84. L'antre du Dragon
Arthur
Tel un vieux couple, nous sommes dans notre chambre en train de nous préparer pour le repas qui nous attend. Aucune gêne entre nous, aucune pudeur.
- Vous venez de baiser comme des lapins, pourquoi voudrais-tu qu’il y ait de la pudeur ?
J’en profite pour l’admirer. Sans son horrible treillis, ses formes sont vraiment très agréables à regarder et je ne m’en lasse pas. Elle est en train de se brosser les cheveux, assise devant une magnifique table noire, vêtue uniquement de sa petite culotte et je ne résiste pas à la tentation. Je m’approche derrière elle et pose mes mains sur ses bras et l’embrasse dans le cou. Elle penche la tête pour me faciliter l’accès et je nous regarde dans le grand miroir entouré d’une décoration toujours aussi kitsch et extravagante. De l’or, sûrement. Mais là, ce n’est pas ça qui monopolise mon attention. J’adore cette vision de nous, l’un contre l’autre. Un couple comme les autres. Dans cette chambre, pas de soldat, de fils de rebelle, juste deux adultes qui apprécient être ensemble, qui profitent de ces instants partagés en toute intimité et complicité.
- Arrête de te faire des idées, c’est plus que de la complicité. Tu l’aimes, non ?
Je ne veux pas penser à ça. Je n’ai pas vraiment la possibilité de tomber amoureux dans les circonstances. Qui sait où je serai dans trois mois ? Ici à croupir dans une prison ? De retour en France après avoir été expulsé par le Gouvernement ? J’essaie de repousser toutes ces idées loin de mon esprit torturé et je me concentre sur ma jolie partenaire qui me sourit dans le miroir.
- Tu sais que tu es belle, toi ? Tu devrais demander à l’armée de revoir leur collection. Celle de cette année ne met pas assez en valeur la beauté de ses modèles.
- Tu crois que ça aiderait dans mes missions ? rit Julia. Je fais tout pour ne pas exposer ce que toi tu as le droit de voir, ça m’évite les regards lubriques de mes hommes en manque.
- Je ne sais pas si ça aiderait dans les missions, mais c’est un crime de cacher tout ça, je trouve.
Mes mains se font plus aventurières sur ses seins dont les tétons durcissent à nouveau dès qu’ils entrent en contact avec mes doigts curieux. Je sens mon corps réagir à ces stimulations visuelles et tactiles, témoignant de son excitation et de son envie de moi toujours renouvelées. Nos bouches se rejoignent et le baiser que nous échangeons est à nouveau intense et passionné. Je n’en ai jamais assez de cette femme. Elle me rend fou, mais j’arrive à rompre le contact afin de m’éloigner un peu d’elle. J’ai vraiment envie de la coucher sur le lit et de la pénétrer à nouveau afin de connaître encore l’extase, mais il nous faut être raisonnables. Nous avons une autre mission, beaucoup plus importante à remplir.
- Tu sais bien que ce n’est pas ça que tu as envie de remplir, gros cochon.
Des fois, ma petite voix m’énerve. J’ai vraiment autre chose à entreprendre qu’à faire l’amour à Julia. Le Président nous attend. Il a beau nous avoir fait comprendre que j’étais l’invité d’honneur, je sais bien que c’est une manière déguisée de nous garder sous sa coupe. Il ne m’a pas fait arrêter immédiatement, c’est qu’il doit avoir envie de nous jauger, et je compte bien continuer à jouer le rôle du fils blessé d’avoir été abandonné par sa mère plutôt que du rebelle en puissance. Et pourtant, tout ce luxe, toute cette ostentation, quel meilleur moyen de pousser à la révolte ?
- Désolé, Julia, je me suis laissé un peu emporter par mon désir de toi. Mais nous n’avons pas le temps. Il faut qu’on y aille, le Président va finir par s’impatienter.
- Tu n’as pas honte de me chauffer pour m’abandonner pour le Président ? Honteux, Monsieur Zrinkak ! Même si tu as évidemment raison...
- C’est toi qui me tentes trop, dis-je en m’asseyant sur le lit et en lui dévoilant à nouveau mon sexe bien dur que je dégage de mon sous-vêtement. Tu crois qu’on aurait encore quelques minutes pour évacuer toute cette source de déconcentration ?
- Je crois que j’ai bien envie de te faire patienter quelques heures, sourit-elle en venant malgré tout m’embrasser, tout en empaumant mon membre. Un peu de frustration ne fait pas de mal de temps en temps, non ?
- Je n’ai pas envie d’être frustré, Julia. J’ai envie de toi, rétorqué-je en posant mes mains sur ses seins si réactifs à mes caresses.
Sa langue vient jouer avec la mienne et ses doigts vont et viennent sur ma verge. Mon excitation monte et je me demande si elle va vraiment me laisser frustré comme ça ou si je vais réussir à la tenter grâce à mes caresses sur sa poitrine et à notre baiser exalté.
- Oh, Arthur, tu es insatiable, parvient-elle alors à me dire en relâchant mon sexe pour se débarrasser de sa culotte. Si je ne suis pas présentable pour le Président, ce sera de ta faute, grand gourmand !
Après quelques mouvements où je sens mon membre glisser entre ses lèvres, Julia prend les choses en main et se saisit de ma verge pour s’empaler dessus en gémissant. Mes mains ne quittent pas ses seins alors qu’elle se met à aller et venir doucement sur moi. Je lis dans son regard un désir aussi intense que le mien et quand elle se met à caresser son clitoris, que je la sens se contracter sur mon sexe bandé, je ne peux résister au désir que j’ai d’elle. Mes coups de bassin me font coulisser puissamment en elle et notre orgasme arrive rapidement. J’adore cette sensation qui résonne dans tout mon corps lorsque je me déverse en elle. Nous profitons tous les deux de la sensation de plénitude et de calme issue de notre extase partagée et je la regarde en souriant.
- J’aime quand tu me frustres comme ça, rigolé-je.
- C’était purement égoïste, je déteste être frustrée, sourit Julia en me serrant contre elle.
- SI c’est comme ça que tu es égoïste, n’hésite pas à recommencer quand tu veux ! Par contre, là, il faut vraiment qu’on se dépêche. Dans dix minutes, on doit être dans la salle de réception ! lui indiqué-je en lui donnant une petite tape sur ses jolies fesses alors qu’elle se lève et file dans la salle de bain.
Elle ressort rapidement, toute fraîche, comme si nous ne venions pas de profiter de ces moments coquins. Elle enfile la robe qu’elle a ramenée du camp et qui la met si bien en valeur et je constate que j’ai affaire à une toute autre femme ou presque alors qu’elle applique sur ses lèvres un rouge assez marqué qui réhausse l’auburn de ses jolis cheveux laissés à l’air libre. Je suis, moi, vêtu d’un costume sombre plus classique qui contraste parfaitement avec la chemise bleu azur que je porte en dessous.
- Ça manque d’une chemise de bûcheron ça, mais tu es vraiment très beau, sourit-elle en me prenant la cravate des mains pour me la passer et faire le nœud. Fais gaffe à ce que te passer la cravate autour du cou ne me donne pas envie d’en venir à la corde au cou !
- C’est une proposition sérieuse, ça, Madame Vidal ? Parce qu’elle est très tentante, ne puis-je m’empêcher de répondre, un peu embarrassé par le rapprochement qui dépasse de plus en plus la simple relation physique.
- Fais comme si je n’avais rien dit, dit-elle en rougissant clairement, s’acharnant sur la cravate dont le nœud est déjà ajusté. C’est un peu précipité tout ça, surtout qu’on ne s’est rien promis, comme tu l’as dit.
- Arrête de resserrer mon nœud, sinon je vais finir le repas étranglé, ris-je pour faire redescendre la tension qui vient de s’installer entre nous. Et allons-y. Madame va faire forte impression au Président, c’est sûr !
- Ne boude pas si je dragouille, murmure-t-elle à mon oreille. Il faut endormir la bête, parce que c’est un château fort ici…
- Tu es plus forte pour réveiller la Bête que l’endormir, si je peux me permettre ! Mais attention, le Dragon n’a qu’à bien se tenir. Ma lance est prête à le pourfendre !
- Garde de l’énergie pour le reste de la nuit, quand même, rit-elle en posant sa main sur mon entrejambe. J’ai très envie de profiter encore de ta lance.
Le téléphone à côté du lit se met alors à sonner. Intrigué, je décroche alors que Julia enfile ses chaussures.
- Monsieur le Président vous attend. Je suis devant la porte, il est l’heure d’y aller, Monsieur Zrinkak.
- Parfait, on arrive.
Nous sortons et retrouvons le Silvanien qui nous “protège” depuis notre arrivée. Le regard appréciateur qu’il lance à Julia me confirme qu’elle va être l’attraction principale de la soirée. N’importe quel homme normalement constitué ne peut qu’être attiré par cette jolie femme qui m’accompagne. Je pense qu’elle aussi a surpris notre garde car elle mouline des hanches plus que nécessaire et j’ai l’impression que ce petit jeu l’amuse.
Le Silvanien s’arrête devant une grande double porte à laquelle il frappe avant de l’ouvrir. Nous y pénétrons à sa suite et nous retrouvons dans un salon où trône une table ronde. Je note qu’il y a cinq couverts installés et que le Président sera donc accompagné de deux personnes. A peine la porte refermée derrière nous que celle qui est à l’opposé s’ouvre, laissant apparaître un homme légèrement grisonnant, d’une cinquantaine d’années. Cet homme qui vient faire un baise-main à Julia, c’est celui qui dirige son pays d’une main de fer depuis presque vingt ans. Ancien officier, il a éliminé tous ses adversaires pour prendre le pouvoir et maintenant, il profite de sa position pour s’enrichir sur le dos du peuple. Il me répugne, mais je le salue avec un sourire que je m’efforce de rendre le plus sincère possible. Un Général et la ministre de la Défense le suivent en gardant une distance respectueuse alors qu’il nous indique de nous asseoir à nos places.
- Monsieur Zrinkak, je suis content que vous ayez accepté mon invitation. J’ai eu peur un instant que les rumeurs à votre sujet soient vraies et que vous ne veniez pas, commence le Président d’entrée. Il paraîtrait que vous avez des accointances avec la rébellion, si mes services sont bien informés.
- Monsieur le Président…
- Appelez-moi Victor, m’interrompt-il brusquement. Je vous appellerai Arthur. Quant à vous, charmante Julia, continue-t-il en se tournant d’une manière doucereuse vers elle, je ne savais pas que l’armée française avait d’aussi charmantes Lieutenants.
Ses services sont vraiment bien renseignés ! C’est clair que ça ne sert à rien de nier la réalité, mais on aurait pu s’y attendre. Cela fait plusieurs mois que nous sommes présents sur le territoire et c’était vraiment stupide de notre part de penser qu’on allait réussir à les tromper. Julia est aussi mal à l’aise que moi et ne sait pas quoi répondre. Le Président continue, imperturbable.
- C’est courageux de votre part, Julia, d’accompagner Arthur dans mon antre. Enfin, courageux, peut-être devrais-je dire insensé. C’est vraiment si difficile que ça d’obtenir un peu d’intimité quand on est dans un campement militaire français ? Je suis content de voir que vous avez profité de mon hospitalité pour vous retrouver tous les deux, en tous cas. J’espère que vous êtes ouverte à d’autres distractions pendant votre petit séjour parmi nous, rajoute-t-il d’un ton mielleux qui me fait froid dans le dos. Excusez-moi de vous mettre si mal à l’aise, je manque à tous mes devoirs d’hôte. Si vous êtes ici, c’est pour qu’on puisse faire connaissance avant de passer à des choses plus intimes, si vous voyez ce que je veux dire. Laissez-moi vous présenter le Général Ankhov et vous devez avoir reconnu Madame Ferdic, qui m’accompagne dans ces temps difficiles. Vous avez faim, j’espère ? Parce que moi, de vous voir ainsi, chère Julia, cela me donne une faim de loup.
En quelques mots, le décor est posé. Il est au courant de tout, il nous fait comprendre que nous sommes dans son domaine, sur son territoire et que c’est lui qui contrôle tout ici. C’est comme si en quelques instants, il avait mis à terre toutes nos défenses. Je jette un regard à Julia qui est visiblement aussi déstabilisée par cette entame que je le suis. Pas étonnant qu’il ait réussi à s’imposer dans ce pays depuis si longtemps. Je me demande comment nous allons bien faire pour réchapper de cette situation indemnes. Quelle folie d’avoir accepté cette invitation dans l’antre du Dragon !
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