxieusement du côté de Julia qui l’ignore totalement avant de se pencher vers mon oreille.
- Attention à vous, Monsieur Z, me chuchote-t-il. Je crois que c’est la période du mois où la Lieutenant est indisposée. On ne devrait pas confier de telles responsabilités à des femmes alors qu’elles ont ces soucis de santé récurrents. Bref, bon courage !
Il me laisse comme ça, complètement estomaqué et ahuri. Je n’en reviens pas de ce qu’il vient de me sortir. Julia voit mon étonnement et hausse un sourcil.
- Il t’a dit quoi le merdeux ? Que ça l’excite de savoir que j’ai envie de lui mettre mon flingue dans le cul et de tirer à balles réelles ?
- Non, il m’a juste dit que tu ne devrais pas être gradée dans l’armée parce que tu peux avoir tes règles de manière régulière, ce qui t’empêcherait de faire ton travail. Un vrai con. Un champion du monde. Jamais vu ça !
- On dit que l’argent n’a pas d’odeur, mais là franchement, je ne pensais pas que je me sentirais aussi sale après avoir parlé avec quelqu’un pour si peu de temps.
- Tu as besoin d’aide pour te laver ? Tu me dis, et je m’occupe de toi, tu sais ?
- J’espère bien que tu vas t’occuper de moi avant que j’aie le temps d’aller me laver, me lance-t-elle avec un clin d'œil. Qu’est ce que tu fais là à attendre debout à côté de la voiture ? Remontons et dégageons d’ici. On a mieux à faire, tu ne crois pas ?
Son impatience m’amuse et je souris alors qu’elle est déjà en train d’ouvrir la portière côté passager. Je m’exécute suite à sa demande et reprends le volant. Je suis à peine installé sur mon fauteuil que sa main se pose sur ma cuisse. Avec les soldats qui nous observent de loin, elle n’ose pas être davantage entreprenante, mais je sens dans la pression qu’elle met sur ma jambe toute son envie et son désir de profiter de cette opportunité qu’il nous a été difficile d’organiser et dont nous allons devoir profiter avant que le temps soit écoulé. Je démarre sur les chapeaux de roue en faisant un peu crisser les pneus et je m’élance sur la route du retour entre les montagnes.
A peine ressorti de l’agglomération, je sens Julia qui se penche sur moi et viens me déposer un bisou dans le cou. Je fais une légère embardée, surpris par sa fougue.
- Tu ne devrais pas me déconcentrer, je conduis !
- Évite de nous foutre en l’air, Arthur, je préfère largement qu’on s’envoie en l’air, rit-elle en caressant ma cuisse. Peut-être que tu devrais trouver un coin tranquille pour qu’on s’arrête, non ?
- Oh, je sais où je vais, j’ai repéré le coin idéal en venant, mais tu as l’air très pressée, toi ! Sauras-tu patienter un peu ?
- Par sûre, me répond-elle en ouvrant mon manteau et en tirant sur mes vêtements pour glisser sa main sur mon ventre.
- Oh la gourmande, dis-je en accélérant un peu malgré l’étroitesse de la route et les virages.
Elle éclate de rire et continue à me caresser en jetant parfois un regard vers la route, mais sans être inquiète. Je l’ai rarement sentie aussi détendue et cela me plaît de la voir ainsi sourire et profiter de la vie, loin des soucis du camp. J’arrive rapidement sur le petit chemin que j’ai repéré. Je tourne et l’emprunte, content que le PVP soit un véhicule qui s’adapte à tous les terrains. Je stoppe la voiture au bout du chemin qui s’arrête brutalement sur une petite clairière dominée par quelques pentes abruptes. Un peu comme si nous étions au bout du monde.
- Et voilà ! dis-je théâtralement. Nous sommes arrivés à destination et je vous invite, Lieutenant, à l’inspection de la cabine arrière qui m’a l’air assez spacieuse pour une étude anatomique en profondeur !
- Je vois que vous avez pensé à tout, Monsieur Zrinkak, rit-elle en se levant et en prenant ma main pour passer entre les sièges et m’attirer à l’arrière.
- Je te promets que cette fois, rien ne viendra nous empêcher d’aller au bout des choses !
En la suivant à l’arrière du véhicule, je ne peux m’empêcher de penser à l'ingéniosité des fabricants de véhicules militaires. Julia abaisse en effet les sièges et les installe de telle sorte à faire un petit lit improvisé. Je pense que c’est pour y mettre les blessés éventuels, mais là, tout de suite, je crois que c’est moi qui souffre tellement que je suis obligé de m’allonger. Je tends les bras pour que Julia vienne me rejoindre mais elle se contente de rire en me regardant.
- Quoi ? l’interpelé-je un peu vexé. Tu n’as plus envie ?
- Et si l’abruti avait raison ? Tu ne t’es pas demandé si j’étais indisposée ? me demande-t-elle en déposant ses armes à côté de notre lit de fortune.
- Oh, et tu l’es ? demandé-je, un peu penaud alors que mon cerveau imagine déjà plein de scénarios alternatifs.
- Non, pas que je sache. J’arrive pas à croire que ce genre de personnages existe encore au vingt-et-unième siècle, soupire-t-elle tout en enlevant son manteau et ses rangers. T’as bien mis le frein à main au fait ? Merde, faut que j’arrête de parler, je crois que je suis un peu sur les nerfs.
- Oui, coupe ton cerveau et profitons de cet instant. Rendons-le magique. J’ai envie de toi, Julia. Tu es belle.
Je lui tends les bras et lui souris sans la brusquer toutefois. J’ai toujours du mal à croire qu’elle puisse partager mes envies et mes désirs, et je fais attention à prendre mon temps, même si je ne peux cacher l’érection qui déforme mon pantalon.
Julia approche et se love dans mes bras, posant ses lèvres sur les miennes avec douceur. Je l’enlace tendrement et profite de sa chaleur contre moi. Mes doigts cherchent à défaire sa ceinture mais ce treillis n’est vraiment pas fait pour être enlevé facilement. Ma partenaire s’en rend compte et dépose un doigt sur ma bouche pour interrompre notre baiser qui s’était fait tout sauf raisonnable, puis elle se relève et dans des gestes marqués par des années d’habitude, elle se débarrasse aisément de ses habits dévoilant une petite culotte en dentelle bien surprenante sous le treillis. Quand elle croise mon regard surpris, elle éclate à nouveau de ce rire si limpide, si clair, si plein de vie qu’il fait trembler tout mon corps de joie.
- Tu aurais peut-être préféré l’horreur de l’armée ?
- J’aurais peut-être eu moins de scrupules à faire ça avec l’horreur de l’armée !
Je la fais descendre rapidement le long de ses magnifiques jambes bien galbées avant de la jeter dans un coin du véhicule. La voilà nue devant moi. Elle est toujours aussi magnifique, je n’arrive pas à croire à ce que je contemple. Des formes et des courbes trop bien dissimulées par son treillis, la perfection faite femme. Elle semble un peu gênée par mon regard gourmand et plein d’envie, comme si nous n’avions pas déjà pu expérimenter la vue de nos corps nus. Enfin, pour l’instant, je ne le suis pas vraiment et, excité comme je le suis, je me débarrasse de mes vêtements alors qu’elle ne peut attendre pour revenir au contact avec moi. Sa bouche me dévore et m’empêche d’aller aussi rapidement que je le souhaiterais pour me mettre nu à mon tour.
Quand elle vient se lover contre moi, elle frissonne et je sens comme une réticence à aller plus loin. Ne voulant pas la forcer si elle n’a plus envie, je m’arrête et me contente de passer mes doigts sur sa peau que je trouve si douce.
- Je vais trop vite, Julia ?
- Non, non, j’ai juste du mal à croire qu’on va enfin pouvoir se retrouver et… Je sais pas, ça me stresse. La pression, rit-elle, mal à l’aise.
- Chut ! Arrête de penser, vraiment, sinon, avec notre chance, on va se prendre un tremblement de terre ou un bombardement qui va encore nous empêcher de nous aimer comme on le souhaite !
Je me retourne et me positionne sur elle. Le lit est étroit, vraiment fait pour une personne, mais dans notre position, cela ne nous dérange pas. Ses mains se posent sur mon dos et me serrent contre sa poitrine dont les seins dressés témoignent de toute son envie. Je positionne mon sexe contre elle et me perds quelques secondes dans ses émeraudes où le désir se mélange à une certaine anxiété. Sans un autre mot, je presse ma virilité entre ses jambes et je la sens s’ouvrir pour moi alors que son sourire se fait plus franc et plus pressant.
Quelle sensation formidable de m’unir à nouveau à elle, de pouvoir ainsi la pénétrer et m’enfoncer en elle. Entendre les gémissements qui s’échappent de sa bouche, c’est un son avec lequel je pourrai vivre toute ma vie. Je me redresse sur mes avants bras et je l’admire alors qu’elle s’accroche à moi et m’utilise pour soulager cette frustration qui nous avait envahis. Nos mouvements s’accélèrent et notre étreinte se fait plus sauvage, plus brutale. Je me laisse emporter par la vague de plaisir qui nous submerge rapidement. Cela fait tellement longtemps que nous avons envie l’un de l’autre qu’il nous faut connaître l’orgasme sans plus attendre. Elle comme moi sommes enfiévrés par ce moment de communion. J’accélère peu à peu le rythme, ses mains s’agrippent à mes fesses pour que je m’enfonce encore plus en elle. Je n’arrive plus à maîtriser sa bouche et à continuer mes baisers tellement elle se déchaîne sous moi. Elle gémit, elle crie même jusqu’à ce que l’orgasme la terrasse et que tout son corps se tende sous le mien. Son intimité se contracte sur mon sexe bandé, provoquant ainsi une sensation intense et jouissive. Je ferme les yeux et intensifie mes assauts jusqu’à ce qu’enfin je me délivre de cette délicieuse pression qui s’était créée moi. Je sens ma verge déverser au plus profond de son être tout ce plaisir trop longtemps contenu. Alors qu’elle redescendait de son premier orgasme, la sensation de mon sperme qui vient la remplir pendant que ma queue va et vient au fond d’elle provoque chez ma partenaire un nouvel orgasme qui la prend par surprise. Elle crie sa jouissance alors que je râle, sans crainte de déranger qui que ce soit. Nous sommes seuls sous les étoiles de la nuit silvanienne. Nous ne faisons plus qu’un, je suis là où j’ai toujours rêvé d’être et je sais que jamais plus ma vie ne sera la même. Je veux que ce rêve que nous vivons ne finisse jamais. Tant pis pour la guerre. Tant pis pour l’ONG. Tant pis pour la réalité.
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