Chapitre 2

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"Marceau" ouvre la porte du bureau, une vrai cette fois, et me fait signe d'entrer.

- Le fameux lapin est de retour en ville ! Asseyez-vous je vous en prie.

Derrière son bureau, Cooper, le chef de la police est affalé dans son fauteuil.

Je ne l’imaginais pas comme ça.

Le gars n'est pas très grand, bon c'est sûr il est assis, mais bon, je le voyais plus imposant, le genre de mec qui est arrivé au sommet, tu sais pourquoi et que t'as pas envie de faire chier.

Au premier coup d'œil, j'ai bien envie de le faire chier.

- Vous pouvez disposer et encore merci pour votre efficacité, dit Cooper aux deux agents qui se barrent sans un mot.

Il se met à l'aise, s'appuie contre son dossier, les mains toujours dans ses poches.

- Depuis le temps que j'entends parler de vous, je me suis dit, Cooper il faut absolument que tu rencontres ce type.

- Bon... ben voilà c'était un plaisir, je me lève et lui tends la main.

Il ne bronche pas, je retire ma main, d'un coup de menton, il me montre ma chaise.

Je m'assois.

- Je vois que vous avez fait connaissance avec l'agent Keels et l'agent Cyrus.

- Oui, bon on n’a pas trop eu le temps de discuter, j'étais un peu occupé à m'en prendre plein la gueule, c'est pas évident pour entamer une discussion.

- Je suis désolé s'ils vous ont malmené, mais je dois dire que je suis fier de mes deux nouvelles recrues, mon "ami" ne s'est pas trompé.

- Et c'est qui votre « ami » ? Le professeur Xavier ?

Cooper se marre, s'approche du bureau et sort la main de sa poche.

- Coucou Lapin, dit la petite chaussette verte.

Putain c'est quoi ce bordel ?!

Je me lève d'un bond mais Cooper me montre la chaise une fois de plus, non pas avec son menton mais avec un très gros calibre.

- Mais tu es mort ! Dans le « Cachot » ! Comment c'est possible, je suis abasourdi.

- Disons que j'ai eu une deuxième chance et elle s'appelle Cooper.

Kermit se retourne vers son nouveau compagnon et lui caresse le torse en signe d'affection.

Bon, moi je connais le spécimen, mais si quelqu’un rentrait dans la pièce à ce moment-là, je pense qu'il serait un peu choqué de voir un type se caresser le torse avec sa main fourrée dans une chaussette verte.

- Qu'est-ce que tu me veux ? je lui demande mais j'ai quand même ma petite idée.

- Te remercier.

- Hein ?

- Tu as très bien entendu, malgré nos différends, je souhaite te remercier car si j’en suis là aujourd'hui c'est beaucoup grâce à toi.

Alors là, je suis sur le cul.

Ou il me prend pour un con et ça le fait marrer de se foutre de ma gueule avant de me trouer la cervelle ou Cooper a dû lui faire un truc vraiment spécial quand il a fourré sa main dans son ... corps ?

Je le laisse parler.

- J'ai changé tu sais, Cooper m'a changé. Il m'a ouvert les yeux, il m'a donné gout à la justice.

- Ok, donc tu t'es rangé et fais respecter la loi ? Je suis sceptique.

- Je suis ambitieux Lapin, je lui ai juste montré comment faire régner l'ordre, en allant plus vite, plus fort et plus loin.

- Mais comment on a pu te laisser les pleins pouvoirs, c'est quoi l’enculerie ?

- J'ai su convaincre... Disons que j'ai trouvé les bons mots au bon moment.

- Ouais, en recrutant des ex-agents de « L'équipe » ?! Faire apparaitre des lance-roquettes et des canards, on n’apprend pas ça a l'école de police.

- Bref, aujourd'hui on approche du zéro pourcent de criminalité dans la ville, les gens sont en sécurité. Il n’y a plus de place pour un " justicier masqué qui dérouille la racaille".

Comme je te l'ai dit, si j'en suis là, c'est grâce à toi et j'aimerais que tu rejoignes les rangs des forces de l'ordre.

- Pardon ? Tu veux que je bosse pour toi ?

- Pour ta ville Lapin, pour protéger et servir ta ville.

Ce matin je me suis levé, je la sentais pas cette journée, j'ai pas de sixième sens, j'ai pas trop de flair, mais je ne sais pas pourquoi, je me suis dit que j'allais vraiment passer une journée d'enculé.

- Ok j'accepte, je lui dis fièrement.

- Tu fais le bon choix Lapin, me répond Cooper tandis que Kermit esquisse un sourire de satisfaction.

- Combien ? je lui demande.

- Combien ? Quoi combien ?

- J'accepte le poste mais faut y mettre le prix, je suis pas un bleu moi, j'ai de l'expérience, le salaire est de combien ?

Kermit regarde Cooper un peu gêné, les chiffres ça doit pas trop être son domaine.

- 1300 net avec voiture de fonction, arme de service et tickets resto de 9,80 U.

La négo’ commence. Je suis pas du genre à me faire pigeonner.

- Non, non, 1800 avec voiture de fonction, tickets resto, arme de service et munitions à volonté.

- N'importe quoi ?! C’est 1300.

- Ok bon ... 1700 et je paie mes munitions.

- 1300.

- 1600 les gars, pas en dessous, je suis encore sur le marché, y'en a dix comme vous qui rêverez de m'embaucher.

- 1300.

- Bon ok pour 1300... Mais je garde mon costume de lapin.

Kermit regarde Cooper qui hausse des épaules.

- Qu’est-ce que tu veux que je te dise, je ne peux pas t'empêcher de t'habiller en lapin, tu as quand même passé un entretien d'embauche avec une chaussette verte en forme de grenouille... Et pour te prouver toute ma reconnaissance, j'ai fait libérer ton amie Lucy et abandonner toutes les charges contre elle.

Oh le con, il a pas fait ça !

- Bahh… fallait pas...

Putain je suis deg'.

- Et elle est libre depuis quand ? je demande timidement.

- Depuis hier matin, ne me remercie pas, c'est aussi grâce à elle si j'en suis là.

Quand je disais que c'était une journée d'enculé...

Cooper ouvre son tiroir, sort un holster avec un flingue dedans, un insigne accroché à une chaine, des clés de bagnole et pose tout l'attirail sur son bureau.

Ma nouvelle vie ne se tient qu’à quelques centimètres.

Je me lève, enfile le holster, dégaine le flingue et le remets dans son étui.

La classe, putain.

Cooper sourit de me voir, comme un enfant devant son nouveau jouet.

Je dégaine à nouveau le flingue.

Le pointe sur Cooper et tire.

La balle traverse son front et va se loger dans le portrait de sa femme et son fils, accroché au mur désormais tapissé de sang.

Cooper s'effondre dans son fauteuil.

- Putain, Cooper ! hurle Kermit.

Personne n'achète Lapin.

Il tend son cou, plutôt le bras de Cooper et s'accoude sur le bureau.

- T'es foutu, tu ne sortiras jamais d'ici vivant ! C’est bourré de flics !

Je pose le flingue, attrape mon sac, fourre ma main dedans et enfile Ed qui devait se faire drôlement chier le pauvre.

Je m'accoude à mon tour sur le bureau, le crâne dans ma main droite et fais face à Kermit.

- C'est quoi ce truc ?

- Je te présente Eddy the Head.

Kermit reste con, il ne s'attendait pas à ça.

Accoudé sur le bureau comme deux champions de bras de fer, Ed et Kermit se défient.

-Tsssss, fait Kermit

-Rrrrrrr, lui répond Ed tout en claquant des dents.

Kermit se penche sur le côté, Ed le suit du regard et effectue une feinte de corps sur la droite, tente de le croquer mais Kermit esquive.

Il plisse les yeux, remue lentement la tête, évalue tranquillement la situation.

Ed ouvre légèrement la bouche en donnant des petits coups en avant.

Je tape brusquement ma main gauche sur la table, Kermit se retourne tandis qu’Ed se jette sur lui et l'attrape à pleine bouche.

Je tire mon bras d'un coup sec et arrache la tête de Kermit du corps sans vie de Cooper.

- Mâche bien ! j’ordonne à mon champion de crâne.

Ed le dévore et recrache des petits bouts d'os, de chairs et de chaussettes sur le bureau ensanglanté.

Cette fois, Kermit est mort et bien mort.

Le téléphone de service de Cooper sonne.

- Merde ! On nous a entendus ! On est foutu, je suis affolé.

- Ben répond, me dit Ed recrachant les derniers restes.

Je le pose sur le bureau, je fais des vocalises pour m'éclaircir la voix.

J'attrape le téléphone.

- Mr Cooper ? Tout va bien ? C’était quoi ce bruit ? me demande un agent.

Je tente d'imiter la voix du chef.

- Euh... non ce n’est rien, je suis tombé de mon fauteuil, tout va bien.

- Vous nous avez fait peur, on aurait dit un coup de feu.

- Un coup de feu ? Euh... non, bien sûr...

Je réfléchis deux secondes, regarde Ed. Je tente un truc.

- Dites-moi, j'étais sur les chiffres du mois et franchement vous avez bien bossé !

Ed me regarde, pas vraiment rassuré, je hausse les épaules.

- Merci Mr Cooper, me répond le gars ravi.

- Ecoutez, pour vous remercier de vos résultats, je vous donne à tous, votre journée.

- Comment ça ? L’agent est surpris.

- Oui, vous avez bien bossé, la ville est de toute façon en sécurité, je vous ai réservé à tous des places pour "Plouf City" pour cette après-midi.

- Quoi "Plouf City" ? Le grand parc aquatique ?

- Oui, c'est à quelques kilomètres de la ville mais si vous partez maintenant vous aurez largement le temps d'en profiter.

- Super ! Merci Chef ! Hey les gars vous avez entendu ?! Le flic est en folie, le reste des agents applaudissent et hurlent de joie.

Je raccroche.

Ed me fixe. Je colle mon oreille à la porte et entends une vingtaine de pas sortir du bâtiment.

Ça a marché.

Putain ça va me couter un bras cette histoire.

Mon portable sonne à son tour. Lucy.

- Oui ?

- ...

- Ok j'arrive.

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